Antoine Picon, polytechnicien et ingénieur des Ponts et chaussées est également architecte et docteur en histoire. Naviguant entre ces différents secteurs, il a notamment publié Architectes et ingénieurs au siècle des Lumières, Claude Perrault, La curiosité d'un classique, De l'espace au territoire. On peut alors comprendre sa volonté, en 1998, de publier un essai reprenant les travaux menés par le groupe de recherche coordonnée d'architecture d'Infrastructures de l'ENSA Versailles et du Laboratoire Techniques, territoires et sociétés de l'ENPC au sujet de la ville territoire contemporain. Son propos consiste à établir des logiques dans le chaos qu'elle semble être et d'y comprendre la place du cyborg, hybride d'homme et de machine, a priori habitant à son image. Le ton de l'ouvrage est donné dès le sommaire où les chiffres associés au chapitre sont donnés en numérotation binaire (0, 1, 10, 11, 100). Il définit d'abord le cyborg et son regard sur la ville contemporaine, puis les paradoxes engendrés par ce nouveau rapport homme/machine dans le chapitre « le pouvoir et l'impuissance », il se tourne ensuite vers les caractéristiques du cyborg et de la ville territoire qui amènent un certain futur, un certain habitus. Son dernier chapitre « La mort de la technique » est plus « noir » et apporte des réserves quant à l'évolution qui semble se profiler.
[...] Quand Koolhaas parle de lobotomie à propos des gratte-ciels de Manhattan, il s'agit de la négation du contenu en façade. C'est le même processus. Un passé est donné aux cyborgs, des souvenirs empruntés de manière à ce qu'il puisse s'autoréguler, contrôler ses émotions comme la ville justifie son évolution par rapport aux réminiscences de son histoire. C'est pourquoi les répliquant chérissent tant les photos anciennes. Aujourd'hui, comme le souligne Antoine Picon, les objets brocante sont un véritable marché en plein essor ; cela suit cette même logique. [...]
[...] Il place la ville dans une nuit brumeuse qui projette la perspective des bâtiments. C'est la ville vide de Blade Runner. Ce vide rend possible la perpétuelle gestation de Manhattan. La crise de 1929 permet aux architectes (Raymond Hood, Harvey Wiley Corbett ) de théoriser la culture de la congestion dont le paroxysme est le Chrysler Building de William Van Alen. Koolhaas prend l'exemple du bloc de l'hôtel Waldorf Astoria qui sera remplacé par l'Empire State building, pour résumer les différentes phases de l'urbanisme de Manhattan. [...]
[...] Le plan voisin est en fait le négatif bâti/non bâti des blocs de New York. Dalì découvre un Manhattan qui se refuse à devenir moderne, comme le montre son culte pour les bribes du passé, et Le Corbusier juge que la ville n'est pas encore moderne. On retrouve ici le paradoxe de la modernité dans le film Blade Runner. Doctrine consciente Dans le dernier chapitre, Koolhaas donne des exemples de la 4e phase du Manhattanisme : doctrine consciente et appliquée. La métropole est un monde entièrement fabriqué par l'homme selon ses désirs. [...]
[...] Le premier plan est une vue éloignée de Los Angeles, de nuit. Ses composants se distinguent par leurs illuminations qui se mêlent à des dégagements de feux, comme ceux des puits de pétrole. Cette vision dramatique joue sur les contrastes et nous laisse d'entrée croire que la ville du futur n'a pas su se protéger des risques de la mégalopole phagocytant les différents territoires urbains sans conscience d'un développement propice à la vie humaine. Cet hiatus des sociétés industrialisées et technocrates, dont les fabrications s'opposent à leurs créateurs est un thème commun à Blade Runner et à la Ville territoire des cyborgs. [...]
[...] (Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques écrit en 1966 par Philip K.Dick (1928-1982). Ce Californien, maître dans les écrits de Science-fiction représente tout le paradoxe du genre : connu surtout après sa mort, il fut trop en avance pour la société américaine aux réminiscences hippies. Particulièrement paranoïaque et maniaco-dépressif, ses théories d'homme-cyborg, l'androïde, sont semble-t- il, nées des psychoses liées à ses malheurs (mort de sa jumelle à 1an, divorce de ses parents, abandon de son père, dégradations des relations avec ses femmes successives, drogues, Dans Do Androids Dream of Electric Sheep le personnage principal accepte la mission d'être un Blade Runner et d'exécuter 6 androïdes rebelles dernière génération, les Nexus-6 afin d'avoir assez d'argent pour remplacer son mouton artificiel par un vrai, témoin d'ascension sociale. [...]
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