Dans le présent commentaire il s'agira d'étudier le livre devenu référence de Françoise Choay, « L'Urbanisme, utopies et réalités ». Consciente qu'il s'agit d'un ouvrage majeur de l'urbanisme moderne qui continue d'inspirer aujourd'hui, j'ai choisi de le relire suite au cours de Philippe Gresset sur l'histoire de l'urbanisme européen de 1830 à nos jours. Il m'a permis d'en faire une synthèse et de comprendre les répercussions et réappropriations des grands courants de l'urbanisme moderne. Ecrit en 1965, alors que la réflexion sur la ville était au point mort, dans une volonté d'établir une interprétation de l'histoire de l'urbanisme depuis la ville industrielle née de l'emprise du capitalisme sur nos sociétés occidentales, il reste pertinent aujourd'hui, car ouvrant sur ce que devrait être l'urbanisme sans en proposer de modèle pré-défini.
L'auteure y constitue une anthologie non exhaustive de textes fondateurs relatant d'urbanisme du début du XIXe siècle à 1964, écrits par 37 acteurs des courants de pensée qu'elle évoque et analyse dans une introduction « l'Urbanisme en question ». Le fait architectural n'y est toutefois pas abordé.
[...] Les théories ne percent pas car trop indéfinies. Dans le débat urbanistique depuis 2 siècles, l'opposition progressisme/culturalisme (nous mettrons les naturalistes un peu à part, non pas parce que leur mouvement n'importe pas mais car ils n'ont pas été assez considérés) serait peut-être à faire évoluer. C'est ce que laisse entrevoir mystérieusement l'auteure à la fin du texte. Aux théories progressistes elle répond : Ainsi la nouvelle ville devient en même temps que le lieu de la production la plus efficace, une sorte de centre d'élevage humain à l'horizon duquel se profile, menaçante, l'image analytique du père castrateur de ses enfants Le modèle progressiste, le seul qui semble réellement prendre comme support la réalité urbaine des villes industrielles, oublie qu'habiter ne se résume pas à un rapport d'utilisation. [...]
[...] Pour l'heure, l'étude des villes est faible et n'aboutira qu'à très peu de réalisations concrètes : elle est soit descriptive, avec une approche scientifique et détachée, soit polémique, critique et normative considérant la ville comme un processus pathologique. Parmi les polémistes, des humanitaires (hygiénistes, hommes d'Église . et des politiques tel Engel qui établira le concept de Désordre de la ville. En naissent deux modèles de ville future selon Françoise Choay : un modèle progressiste et un modèle culturaliste. Les penseurs progressistes tels Owen, Fourier, Richardson, Cabet, Proudhon s'empreignent de rationalisme et admirent les sciences techniques qui leur confèrent un certain optimisme en l'avenir. [...]
[...] On est passé du signe au signal. Revenons quelque peu en arrière: c'est à Rome aux XVe et XVIe siècles que l'antiquité trouve sa première tentative de systématisation, de protection, de glorification. Cette phase antiquisante "fabrique" un "référent" qui donne du sens à la société qui s'en réclame le descendant. Le monument historique naît, lui, au cours de la Révolution française de 1789. C'est certainement Louis-Aubin Millin qui le premier utilise ce terme en 1790, afin de protéger certains bâtiments dont l'histoire appartient à toute la nation. [...]
[...] Malgré toutes ces qualités, on lui préfère Leonardda Vinci, par exemple, c'est dire si sa notoriété est encore à venir . Son influence est loin d'être négligeable: si la traduction en français de De re a edificatoria en 1453, soit un an après l'édition en latin, est difficile à lire pour les Français des XVIIIe, XlXe et XXe siècles car la langue du traducteur Jan Martin n'est pas la leur, les intellectuels connaissaient la version latine. Et on peut s'amuser à suivre le destin de ce texte dans les divers écrits sur l'architecture, depuis sa parution Jusqu'à nos jours, mais je doute qu'un texte aussi difficile ait été médité par beaucoup d'architectes. [...]
[...] C'est cette pratique du "temps avec", avec les autres, avec soi, qu'il nous faut reconquérir, afin d'échapper à l'illusion et à l'illusoire! L'architecture pourrait être un moyen de se réapproprier du temps, de spatialiser des temps différents, d'habiter un lieu. Bien souvent, avec complaisance, elle épouse la mode sans en mesurer les effets déshumanisants. A côté de cela, les nouvelles technologies sont plus rapides que notre imagination et la science politique ne progresse pas. Tous ces éléments entravent cette "récupération" de la réalité que je mentionnais tout à l'heure. [...]
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