Abbé de Saint-Pierre, projet pour la paix, ambassadeur français, relations internationales, guerre de succession
Il s'opère à l'entrée du XVIIIème siècle en Europe et plus particulièrement en France un véritable bouleversement des consciences marqué par un rejet de la guerre. Guerre qui, encore à la fin du XVIIème siècle, apparait comme un élément central du rayonnement et de la puissance du souverain.
L'année 1713 marque la fin de la guerre de succession d'Espagne. Ce conflit sanglant oppose la France de Louis XIV et l'Espagne à une coalition rassemblant une grande partie de l'Europe menée par quelques grandes puissances telles que le saint empire, l‘Angleterre ou encore les provinces unies.
[...] Enfin l'abbé de Saint-Pierre clos l'objet de son premier discours par un constat plutôt pessimiste pour les différents futurs 17) voir dramatique aux vues de La composition présente de l'Europe ne saurait produire que des guerres presque continuelles 24-25). Ce constat alarmant répété en boucle dans la première partie du texte apparaît finalement comme un moyen rhétorique pour mieux mettre en lumière son projet de paix perpétuelle. Cette promotion de son projet tend finalement à toucher une large partie de la sphère intellectuelle à travers les cours européennes. Il entend aussi et surtout toucher ceux qui orientent les négociations de la paix, au moment où il publie son œuvre, soit les ambassadeurs et par la même, les souverains. [...]
[...] Le traité de Ryswick qui met fin au conflit entre la France et la grande alliance, ratifié en 1697, offre à l'auteur un argument de poids. En effet, malgré la multiplication des concessions territoriales entres les Etats, celui ne permet en rien d'assurer une paix durable, au mieux il ne constitue qu'une trêve qui prend fin à l'entrée dans la guerre de succession en 1702. Par ailleurs, on peut souligner le caractère bilatéral des relations diplomatiques durant cette période. On comprend ainsi la difficulté quant à instaurer une paix généralisée dans un cadre diplomatique aussi fragmenté. [...]
[...] Une rupture qui s'inscrit dans la lassitude de plus en plus marquée de la guerre et ce, à l‘échelle de la pensée européenne. Cet aspect est d'autant plus vrai en France et en particulier pour notre auteur. En effet, né en 1658, celui-ci a traversé l'ensemble des conflits menés par Louis XIV, soit un règne marqué par trente deux années de guerre entrecoupées de courtes périodes de paix. On perçoit ainsi beaucoup mieux cette détermination de l'auteur quant à aspirer à une paix durable. [...]
[...] L'esprit du traité est de rendre indétachable les grandes décisions européennes d'un principe de collégialité. C'est le cas par exemple pour le Saint Empire dont l'auteur expose rapidement la structure, soit une union composée de plus de deux cent souverainetés . Il en va de même lorsqu'il évoque les cantons suisses ou la république de Hollande. Hors de toute considération sur le régime politique , l'auteur n'entrevoit la possibilité d'une paix à long terme que sur l'exportation du modèle de la fédération des Etats à l'échelle de l'Europe. [...]
[...] A travers la volonté affichée de l'auteur quant à instaurer une paix perpétuelle dans un contexte d'apaisement et de reconstruction européenne? Par son scepticisme vis-à-vis des principes régissant les relations internationales et l'équilibre de l'Europe? Enfin, à travers un projet fédérateur fondé sur la coopération et l'union des différents Etats européens dans les relations internationales? Mon dessin est de proposer les moyens de rendre la paix perpétuelle entre tout les Etats chrétiens.». Dés la première ligne du texte, la dimension pacifiste du projet de l'abbé de saint Pierre est affichée. [...]
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