L'approche de "Population Ecology" (écologie de population), née dans les années 1970, est issue du courant américain de la sociologie des organisations, en réaction à ce que l'on appelle la théorie de contingence. Cette approche postule que la recherche ne devrait pas se limiter à observer des organisations ou groupes d'organisations isolés pendant des phases plus ou moins longues de leur cycle de vie, mais qu'il faudrait étudier des populations entières d'organisations. Ce n'est qu'à travers cette méthode d'observation qu'il sera possible d'obtenir des informations fiables sur les relations entre les processus internes des organisations et leur environnement. Hannan et Freeman (1977; 1989) comptent parmi les pionniers de cette théorie. Une conséquence en est la création de banques de données qui fournissent des données homogènes et comparables pour des ensembles d'organisations. Ils démontrent que les hypothèses économiques et écologiques sont complémentaires.
Ainsi, la question que pose l'écologie des populations est la suivante : le nombre de créations ou de disparitions d'entreprises, la taille de la population d'organisations, l'intensité concurrentielle ont-ils des effets sur la probabilité qu'a une entreprise de survivre?
[...] Les routines sont d'ailleurs opaques aux acteurs eux-mêmes qui peuvent être incapables d'expliquer le fonctionnement des routines et d'en fournir une justification organisationnelle (Cohen et Bacdayan, 1994). Pour beaucoup d'acteurs, les routines ont perdu leur sens originel ou même une quelconque signification clairement définie. Routines, histoire et apprentissage Les routines sont les traces organisationnelles de l'histoire de l'entreprise (Levitt et March, 1988). Elles sont dépositaires d'une histoire, d'une connaissance, d'une manière de se comporter propres à l'organisation et elles servent de mémoire organisationnelles. Les routines résultent d'un apprentissage (Miner, 1994). [...]
[...] Qu'est-ce que l'économie de l'évolution ? On y trouve des idées stimulantes avancées par des économistes de l'Université de Stanford, comme Paul David, Bryan Arthur et Kenneth Arrow. Toutefois, les travaux de Nelson et Winter et particulièrement leur ouvrage "An Evolutionary Theory of Economic Capabilities and Economic Change", publié en 1982, servent de base fondatrice. Les recherches en économie de l'évolution constituent une remise en cause de l'orthodoxie de la théorie néoclassique de la firme. L'économie de l'évolution, postule en effet : - l'existence d'une rationalité limitée et de capacités cognitives limitées des gestionnaires, - la recherche de la satisfaction plutôt que celle de l'optimisation, - la recherche d'informations beaucoup plus limitée, - la présence d'un apprentissage organisationnel. [...]
[...] La prise en compte de ces travaux pourrait prendre 40 à 50 ans. Nous n'en sommes qu'au début. Par exemple, Khaneman a montré que les études en psychologie traitant de la rationalité chez les êtres humains réfutent un nombre d'hypothèses trop rationalistes. La mobilisation de l'écologie des populations a permis d'aboutir à d'importants résultats concernant la compréhension de la variété organisationnelle et des relations entretenues entre organisation et environnement (Hannan et Freeman ; Aldrich ; Nelson et Winter ; Astley et Van de Ven ; McKelvey et Aldrich ; Singh et Baum, 1994). [...]
[...] Winter (1994) propose de différencier l'écologie des populations des théories évolutionnistes en ce que les premières insistent sur l'immobilisme organisationnel tandis que les secondes sont plus sensibles à la notion d'adaptation par changement incrémental. L'adaptation n'est pas passive comme dans le modèle darwiniste mais active, ce qui rapproche la théorie évolutionniste d'un lamarckisme organisationnel. Cependant, la théorie de l'évolution organisationnelle, si elle croit possible un changement organisationnel, se hâte aussi d'en préciser les limites dans la mesure où l'organisation n'est pas d'une plasticité infinie. [...]
[...] Cette automaticité des routines, acquise par répétition, les rend naturelles. Les routines sont intériorisées, elles deviennent à la suite de ce processus l'état naturel de l'organisation et se caractérisent ainsi par l'oubli de leur origine "artificielle" et apprise. Les routines sont donc fondées sur des interprétations du passé plutôt que sur des anticipations du futur (Levitt et March Weick, 1991) et guident le comportement de l'organisation (Levitt et March Cohen et Bacdayan, 1994). Routines et fonctionnement organisationnel Cyert et March (1963), Levitt et March (1988), Nelson et Winter (1982) ont posé que le comportement d'une organisation était fonction de ses routines. [...]
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