Storytelling, la machine à fabriquer des histoires et à formater les esprits - Christophe Salmon

Thèmes abordés

Storytelling, la machine à fabriquer des histoires et à formater les esprits - Christophe Salmon, storytelling, marketing, NTIC

Résumé du document

Ironie du sort ou chose inéluctable, « Storytelling, la machine à fabriquer des histoires et à formater les esprits », rédigé par Christophe Salmon ( écrivain et chercheur au CNRS : Centre de recherches sur les arts et le langage ), raconte, comme son titre l'indique, l'histoire du storytelling ou de ce qui pourrait se traduire littéralement par « l'art du récit ». Mais l'aspect généralisateur du titre de cet essai cache en réalité sa complexité. Outre son récit historique, l'auteur démontre l'efficacité, mais aussi les méfaits du storytelling pour ensuite exposer ses applications avant d'observer ses implications. Que ce soit à l'échelle de l'entreprise ou à celle de la nation, Christophe Salmon ne cesse de multiplier les exemples concrets pour appuyer ses thèses tout en fournissant les diverses sources nécessaires à la vérification des faits. De l'analyse des discours de l'ancien président américain R. Reagan à l'étude des call-centers, la diversité des cas donne une idée de l'étendue du storytelling dans nos sociétés modernes.

Extraits

[...] Toutefois il est important de préciser que le but même du storytelling management réside dans le fait de contrôler la mise en récit de l'entreprise pour en retirer les bénéfices escomptés. C'est aussi à ce moment que des gourous du management tel que Steve Denning deviennent célèbres. Dans le chapitre 3 Christophe Salmon dépeint les trois éléments constitutifs du néomanagement des années 2000 : l'injonction au changement Le management des émotions L'intervention des histoires dans la gestion de ce moi émotionnel. [...]

[...] Reagan à l'étude des call-centers, la diversité des cas donne une idée de l'étendue du storytelling dans nos sociétés modernes. Il était une fois, dans les années 1990, la naissance du plus grand coup marketing de la décennie : le storytelling. Plus que l'appellation d'introduction, le début de cet essai mérite davantage d'être considéré comme un condensé de l'œuvre intégral. Long de 20 pages, ce condensé regroupe ainsi de manière partielle presque tous les aspects qui seront développés par la suite. [...]

[...] Ce dernier prend la forme de sept chapitres dans lesquels, respectivement, l'on trouvera comme thèmes : le marketing ; l'invention du storytelling management ; les trois éléments constitutifs du néomanagement des années 2000 ; le lien entre nouvelle organisation du travail et storytelling ; l'influence du storytelling sur les discours politiques ; le rapprochement entre le Pentagone et Hollywood et enfin le storytelling, ou la propagande invisible. Le chapitre un peut se résumer par l'évolution suivante : du produit au logo, puis des logos aux stories (p.18). En effet, c'est par la crise du produit, puis par celle du logo, que le cheminement vers les stories a pu s'opérer. [...]

[...] Ici, on teste les soldats en les plongeant dans diverses histoires dans l'objectif est d'étudier leur capacité d'adaptation à chaque situation. Cette représentation virtuelle de la guerre est aussi utilisée dans le recrutement puisque America's army, un jeu vidéo créé en 2002 est au final chargé de recruter pour la guerre réelle (p.158) en incitant les jeunes recrues par le biais d'une initiation ludique. Enfin, plonger des individus dans des scénarios virtuels peut aussi avoir un aspect curatif. Christophe Salmon évoque par exemple les soldats rapatriés en Amérique après la guerre d'Irak. [...]

[...] D'autres exemples inquiétants viennent appuyer cette thèse de la réalité- fiction. Ainsi, on nous parle de la chaîne Fox News, où essayer d'y trouver une information réelle serait un véritable défi (p.180). Ou encore, les sujets pouvant nuire aux politiciens en place en Amérique ( dans le livre, on évoque l'écologie ) sont écartés de l'espace public. Pour cela, on fait appel à Jeff (p.184), qui se charge lors des conférences de presse de faire diversion chaque fois que les journalistes posaient des questions sur des sujets gênants (p.184). [...]