Tous deux issus du continent américain, de part et d'autre de la frontière séparant le Mexique des Etats-Unis, les artistes Diego Rivera (1886-1957) et Sol Lewitt (né en 1928)ont en commun le support de leurs œuvres : le mur. En effet, les deux hommes vont produire des fresques ou wall drawings monumentaux, dans des optiques pourtant très différentes, le premier revendiquant sa « mexicanité », et le second l'art conceptuel, comme nous le verrons plus tard.
Quels liens les œuvres des muralistes Rivera et LeWitt entretiennent-elles avec l'architecture sur laquelle elles sont conçues ?
[...] Mes structures sont en général de simples versions tridimensionnelles de séries fondamentales ou de systèmes sériels ; d'autres sont des structures géométriques élémentaires LeWitt s'inscrit donc dans la lignée de Duchamp et de l'art conceptuel, c'est-à-dire qu'il privilégie la conception à l'apparence, la réalisation au résultat. L'art conceptuel consacre la création en elle- même. Ainsi, pour lui, tout le cheminement intellectuel du projet (esquisses, études ) a plus de valeur que l'objet présenté. La couleur, la surface et la forme ne font qu'accentuer les aspects physiques de l'œuvre. [...]
[...] Cependant, c'est pour cette même raison que ces fresques remettent en question l'assujettissement de l'art à l'architecture, puisque l'art ne réside pas dans la peinture elle-même, qui dépend de son support mural, mais dans son concept, qui lui est indépendant de toute architecture. Par ailleurs, certains Wall Drawings donnent une impression de profondeur, formant de Wall Drawing #1042 Isometric form, Sol Lewitt (peinture acrylique) tandis que Diego Rivera le fait par l'intermédiaire d'une mise en abîme de ces deux domaines (art et architecture). [...]
[...] Cependant, les œuvres de ces artistes transcendent cette remise en question, puisque Rivera est un artiste engagé, et que Sol Lewitt est théoricien de l'art conceptuel. Comme la majorité de leurs contemporains, ils interrogent la limite entre l'art et l'architecture, sans pour autant se limiter à ce questionnement, ce qui explique la richesse de leurs œuvres, et la reconnaissance mondiale de leurs talents respectifs. Bibliographie: - Rivera, Andrea Kettenmann - http://users.skynet.be/pierre.bachy/muralisme-mexicain.html - http://www.cnac-gp.fr/education/ressources/ENS-minimalisme/ENS- minimalisme.htm - http://www.vivamexico.info/Index1/DiegoRivera.html - Groupes, Mouvements, tendances de l'Art contemporain depuis 1945, Mathilde Ferrer (2001) Zapata, péons (stéréotypes du paysan mexicain), conquistadors, hommes politiques, ouvriers et révolutionnaires. [...]
[...] Nous nous intéresserons tout d'abord aux raisons ayant motivé le choix du support mural, puis au lien entre les fresques et les bâtiments dans lesquelles elles s'intègrent, avant de définir le rôle de ces œuvres dans la remise en question du rapport entre artistes et architecture. Le choix du support mural s'explique par plusieurs raisons. Dans le cas de Diego Rivera, il s'inscrit dans une tradition remontant à l'époque précolombienne, où Toltèques puis Mayas pratiquaient déjà l'art de la fresque. L'artiste, marqué dans sa jeunesse par le patriotisme révolutionnaire qui a caractérisé le début du XXe siècle mexicain avec des héros nationaux tels que Pancho Villa et surtout Zapata, revendique son identité en revenant aux sources indigènes. [...]
[...] Le choix du support mural se trouve donc justifié, puisque le mur est une surface moins limitée que la toile, cernée d'un cadre, et illustre donc mieux sa théorie selon laquelle l'œuvre est la matérialisation d'une idée, qui pourrait se développer à l'infini Par ailleurs, le parcours de Sol Lewitt est étroitement lié à l'architecture, puisque c'est auprès de l'architecte I.M. Pei qu'il travailla comme graphiste après ses études d'art. Le choix du support mural est donc motivé par les parcours personnels et les idéologies respectives des deux artistes. Les œuvres de Diego Rivera ne sont pas situées dans des lieux anodins. En effet, on retrouve ses fresques dans des ministères, de nombreux musées dont le musée national, dans le palais présidentiel et celui de Cortès ou encore dans des théâtres. [...]
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