Au travers d'un exemple, celui de Pierre IV d'Aragon et III de Catalogne, et de ses palais, Araguas va tenter de démontrer l'influence du commanditaire sur l'œuvre d'art. Pierre IV, surnommé « Le Cérémonieux », est en effet connu pour s'investir énormément dans tout ce qui concerne l'élaboration et l'embellissement de ses résidences royales, par le biais de lettres officielles, ou en choisissant consciencieusement les maîtres d'ouvrage et d'œuvre.
La problématique de l'article est de déterminer quel sens les princes « bâtisseurs » ont voulu donner à l'espace qui consacre leur autorité, au travers de l'exemple le plus significatif : Pierre IV d'Aragon, dit Le Cérémonieux.
Les résidences royales traduisent ainsi l'idéologie du roi concerné, grâce à la matière. L'architecture et les arts en général, deviennent un outil de propagande de la puissance et du pouvoir que le roi possède. Ces palais imposent un certain ordre et hiérarchisent également l'accès au prince ou roi (grâce aux couloirs de circulation, à la structure des salles officielles, par exemple), et montrent comment un roi peut façonner un lieu à son image.
Dans une première partie, nous allons donc voir comment les travaux entrepris dans ces palais se mettent au service du pouvoir royal, notamment ceux de Pierre Le Cérémonieux, puis de quelle manière le roi s'investit dans les aménagements de ses appartements privés, à travers l'architecture et la décoration.
Nous reviendrons enfin sur les motivations réelles de cet engagement et sur la bibliographie utilisée pour la rédaction de ce commentaire.
[...] Problématique et plan. I. Les résidences royales : illustration du pouvoir de Pierre IV A. Travaux d'embellissement et d'agrandissement, au service du pouvoir. B. Les salles officielles. II. Un souci de confort : aménagements des parties privées A. L'architecture. B. La décoration : une véritable implication du roi dans les moindres détails. Conclusion Bibliographie Introduction A. [...]
[...] Pierre IV montre ici une réelle volonté d'adapter l'édifice à sa conception du pouvoir royal. Il en tire d'ailleurs son surnom de Cérémonieux. Plusieurs documents attestent cette préoccupation. Il commande ainsi 19 statues d'albâtre, représentant ses prédécesseurs, dès 1342 (comtes de Barcelone et derniers rois d'Aragon). En 1346, il fait construire un édifice en bois à l'entrée du palais et des orangers, pour les auditeurs. En 1381, il ordonne encore un agrandissement, à cause du nombre croissant des fonctionnaires royaux[11]. [...]
[...] Il appelle aussitôt plusieurs maîtres d'ouvrage à venir sur place pour apprendre ces techniques, notamment celle de la boveda tabicada[13], voûte catalane. Cette ordonnance royale devient alors l'acte de naissance d'une technique qui deviendra majeure à l'époque moderne (fin XVIII° siècle). Ceci témoigne d'une curiosité peu commune chez les princes du Moyen Âge, pour les solutions architecturales. La mondialisation de cette technique exalte d'ailleurs le pouvoir et la puissance du roi et du royaume d'Aragon. Pierre IV se soucie également de ses autres résidences, et surtout de leur entretien. [...]
[...] La salle du troisième niveau de la Torre del Trovador est une salle décorée dans le style mudéjar[18]. Le style mudéjar est un style hybride alliant les techniques de l'art musulman aux édifices construits par les chrétiens. En architecture, il se compose d'arcs outrepassés, d'arcatures aveugles, de clochers en forme de minarets, d'arabesques, de plafonds à caissons marquetés. Les murs sont blanchis mais des documents attestent que Pierre le Cérémonieux aimait se déplacer avec ses tentures, tapisseries et mobilier. Les documents prouvent aussi que le roi avait de vraies exigences de collectionneur et d'esthète[19]. [...]
[...] La tour est volontairement exclue des espaces publics et devait sûrement être réservée aux familiers et au roi. Les salles supérieures de cette tour n'étaient donc pas des salles officielles mais pas non plus simples salles, au regard des fragments de décor peint et des dimensions des salles. La salle du troisième niveau par exemple, une grande salle d'environ 13m x 10m, est divisée en six travées à peu près identiques. Elles correspondent entre elles par des ouvertures couvertes en arc en plein cintre outrepassé. [...]
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