Auguste ne se lassait pas de répéter qu'il laissait une « Rome de marbre » là où il n'avait trouvé qu'une « Rome de briques ». La mise en oeuvre de la terre, un des quatre éléments dans la culture gréco-romaine, crue ou cuite, est ainsi souvent opposée à celle de la pierre, très souvent mieux considérée. Depuis le Paléolithique et, de manière plus visible en archéologie, surtout depuis le Néolithique, la terre constitue un matériau de choix dans la construction en Europe et dans le monde. C'est encore aujourd'hui un matériau majoritaire dans de nombreux pays. Seule ou associée à d'autres matériaux, elle est utilisée dans tous les types de construction : dans l'habitat, les bâtiments culturels et funéraires, et même dans le génie civil (...)
[...] C'est encore aujourd'hui un matériau majoritaire dans de nombreux pays. Seule ou associée à d'autres matériaux, elle est utilisée dans tous les types de construction : dans l'habitat, les bâtiments culturels et funéraires, et même dans le génie civil. Pourtant, face à ce matériau universel, l'archéologue est, dans un premier temps, quelque peu dépourvu : la terre crue tend à retourner à la terre et seule la cuisson modifie irréversiblement la composition du matériau, permettant sa conservation à long terme. [...]
[...] A Cuiry-les-Chaudardes, la terre est associée au bois pour devenir un mur, à Condé-sur-Suippe elle entre dans la composition du rempart, tout comme à Bibracte où elle est associée au poutrage interne et au parement du murus gallicus. A Rome et Pompéi, elle entre dans la composition des insulae sous forme de brique. Selon Jordanès, historien des Goths au VIe siècle, le palais même d'Attila était en bois et en terre. Le baptistère de Fréjus l'associe à la pierre. La terre est donc mise en oeuvre de multiples façons : crue, cuite, seule ou en association, en creux ou en élévation, elle est incontournable dans la construction. Elle y tient plusieurs rôles. III. [...]
[...] Pour fabriquer des briques de terre crue, il faut d'abord laisser décanter l'argile pour la purifier, la fouler, parfois la mélanger à d'autres éléments, la mettre en forme, soit à la main, soit à l'aide d'un moule sans fond puis la faire sécher. Ces gestes sont le plus souvent connus par comparaison ethnographique avec les techniques mises en œuvre en Afrique du Nord ou en Orient. Le rempart d'Apollonia d'Illyrie est ainsi bâti. Pour la terre cuite architecturale, il faut y adjoindre la cuisson, l'étape la plus savante. [...]
[...] A l'époque romaine, les légions avaient parfois le monopole de la fabrication des tuiles et briques, telles que la légion VIII Augusta, stationnée Strasbourg ou la légion XXI Rapax à Vindonissa, étudiées par Y. Le Bohec. L'estampille, présente sur chaque objet. marque la production du sceau de la légion. Le matériau pouvait aussi être difficile à transporter : l'édit du. Maximum de Dioclétien limite la charge des charrettes a 50o kg ; la construction d'un édifice nécessite donc des centaines de charrois. Parfois, c'est l'extraction même du matériau qui fait l'objet d'une redevance, d'un contrat ou d'un droit d'usage restreint. [...]
[...] Elle est mise en oeuvre, en tant qu'adobe, selon plusieurs techniques. En bauge, elle est coffrée pour monter des murs réguliers ; en pisé, elle est de même utilisée seule en élévation, alors qu'en torchis hourdé sur poteaux ou sur clayonnage, elle est associée au bois et aux végétaux comme l'a étudié A. Dandrau eh Grèce par exemple. On ne retrouve parfois que les solins de pierre car les sablières basses en bois et les superstructures ont disparu, comme à Sesklo et Dimini, deux tells néolithiques. [...]
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