Après la période d'affaiblissement de la monarchie qui marque les années des guerres de Religion (1562-1598), le XVIIe siècle apparaît comme une période d'accélération de la construction d'un État absolutiste. Ce « siècle de fer », qui s'achève avec la signature des traités d'Utrecht et de Rastadt (1713-1714) est avant toute chose le siècle de la guerre. Les conflits sont en effet presque continus en Europe, et le royaume de France apparaît impliqué dans la plupart d'entre eux (guerre de Trente Ans, 1618-1646, guerre de Dévolution, 1667-1668, guerre de Hollande, 1672-1678, guerre de la ligue d'Augsbourg, 1688-1697, guerre de Succession d'Espagne, 1701-1713).
Si l'on considère ces conflits pour l'ensemble des États européens, le XVIIe siècle n'aura au total connu que deux années de paix, 1669 et 1670. Coûteux en vies humaines, usant d'un matériel de plus en plus élaboré, ces combats permanents rendent impératif un contrôle plus efficace des territoires concernés. Ils soulèvent aussi la question de la légitimité de la guerre, et des rapports entretenus par les princes avec ce qui constitue depuis le Moyen Âge leur fonction initiale : le métier des armes.
[...] La guerre justifie donc d'une certaine façon l'absolutisme sur un plan théorique. Mais de manière très pratique, les mutations en cours dans le métier des armes sont aussi un encouragement à renforcer la suprême autorité du roi. Néostoïcisme et métiers de guerre. Relativement réduit au XVIe, le nombre de soldats mobilisés sur les champs de bataille explose au XVIIe siècle. L'armée de paix d'Henri IV compte au tournant du siècle hommes. En 1635, ce sont soldats qui servent les desseins de la politique étrangère de Louis XIII, et les historiens estiment qu'entre 1701 et Français sont passés dans les garnisons de Louis XIV. [...]
[...] Ces armes obligent à une stricte discipline, qui ne peut se concevoir dans le désordre et les cris. On abandonne en particulier au moment du déclenchement de l'attaque le cri d'armes afin de mieux entendre les ordres des officiers. Plus que la guerre de Trente Ans, guerre diffuse et mouvante faisant régner la violence sur de vastes territoires, les guerres de siège de la deuxième moitié du siècle renforcent la technicité des combats ordre mince zigzag des tranchées, batteries, creusement de mines, etc.). [...]
[...] Cela n'empêche pas la propagande royale de représenter le monarque comme invincible. L'historien Louis Marin a donné une explication psychanalytique de cette propension à l'affirmation de l'invincibilité chez Louis XIV (MARIN Louis, Le portrait du roi, Paris, 1981) : s'il est de l'essence de tout pouvoir de tendre vers l'absolu, il est aussi dans sa réalité de ne jamais se consoler de ne pas l'être. La représentation serait alors le travail infini du deuil de l'absolu de la force ; elle opèrerait la transformation d'un manque réel en l'absolu d'un imaginaire qui en tiendrait lieu. [...]
[...] Le rôle de la propagande, qui pallie l'absence du roi parmi ses troupes par l'omniprésence de la figure du monarque victorieux, permet de légitimer ce système. La pression fiscale et les besoins des armées captent cependant à leurs seuls bénéfices les richesses d'un royaume qui s'enfonce dans les difficultés au gré des décennies. La présence, enfin, de républiques indépendantes ou de monarchies parlementaires démontre aux yeux des contemporains les plus critiques que l'absolutisme n'est pas la seule voie possible vers l'établissement d'un État durable. [...]
[...] La chasse, comme succédané de la guerre, est louée par La Mothe Le Vayer, parce qu'elle dispose les hommes à la fatigue des combats, dont elle est une petite image. II) Les moyens de la guerre Un contrôle plus efficace du territoire par la monarchie Dans les États les mieux contrôlés de l'Europe du XVIIe siècle, on observe un renforcement de la préservation du territoire, sa sanctuarisation face aux agressions extérieures. Le roi de guerre, garant de la sûreté de son peuple, doit assurer l'intégrité de la maison commune. [...]
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