Juin 2009 : le virus de la grippe H1N1 fait ses premières victimes en Amérique latine. Partie d'une infection bovine au Mexique, elle se répand vite sur le monde entier. Provoquant dans un premier temps un discours alarmiste des médias et des autorités politiques, pour qui la vaccination est le seul moyen d'éviter une pandémie grave, c'est bien vite la désimplication des citoyens que cette « grippe porcine » fait naître. Quelques mois après l'annonce du gouvernement selon laquelle la commande des vaccins a été passée, les « Non au Vaccin contre la Grippe A » recouvrent les affiches placardées par le Ministère de la Santé préconisant la conduite à tenir pour éviter l'infection. Preuve évidente de la résistance des Français à l'urgence proclamée de la situation, cette attitude qui pourtant relève d'un problème de santé trouve deux sources fondamentalement différentes : premièrement, les Français sont de plus en plus méfiants envers les discours médiatiques et des autorités, et cette « résistance » pourrait s'expliquer par un phénomène de société; secondement, cette réaction n'étant apparue que pour la première fois dans le domaine de la santé, c'est également une question de contingence comportementale qui est ici soulevée. Et c'est précisément sur cette étude du comportement que porte la réflexion qui suit : pourquoi refuser de se faire vacciner contre un virus qui pourtant fait des victimes à travers le monde ? Quelles sont les raisons qui poussent à une telle inertie ? La faute revient-elle à une mauvaise communication du gouvernement ou des médias ?
[...] Les raisons ayant poussé les citoyens à ne pas se faire vacciner sont multiples. On retient notamment : L'efficacité du vaccin : l'apparition d'effets secondaires constitue en effet un frein à la prise du vaccin, autant pour le consommateur adulte que pour les parents qui pensent faire vacciner leurs enfants. Une faible perception du risque de contamination, notamment due au fait que leurs proches ne sont pas concernés. En effet, selon les études des interrogés seraient prêts à changer d'avis (à se faire vacciner) si l'un de leurs proches était contaminé. [...]
[...] Il est particulièrement important de comprendre pourquoi les messages de santé publique ont été boudés par les citoyens. Les Français ont en effet été désemparés par l'affluence de messages contradictoires en provenance des médias, des pouvoirs publics, des professionnels de santé oscillant sans cesse entre pessimisme et banalisation. Des doutes se sont donc installés concernant la nécessité de se faire vacciner, mais aussi concernant la sûreté des vaccins. L'adhésion des citoyens à la campagne a donc diminué au fil du temps, révélant une certaine crise de confiance des citoyens à l'égard de l'Etat. [...]
[...] Ce n'est que par la suite que l'approche négative du vaccin est apparue, suite à de nombreuses manifestations d'effets secondaires. C'est cette seconde vision négative qui a conduit une partie de plus en plus grande de la population française à décider de ne pas se faire vacciner[2] : Choix : En l'occurrence, le choix est limité à un seul vaccin, celui qui est recommandé par le Ministère de la Santé. Dans le cas des personnes qui décident de se faire vacciner, l'échéance est de nature exogène : la date de vaccination est imposée par le CNAMTS (Caisse Nationale d'Assurance Maladie des Travailleurs Salariés)[3] : Evaluation post-décisionnelle : Parmi les personnes ayant décidé de se faire vacciner, ceux ayant subi des effets secondaires graves (l'Afssaps fait état d'un total de signalements d'effets indésirables cas de mort intra-utérine et 5 cas de fausse couche) ont pu éprouver le regret d'avoir fait ce choix. [...]
[...] Un manque de crédibilité du vaccin dû à la rapidité de sa conception et de sa divulgation. Un manque de croyance envers les messages divulgués par les pouvoirs publics, alimenté par la certitude que l'intérêt des pouvoirs publics diverge de celui des citoyens. Modèle prédictif des comportements de vaccination : Modélisation prédictive du comportement de vaccination : Commentaire du modèle : Concernant les facteurs influençant la prédisposition à se faire vacciner, nous avons relevé les vecteurs d'information (médias, entourage, professionnels) : ce sont eux qui influencent directement les Français dans leurs choix. [...]
[...] Favoriser l'auto-information (site internet avec méthode d'évaluation personnelle de risque et l'auto-décision). Conclusion : Pour la première fois de son histoire, la France a dû faire face à un virus inconnu jusqu'alors : celui de la grippe H1N1. Les pouvoirs publics, en vertu du principe de précaution, ont cru qu'il s'agirait d'une crise sanitaire de grande ampleur. Or, une très faible part de la population française a consenti à se faire vacciner contre la grippe H1N1, en dépit des moyens financiers, logistiques et humains particulièrement importants déployés par l'Etat. [...]
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