L'apparition de Madame Michu dans l'imaginaire collectif remonte aux années 60, en plein âge d'or de la consommation de masse. Madame Michu, c'est en quelque sorte la femme, la sœur ou la mère du Français moyen. Plus communément appelée la ménagère de moins cinquante ans, elle est aujourd'hui encore une cible marketing essentielle. En effet, étant pourvue d'un pouvoir d'achat considérable, elle incarne à elle toute seule un marché. C'est elle qui détermine les dépenses du ménage, « qui pousse le caddie », et qui choisit les programmes à la télévision. Charles de Gaulle avait tenté de décrire ce concept publicitaire en 1965 : « regardons ce qui se passe dans une maison : la ménagère veut avoir un aspirateur, un réfrigérateur, une machine à laver et même, si possible, une automobile. Ça, c'est le mouvement. Et en même temps, elle ne veut pas que son mari aille bambocher de toutes parts, que les garçons mettent les pieds sous la table et que les filles ne rentrent pas la nuit. Ça, c'est l'ordre ! La ménagère veut le progrès, mais elle ne veut pas la pagaille ».
[...] C'est une star, car c'est elle qui tient les cordons de la bourse dans les foyers, régnant ainsi sur les achats de grande consommation comme l'alimentaire ou l'entretien. En France, selon Médiamétrie, les ménagères de moins de cinquante ans représentent 10,9 millions d'individus, dont de femmes âgées de 15 à 24 ans de femmes de 25 à 34 ans, et 57,6% de 35 à 49 ans. Selon l'édito du site internet www.lamenagere.net, la ménagère est une force politique, économique, culturelle. Femme sans frontières, elle est multicouleurs, multilangues et citoyenne du monde. [...]
[...] La présentatrice Estelle Denis le répète d'ailleurs souvent : Un vrai sujet de société qui nous concerne tous c'est la question du jour et c'est vous qui le dites etc. D'où l'utilisation récurrente de micros-trottoirs pour récolter le témoignage de gens ordinaires et authentiques. Ce nouveau traitement de l'information a notamment fait basculer des émissions culturelles telles que celle de Bernard Pivot, Bouillon de Culture, d'une tranche horaire avantageuse (21h30 sur Antenne 2 à l'époque) à une autre, moins populaire (à 22h50). [...]
[...] Dom me répond : La dénomination des ménagères de moins de cinquante ans a été initialement choisie par ironie (et autodérision). Oui, nous la trouvons réductrice à deux niveaux, déjà parce qu'elle n'est souvent utilisée qu'à titre péjoratif, ensuite parce qu'elle ne correspond strictement à rien. ( ) Le terme même de ménagère de moins de cinquante ans est négatif, on imagine tout de suite une grosse femme, mal fagotée (un peu à l'image de celle qui cartonne sur Britain's got talent bigoudis sur la tête, regardant Derrick, ou les Feux de l'Amour. [...]
[...] Premier bon point : du cast En effet, la ménagère (désignée comme telle dans les bureaux du groupe Canal J et Gulli) aime retrouver des acteurs et actrices français connus, afin de s'identifier plus facilement. Et, plus simplement, qui dit cast dit en principe bon téléfilm. Le scénario tient en une ligne : Christine et Roland doivent s'aimer en secret, car leurs enfants respectifs sont mariés. Deuxième bon point : une histoire d'amour entre quinquagénaires. L'identification se fera donc tout naturellement. [...]
[...] L'histoire est celle d'une petite fille qui fait croire à un recruteur que sa mère est morte afin que son père décroche le poste. Une comédie familiale et romantique qui plaira aux mères comme à leurs filles. Les téléfilms français ou européens sont toujours appréciés dans la programmation, quotas obligent. Cependant, une fiction comme Love Express, téléfilm suisse avec Mathilda May, qui avait pourtant les avantages d'être une comédie love a été refusée par la chaîne du groupe Lagardère. En effet, l'un des critères essentiels de la politique de sélection de programmes est de plaire à la ménagère tout en sachant que sa progéniture peut être présente à ses côtés pendant la diffusion Impossible, donc, de diffuser un téléfilm dont le cadre principal est une croisière pour célibataires, dont les passagers utilisent à maintes reprises un langage grossier, sans parler des quelques scènes osées qui relèveraient l'attention des enfants curieux ! [...]
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