Reconnu comme l'un des principaux théoriciens et professeurs d'architecture de la seconde moitié du XVIIIème siècle, Etienne Louis Boullée (1728-1799), eut un rôle considérable dans l'évolution de cet art ; notamment auprès des élèves de l'Académie royale d'architecture. Ce disciple de J.B. Pierre, J.F. Blondel et J.L. Legeay, dont l'œuvre graphique fut étudiée en particulier par E. Kaufmann, apparaît comme l'un des tous premiers architectes témoignant de l'art idéal de l'époque des Lumières.
Ses écrits et dessins furent rapidement oubliés dès la mort de l'artiste, malgré le legs qui en fut fait à la Bibliothèque nationale en 1793 (environ une centaine de magnifiques dessins, accompagnés du manuscrit de son Essai sur l'art ; enfin publié en 1968).
Dans la tradition sensible des préceptes révolutionnaires de son contemporain Ledoux, « philosophe architecte » comme lui, Boullée concrétise une nouvelle esthétique, présentée à l'écrit dans son Essai sur l'art, fondé sur l'interprétation critique des sources néo-classiques (la nature et l'antique). A partir d'une réflexion rationaliste et des tendances sentimentales de l'art, Boullée invente une sorte de « dramaturgie » de la création architecturale vouée à la formation civique des citoyens et, par voie de conséquence, à leur bonheur.
[...] Les images qu'ils offrent à nos sens devraient exciter en nous des sentiments analogues à l'usage auquel ces édifices sont consacrés Le titre, Architecture, essai sur l'art, est un programme. Boullée, dans son traité, parle de l'architecture en tant qu'art, thèse qu'il développe aussi dans son premier chapitre intitulé Introduction : L'architecture est un art par lequel les besoins les plus importants de la vie sociale sont remplis. Tous les monuments sur la terre propres à l'établissement des hommes sont créés par les moyens dépendants de cet art bienfaiteur. [...]
[...] Il y montre que l'architecte doit employer des volumes simples, car ils sont les seuls que l'œil puisse saisir aisément. De tous les corps stéréométriques, la sphère a sa préférence, non seulement à cause de sa perfection géométrique, mais aussi parce que la lumière et les jeux d'ombre, sur sa surface, sont source de variétés : si la variété nous plaît dans ce qui constitue la figure des corps, elle nous plaît aussi dans les effets produits par la lumière ».Composer la lumière et l'ombre un domaine jusqu'alors réservé à la peinture est introduit par Boullée en architecture. [...]
[...] Précoce, dans le goût à la grecque apaisé, certains décors architecturaux demeurent encore parmi les plus beaux du style distingué des dernières années du règne de Louis XV : chapelle du transept de Saint Roche (1759) ; lambris des hôtels d'Evreux (palais de l'Elysée), de Tourolle (rue du Faubourg Saint Honoré), de l'hôtel Alexandre, rue de la Ville l'Evèque (1763). Essai sur l'art Auteur : Etienne Louis Boulée. Ecrit entre 1780 et 1790. Manuscrit et grands dessins illustrant ses projets légués en 1793 à la république française. - Première édition de son traité, commentée et réalisée en anglais par Helen Rosenau en 1953. - Réédition complétée par une étude sur l'influence de Boulée en 1976. - Publication en français en 1968 livre de poche de Jean-Marie Pérouse de Monclos. [...]
[...] Conclusion Boullée a en quelque sorte survécu à sa théorie. Ses projets s'adressaient à une société à venir. On y trouve un stade aux dimensions olympiques modernes, une église dans laquelle le Panthéon de Soufflot tiendrait à l'aise, un opéra dont la coupole reste un casse-tête pour les ingénieurs civils d'aujourd'hui, comme aussi les portes de villes, un muséum, un palais de justice, le cénotaphe de Newton, un temple de la raison en qui la Révolution plaçait des espoirs irréalisables. [...]
[...] Adolf Max Vogt, qui a décrit ces créations, a montré que les œuvres de Boullée sont à la fois des projets d'architectures et des peintures : A partir de la valeur projectuelle du dessin se développe une valeur iconique qui peut se suffire à elle-même, en dehors de toute intention de projet Il n'était pas inhabituel non plus, à l'époque de Boullée, que des projets soient montrés dans des expositions de peintures. De plus, Boullée eu une tout autre idée de l'architecture que ses prédécesseurs, tant au point de vue artistique qu'intellectuel. A travers ses dessins pas dans sa théorie il prêta à l'expression graphique un rôle nouveau ; là où Alberti conseillait des maquettes non peintes afin d'éviter toute illusion, il créa des images tellement suggestives qu'on se croirait devant les relevés et les vues d'une architecture réelle. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture