Dans son livre paru une première fois en 1940 « Hitler m'a dit » Hermann Rauschning, ancien président du Sénat de Dantzig reproduit un entretien avec Hitler au cours duquel celui-ci s'est expliqué sur la finalité de ses constructions de la manière suivante : « c'est pour ma nouvelle architecture que je donne au peuple la preuve directe de ma volonté de tout transformer. Cette volonté se reportera des édifices sur les hommes. Notre architecture est à l'échelle de notre caractère : il existe une correspondance entre l'homme et les locaux dans lesquels il passe sa vie, exécute son travail ou goûte son loisir. Ce n'est qu'à la grandeur et à la pureté de nos constructions que le peuple peut mesurer la portée de nos desseins. Je n'aurais pas pu commettre de pire erreur que de commencer par des cités et des maisons ouvrières. Tout cela viendra par la suite. Cela va de soi. Un gouvernement bourgeois ou marxiste aurait pu s'en contenter. Mais seul un parti comme le nôtre était capable de restituer liberté et grandeur au plus noble de tous les arts. » L'architecture et les réalisations urbaines représentent le moyen par excellence pour exprimer l'idéologie du national-socialisme dans toutes ses composantes et est également l'outil de prédilection de la propagande. Chez Albert Speer, Hitler trouve un collaborateur dévoué et prêt à réaliser ses projets les plus fous. Speer voue une admiration sans bornes pour Hitler. Il partage également ses motivations pour le gigantisme architectural il s'agit pour lui par des constructions immenses « de donner à un peuple la conscience de sa valeur ».
Ainsi, les réalisations sont surtout des projets on peut voir d'abord en quoi ces projets épousent dans toutes ses formes l'idéologie national-socialiste avant de s'intéresser ensuite au projet concret prévu notamment pour la ville de Berlin.
[...] Le hall s'il avait été construit aurait pu accueillir personnes. Sur trois côtés, son image aurait été renvoyée par de vastes plans d'eau, pour accroître encore l'impression de grandeur et de majesté féerique. Dans le projet, Speer réduisit considérablement la hauteur du socle cubique du dôme du grand hall, ajouta des tours aux quatre coins, surmonta l'ensemble d'une coupole parabolique et plaça sur la façade principale deux statues de quinze mètres de haut portant respectivement un globe terrestre et le symbole du ciel. [...]
[...] Le visiteur serait ensuite, en continuant sa route vers le Nord écrasé de stupeur par la succession de bâtiments surdimensionnés .Dès lors, seuls des bâtiments et des changements dans la trame des villes d'une ampleur immense n'avaient d'intérêt pour Hitler. Des réalisations seulement grandioses n'auraient pas ce pouvoir de stupeur. Joachim Fest dans son livre Albert Speer évoque la déception de l'architecte de Hitler ayant visité la basilique Saint Pierre à Rome : cette basilique et son grand dôme n'était pas assez impressionnante pour constituer le monument centre de la religion catholique. [...]
[...] L'esprit du temps aspirait à dépasser les limites techniques précédentes. Ainsi les plans d'urbanisme pour Moscou, le projet de gratte-ciel conçu par Mies van der Rohe pour la Friedrischstrasse de Berlin ou les gratte-ciel de New York et Chicago témoignent de cette volonté de surpassement. Seulement pour la première fois cette mégalomanie technique répond à une volonté de domination du monde et des masses et non à une utopie sociale de progrès technique et économique. Ainsi dans son entretien avec Adelbert Reif, Albert Speer évoque la différence entre les bâtiments nationaux socialistes et les bâtiments de prestige modernes. [...]
[...] Cette volonté se reportera des édifices sur les hommes. Notre architecture est à l'échelle de notre caractère : il existe une correspondance entre l'homme et les locaux dans lesquels il passe sa vie, exécute son travail ou goûte son loisir. Ce n'est qu'à la grandeur et à la pureté de nos constructions que le peuple peut mesurer la portée de nos desseins. Je n'aurais pas pu commettre de pire erreur que de commencer par des cités et des maisons ouvrières. [...]
[...] Dans son projet, Hitler ne s'appuyait donc pas sur les exemples des réalisations précédentes mais sur ceux des grandes civilisations passées. L'architecture devait en fait retrouver l'ambition démesurée de ces époques les plus fastes de l'histoire. Hitler se représentait Berlin comme une ville dont l'image serait dominée par les bâtiments de la puissance étatique, symbole de valeurs intemporelles comme Reich la communauté nationale De tels édifices étaient la preuve pour Hitler qu'une nation pouvait produire une authentique civilisation L'architecture permettait aussi d'asseoir la domination de l'Allemagne sur l'Europe et le Monde. [...]
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