Bains chinois Samson Nicolas Lenoir boulevard des Italiens
Samson-Nicolas Lenoir, dit Le Romain (1733-1810) est un important architecte français de la seconde moitié du XVIIIe siècle. En 1751, il suit des cours dans l'atelier de Jacques-François Blondel. Lenoir a notamment construit des immeubles, des hôtels, des théâtres, de salles de danse en Bourgogne et à Paris. L'activité de Lenoir est révélatrice des transformations morales de son époque, il consacre le meilleur de son oeuvre à des lieux de sociabilité et de plaisir. En 1787, Lenoir construit l'établissement des Bains chinois qui se situe au 29 boulevard des Italiens, à l'angle de ce boulevard et de la rue de la Michodière. Il abritait des bains mais aussi un restaurant, un café, un cabinet littéraire et un magasin de mode. Il a été détruit en 1853. A Paris, on peut voir que les bains publics sont très tôt associés à l'orientalisme.
D'où la question : pourquoi ce bâtiment est-il influencé par l'architecture traditionnelle chinoise et comment cette influence se traduit-elle dans l'édifice ?
[...] Les bains chinois ouvrent au public en septembre 1788. Après la construction de l'édifice, deux balcons ont été rajoutés en 1788. Un acte conservé aux Archives de Paris montre qu'en 1788 Rapin et Compagnie, entrepreneurs de bains orientaux demandent au Bureau de la Ville, pour perfectionner le décor du bâtiment dans lequel sont établis les bains orientaux, la permission de faire poser sur les deux pavillons décorant chaque côté du bâtiment une galerie ou balcon saillant sur le boulevard . [...]
[...] L'établissement de bains lui-même se déploie dans le pavillon central et dans les deux ailes. En bordure de la cour, des cabines de bains aux plans droits irréguliers s'articulent autour d'un chemin passant derrière elles. Sur la gauche et la droite, on peut penser que ce sont des chambres qui peuvent aussi servir de salle d'attente, de stockage ou d'abriter les dispositifs techniques. Elles occupent moins de place sur la gauche que sur la droite. On sait que les Bains chinois offrent 50 cabinets particuliers pour les hommes et 25 pour les femmes, plusieurs étant garnis de lits. [...]
[...] Les deux figurines sous le toit de cette terrasse marquent l'entrée des deux ailes, celles des hommes et celle des femmes. Soit il s'agit de deux magots qui s'abritent sous des parasols chinois soit un magot chinois occupe le piédestal droit, tandis que celui de gauche représente un Oriental en tailleur, reconnaissable à son turban et sa robe. Ces statues figurent encore sur la petite lithographie de 1840, mais on ne les voit plus sur une gravure de Martial-Potémont datée de 1849 (fig5). [...]
[...] L'arrière de la grotte avait été aménagé comme un bain. Les grottes rocheuses du bain chinois ont ainsi pu servir à rafraîchir l'eau, et se prêtent donc d'origine à la fonction de bain. Le bâtiment est aussi abondamment décoré de chimères, de clochettes, de lanternes et de caractères chinois fantaisistes, même si tous ces nombreux éléments décoratifs n'ont probablement pas tous été réalisés. Avec le jeu du vent, les clochettes devaient tinter. Lenoir a copié William Chambers pour les lanternes chinoises dans le hall, par exemple. [...]
[...] L'impression de symétrie que l'on a en regardant la façade rappelle l'architecture chinoise traditionnelle qui elle-même met l'accent sur la symétrie et sur la dimension horizontale de l'édifice. La terrasse entre les deux ailes est couverte par un toit qui repose sur huit petites colonnes. Une sorte de hall est formé. Le toit est orné de dragons et de drapeaux. Une corniche à laquelle des cloches sont accrochées fait le tout du toit. Le toit surélevé permet de mieux voir les peintures d'en dessous. Il semble que la voûte soit ornée d'un ciel bleu peuplé d'oiseaux et de dragons. [...]
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