Pas moins de neuf États ont reçu dernièrement une mise en demeure visant à ouvrir leur marché des jeux d'argent à la concurrence. Il s'agit de la France, le Danemark, la Finlande, l'Allemagne, la Hongrie, l'Italie, les Pays-Bas, la Suède et l'Autriche. Ces nations en situation de monopole se défendent en présentant les externalités négatives économiques et sociales qu'engendrerait l'ouverture de ce marché.
[...] Les représentants des principaux casinos (Barrière- Accor, Partouche, Moliflor loisirs, Tranchants, etc.) expliquent que cette ouverture créera un cadre légal clair pour que le marché ne soit pas envahi par les escrocs De l'autre côté, Christophe Blanchard-Dignac, le directeur général de la FDJ réplique en argumentant qu' il n'est pas dans l'intérêt ni des joueurs ni de la société de multiplier sans limites l'offre des jeux, en raison des effets pervers qu'entraînerait une telle situation L'argument économique des casinos s'oppose à l'argument sociologique de la FDJ. Alors que doivent faire ces pays ? Se plier à la volonté de l'Europe ou continuer à imposer leur monopole sur les jeux d'argent ? Les pays en situation de monopole ont peur de perdre beaucoup d'argent (par le biais des impôts directs) en ouvrant le marché, car les retombées indirectes ne sont pas assurées. [...]
[...] D'un autre côté, comment s'en sortent les pays qui ont ouvert le marché des jeux d'argent à la concurrence ? L'Angleterre qui a depuis longtemps ouvert ce marché impose aux organismes oeuvrant dans ce domaine de s'acquitter d'une licence pour exercer en toute légalité leur activité. Licence qui permet de recenser ainsi le nombre de ces organismes à qui on impose d'être le plus transparent possible. De plus, L'État prélève des parts plus faibles, mais plus nombreuses assurant ainsi la prospérité de l'économie de leur nation, car il laisse plus de revenus aux entreprises. [...]
[...] C'est pour cette raison essentielle que ces pays défient la Commission européenne et maintiennent leur monopole sur les jeux d'argent. Cette version reste néanmoins officieuse, car d'autres raisons officielles sont mises en avant. La France comme les nations en situation de monopole avancent donc d'autres arguments. D'abord que ce régime des paris et jeux français offre à la fois un contrôle strict de l'offre et une canalisation de la demande. Puis, pour eux, ouvrir ce marché favoriserait la dépendance aux jeux d'argent, mais surtout, faciliterait énormément le blanchiment d'argent. [...]
[...] Le gouvernement se dit officiellement être favorable à une ouverture maîtrisée du marché des jeux d'argents français. Paris entend ainsi limiter les problèmes d'addiction et d'ordre public. Selon la commission européenne, cette réflexion sur la dangerosité des jeux de hasard est ridicule, puisque Paris autorise les campagnes publicitaires du PMU et de la Française des jeux. Outre cet aspect social, l'enjeu est évidemment financier, la France est-elle prête à céder les rentes versées par les organismes de jeux français ? [...]
[...] En revanche la libre concurrence sur ce marché révèle quelques points négatifs. C'est le cas en République tchèque où l'ouverture du marché des jeux d'argents a été accompagnée d'une montée de la criminalité ainsi que d'une dépendance aux jeux exacerbée. L'Allemagne a aussi connu quelques problèmes, car l'apparition des bookmakers privés des courses de chevaux a fait chuter toute la filière hippique et équestre. Si le marché des jeux d'argent doit être ouvert, il doit être accompagné rigoureusement pour éviter les points négatifs. [...]
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