La délocalisation du sport en France, objectifs, avantages et inconvénients

Résumé du document

« Un sport meurt s'il n'évolue pas et n'attire pas de nouveaux partenaires » Alain SMADJA (Président de la Ligue Nationale de Handball)

Depuis quelques années, un phénomène nouveau s'est emparé du monde sportif, de plus en plus de clubs ou de ligues délocalisent leurs rencontres dans des enceintes qui ne sont pas les leurs.

Au delà de l'événement, la rencontre sportive délocalisée permet au sport de diffuser son image au delà de la zone de chalandise habituelle. Les équipes et/ou les sportifs se déplacent généralement en raison des besoins d'une population suffisante, pour un soutien financier ou parce qu'une ville offre un plus grand marché local ou un stade plus grand. La délocalisation d'une équipe de sport est souvent controversée par les opposants qui critiquent les propriétaires de laisser les supporters pour compte. C'est notamment le cas du RCT qui à joué, samedi dernier (17 Avril 2010), son 3ème match au stade Vélodrome depuis 2009.

D'autre part certaines délocalisations visent la conquête de marchés nouveaux, à l'étranger. Ces campagnes de « séduction » auprès des marchés étrangers sont souvent décidées par les ligues ou les clubs avec pour principal objectif d'augmenter les ventes de droit tv, les capacités d'accueil, promouvoir le sport dans un nouveau lieu comme par exemple la finale de la Coupe de la Ligue de handball qui a eu lieu en Floride ou encore le trophée des champions de foot qui aura lieu cet été et pour la deuxième fois consécutive hors des frontières françaises (2009 à Montréal, 2010 à Radés)

Enfin, contrairement aux exemples de délocalisations « choisies » évoquées ci-dessus, ils existent aussi certaines délocalisations que l'on qualifiera de « délocalisations subies » : On peut évoquer comme exemple le Paris-Dakar qui depuis 2 ans se déroule en Amérique du Sud pour des raisons de sécurité ou encore le match de qualification pour la coupe du monde 2010 entre l'Egypte et l'Algérie qui a eu lieu au Soudan pour des raisons d'équité sportive.
Dans notre étude nous allons laisser de côté ces délocalisations subies pour se recentrer et tenter d'expliquer les enjeux des délocalisations choisies, les raisons de leur succès ou de leur échec.

Nous allons particulièrement nous intéresser à 2 cas précis à savoir :

- Le Racing Club Toulonnais, club de rugby de Toulon évoluant dans le Top14 et ayant délocalisé 3 de ses matchs au Stade Vélodrome depuis l'an dernier. On parlera ici d'une délocalisation « courte » puisque le club, ne se déplace que d'une soixantaine de kilomètres.
Nous verrons que ce type de délocalisation répond à une logique bien précise avec des enjeux propres, enjeux politiques, enjeux « marketo-sportif ou encore « enjeux économique avec notamment la « transformation » et l'exploitation du stade comme un outil de développement économique a part entière.

- La Ligue Nationale de Handball qui a en charge l'organisation du championnat professionnel de Handball en France. Les dirigeants de cette ligue ont décidé de délocaliser les phases finales de la coupe de la ligue 2008/2009 à Miami en Floride. On parlera ici d'une délocalisation « longue ».
Cet exemple répond quant à lui plus à une volonté de promotion du sport sur des marchés nouveaux et nous évoquerons l'importance de bâtir une solide stratégie de marque pour le succès de ces délocalisations.

Extraits

[...] Le RCT et les clubs qui délocalisent le font donc parce qu'elles veulent exploiter le stade comme un outil économique et profiter de ce nouveau modèle économique qui est présent dans plusieurs disciplines sportives. Pour quelques clubs, l'enjeu des délocalisations est donc très important sur un plan économique "immédiat" en apportant un public plus nombreux donc des sponsors et des médias supplémentaires et donc des recettes en plus. Les enjeux politiques : Les délocalisations du RCT ne répondent pas uniquement aux importants enjeux économiques vus précédemment. [...]

[...] Comment atteindre ces objectifs? Selon le modèle suivant, le développement d'une discipline grâce au haut niveau se présente comme un cercle vertueux, où l'on distingue trois étapes agissant les unes sur les autres à tour de rôle : La qualité du produit (le spectacle sportif) Le marché du sport professionnel (valeur en fonction de l'offre et de la demande) Les ressources (permettant un nouvel investissement) Développement de la discipline par le haut niveau : Pour atteindre son objectif, la ligue a donc décidé de ''vendre'' son Final Four à New World Sport Enterprises (NWSE) afin que cette société (spécialisée dans l'organisation et la promotion d'événements) agisse directement sur la qualité du spectacle sportif. [...]

[...] En comparaison, les droits télés de la saison 2008/2009 représentent 2 millions d'euros sur une saison entière. Ces ne sont donc pas dérisoires pour une compétition qui comporte 2 jours de compétitions et 3 matchs. Les droits télés de ces phases finales ont été accordées à Eurosport et France 4. Sportivement, il a été convenu que les demi-finales et la finale se joueraient à Miami alors que les matchs qualificatifs, eux, se joueraient en France. Les équipes qualifiées étant Montpellier, Istres, Chambéry et Paris. [...]

[...] Pour Toulon, la solution marseillaise et son Vélodrome se trouvent à soixante-cinq kilomètres. Pourquoi délocaliser ? La complexité de cette question réside dans le fait que chaque délocalisation a des enjeux propres. En ce qui concerne le cas du RCT, les enjeux des délocalisations au Stade Vélodrome sont de 3 ordres : - Un enjeu économique avec l'exploitation du stade vélodrome comme outil de développement. - Un enjeu politique en affichant une certaine autonomie face à la mairie de Toulon propriétaire du Stade Mayol. [...]

[...] On peut dire d'une part que la qualité du spectacle offert par les clubs sportifs français est un facteur de délocalisation. En effet cette qualité de l'offre de spectacle sportif voit émerger une politique de matches de gala suscitant un intérêt beaucoup plus important de la part du public et étant, dans certains cas, délocalisés. Pour la saison 2008-2009, les enceintes du Top 14 avaient toutes un taux de remplissage supérieur à 70% ! (taux de remplissage total proche de 80%). [...]