consommateur, Grand Magasin, Révolution Industrielle, grand magasin, industrialisation
Si les événements politiques sont souvent les clefs de voûte de la périodisation en Histoire, l'analyse des processus économiques et sociaux mettent en perspective une nouvelle approche des sociétés. Ainsi, les mutations économiques survenues de la fin du XVIIIème siècle jusqu'à l'expiration du XXème marquent une des étapes les plus importantes de l'Histoire des sociétés européennes dans un premier temps, puis de celle de l'humanité toute entière.
Ces séismes économiques sont constamment passés au crible de l'historien dans leur acception individuelle, cependant une approche plus globale a reconnu la période comme celle de la Révolution Industrielle.
L'emploi du substantif Révolution au sens contemporain du terme est pertinent dans la perspective où le processus enclenché a une part irréversible, presque irrésistible qui a engendré de nouvelles sociétés.
[...] Mais le raisonnement fonctionne à la seule condition que les ventes en très grande quantité soient réalisées. Or, la petite boutique a pour fonction d'écouler la production de l'industrie, et de l'agriculture, le client vient à la marchandise selon ses besoins. La nouvelle mission du grand magasin sera donc de stimuler la demande. Pour cela, de nouveaux leviers sont mis en place. D'audacieuses techniques de vente Aristide Boucicaut se met au diapason de époque en flairant la manne de la consommation. [...]
[...] Les plus récalcitrants au nouveau commerce ne peuvent toutefois négliger les événements mondains qui s'y déroulent. Car des récalcitrants, il y en a. Dans la mesure où le grand magasin tend à rendre accessible aux bourses bourgeoises les articles de la consommation ostentatoire aristocratique, les couches les plus élevées se bornent à se payer le luxe des boutiques si chères. Pour toucher le monde bourgeois, les articles proposés sont donc un savant mélange entre l'émulation aristocratique et des produits entrant en symbiose avec les valeurs propres de la bourgeoisie : le confort et le demi luxe qui ne donnent pas la désagréable sensation d'avoir dilapidé un patrimoine chèrement accumulé. [...]
[...] Néanmoins, rappelons que 41 des 52 rayons de 1906 restent consacrés au vêtement. À l'époque, les spécialités se déclinent presque à l'infini entre le tissu au mètre, la passementerie, la bonneterie (qui concerne la vente des sous-vêtement de femme et non des couvre-chefs de ces messieurs), la ganterie, la chapellerie, la pelleterie Toutes ces techniques sont fructueuses, le volume des ventes dépasse les millions en 1906 au Bon Marché. A cette époque, les homologues et concurrents du Bon Marché ont fleuri, mais ils ne le rattrapent pas , Le Louvre, fondé en 1855 en était à 152 millions, tandis que la Samaritaine née en 1869, Le Printemps créé en 1865 et les Galeries Lafayette dernière sont loin derrière. [...]
[...] Nous retrouvons donc un système de fonctionnement à plusieurs vitesses. D'un côté il y a les employés travaillant directement dans le commerce, ceux-là jouissent des avantages du paternalisme mais connaissent bien des déboires et des frustration. Mais leur situation reste enviable par rapport aux subalternes dans le fonctionnement qui sont souvent encore payés à la journée ou à la tâche. De l'autre côté, il y a ceux qui ont réussi à gravir quelques échelons de la hiérarchie. Ceux-là seulement incarnent véritablement l'esprit du grand magasin qui s'employait à rendre ses employés de plus en plus acceptables socialement. [...]
[...] Une fois le recrutement opéré, un travail de conditionnement des employés était assuré. La proximité entre le propriétaire et les vendeurs avait disparue, il fallait donc donner le sentiment aux nouveaux employés d'être étroitement surveillés afin qu'ils soient toujours consciencieux. Le travail a été réglementé, tourné vers l'idée de qualité de service à offrir au client. De plus, l'instauration de la guelte fut un puissant moteur à la professionnalisation des employés. Le vendeur, touchant un pourcentage des ventes réalisées venait ainsi substantiellement arrondir son salaire qui était souvent trop modeste pour bien vivre. [...]
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