Antoni Gaudi i Cornet est né le 25 juin 1852, à Reus, dans la province de Tarragone. Il fait ses études secondaires chez les pères des Escuelas Pias à Reus puis s'installe à Barcelone en 1869 où il étudie à l'Institut d'Enseignement Moyen et à la Faculté des Sciences avant d'entrer, en 1873, à l'Ecole Provinciale d'Architecture de Barcelone. Son fondateur, Elies Rogent i Amat, y rend la lecture obligatoire du Dictionnaire raisonné de l'architecture française du XIe au XVIe siècle publié dès 1854 par Viollet-le-Duc, que Gaudi étudie assidûment. Une partie du cours de Rogent était ainsi consacrée à l'étude des théories de l'architecte français et surtout son message, à savoir que l'étude des formes architecturales du passé ne relève pas d'une attitude passéiste, mais se révèle comme le moyen le plus sûr de s'affranchir du poids de ce passé en recherchant par quels moyens techniques avaient été trouvées les solutions répondant aux besoins spécifiques de l'époque. Gaudi sera ainsi fortement marqué par le rationalisme français durant ses années d'étude. Il obtient son titre d'architecte en 1878.
Déçu par les restaurations de Viollet-le-Duc à Saint-Sernin de Toulouse, qu'il visita lors d'un voyage dans le sud-ouest de la France, Gaudi prend alors un parti décisif pour son avenir. Combattant l'archéologie, il défend l'idée d'une renaissance de l'art médiéval.
Cette recherche de Gaudi est portée par le contexte économique et culturel en pleine expansion de la Catalogne. La province espagnole catalane, dont la langue et les traditions avaient déjà été réhabilitées par la « Renaixança » à l'époque romantique, voit apparaître un formidable essor économique grâce aux innovations industrielles et aux relations entretenues avec les colonies américaines. Barcelone voit sa population croître rapidement et abrite une bourgeoisie qui ne cesse de s'enrichir. Ce contexte économique créé des conditions favorables à un épanouissement intellectuel et culturel, axé principalement sur une quête d'identité catalane.
La préparation de l'Exposition Universelle de 1888 sera la porte ouverte au Modernisme, terme utilisé pour désigner l'Art Nouveau catalan. Gaudi ne participe pas à cette exposition universelle bien qu'il ait déjà contribué à l'embellissement de la ville dès 1879. S'inscrivant dans cette quête d'identité catalane, Gaudi, rattaché au milieu catholique traditionaliste, a pour référence les XIIIe et XIVe siècles catalans, tout particulièrement l'art mudéjar, c'est-à-dire l'art chrétien influencé par l'art musulman du temps de la Reconquête. Ses premières réalisations architecturales en porteront la marque, comme la villa El Capricho (1883-1885) à Comillas, dont la tour fait immédiatement penser à un minaret.
Cependant, Gaudi, loin d'imiter le style mudéjar, le réinterprète, prélevant ça et là des éléments qu'il associe et remonte selon ses propres critères, sans véritable souci d'unité stylistique. Cette étape importante de la vie de Gaudi est marquée par la reprise de la Sagrada Familia en 1883. Il évolue alors vers un art de synthèse où architecture et décor fusionnent. Dans la Sagrada Familia, Gaudi fait clairement référence à la cathédrale synthétique de Louis-Auguste Boileau, qui souhaitait réunir le plan de Saint-Pierre de Rome, l'élévation de Chartres et l'espace de l'Alhambra. On retrouve tous ces composants à la Sagrada Familia, dont la coupe n'est qu'une méditation sur celle publiée par Boileau en 1853. Gaudi parvient cependant mieux que Boileau à combiner structure et ornement dans une unité totale.
Cette évolution permanente des conceptions architecturales vers un art toujours plus audacieux atteint son apogée avec la Casa Batlló commencée en 1904. Cette réalisation, unique, synthétise toutes les recherches de Gaudi sur l'alliance de la structure et du décor, des influences médiévales et l'emploi des matériaux et techniques modernes et innovantes. Commandée par un riche industriel, José Batlló i Casanovas, la Casa Batlló est en réalité un réaménagement de la maison datant des années 1870, comme en témoignent les fenêtres rectangulaires aux étages supérieurs. Gaudi avait ainsi pour mission d'agrandir et de moderniser l'ensemble, satisfaisant les désirs de son commanditaire d'allier un commerce au rez-de-chaussée et son propre logement au premier étage.
[...] Enfin, les tons employés pour les carreaux de la cheminée du premier étage nous font penser à trois des éléments primordiaux, à savoir, l'eau, la terre et le feu. Mais la couleur ne se trouve pas uniquement sur les céramiques. Les vitraux colorés jouent également un rôle très important dans la conception de la Casa Batllό. Les grandes baies du bow-window sont ainsi agrémentées de vitraux colorés dans leur partie supérieure, tout comme les autres fenêtres et portes de l'édifice, de façon à créer une atmosphère propice à la détente. E. [...]
[...] Etude de la Casa Batllo de Gaudi Sommaire Introduction I. Une architecture organique A. Le caractère organique chez Gaudi B. Les autres réalisations organiques de Gaudi C. Parallèles avec d'autres artistes II. L'importance de la couleur A. La couleur dans la Casa Batllό B. La couleur dans l'oeuvre de Gaudi C. Parallèles avec d'autres artistes III. [...]
[...] Gaudi était sans cesse à la recherche de la perfection. Reprenant constamment les études de ses monuments (plus de vingt-huit fois pour la façade du Palau Güell), Gaudi pouvait passer des années sur un même projet avant d'obtenir satisfaction. En ce sens, on peut le comparer à un autre génie, Léonard de Vinci, qui mit quatre ans à achever le portrait de la Monna Lisa par exemple. Bien sûr, l'oeuvre de Gaudi ne laissait pas les critiques indifférents. Si certains relèvent le génie formel, la fantaisie et l'invention décorative de l'architecte, la plupart des comptes-rendus de l'architecture gaudienne sont empreints de condescendance amusée ou sceptique allant parfois jusqu'au mépris le plus total. [...]
[...] On peut donc constater que Gaudi semble travailler de manière indépendante, isolée. En effet, ses réflexions sur le rôle de la couleur dans l'architecture ne trouvent que peu d'écho auprès des architectes de son temps. I. Gaudi, un génie ou un fou? A. Un projet difficile à se faire accepter Lorsque Josep Batllό i Casanovas fait appel à Antoni Gaudi, il souhaitait que l'architecte remanie entièrement sa maison, édifices sûrement des plus monotones et conventionnels de la région. Le dépôt, en 1901, d'une autorisation de démolition et de construction d'un bâtiment entièrement neuf témoigne ainsi de la grandeur du projet envisagé par le client. [...]
[...] Les ondulations de cette dernière qui vont en diminuant à mesure que l'on s'élève dans les étages traduiraient alors les mouvements de la houle méditerranéenne venant mourir aux pieds de la Vierge. La conception hélicoïdale des cheminées et la combinaison des siphons avec les abat-vent qui les coiffent évoquent des masques de guerrier dotés de fentes pour les yeux. Mais on trouve des antécédents organiques dans certains décors antérieurs au Park Güell, à la Casa Batlló ou à la Casa Milá. [...]
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