Débuts, enseignement, Pierre, Abélard
Nous avons ici un extrait de l'Historia calamitatum de Pierre Abélard, il constitue un récit autobiographique sous la forme d'un échange de lettre avec un ami imaginaire. Cette œuvre a été composée vers 1132-1133. Abélard constitue un discours sur deux thèmes majeurs dans cet extrait : sa louange et ses ennemis. Il ne mentionne aucune date dans cet extrait.
Cependant, ce qui nous intéresse ici du point de vue de l'Histoire, c'est que la vie d'Abélard, marquée par sa passion pour l'enseignement et le savoir, est à la charnière de deux siècles, charnière d'autant plus importante qu'elle constitue le point de départ de ce que des historiens comme Jacques Le Goff vont qualifier de « Renaissance du XIIème siècle » Une renaissance que l'on attribue en outre à la croissance urbaine, qui, régénérant les façons de dispenser le savoir, contribue à développer un important essor culturel en Occident.
On peut se demander en quoi Abélard est-il selon le leitmotiv historiographique, le témoin de l'esprit nouveau du XIIe siècle ?
Pour ce faire, nous allons voir dans un premier temps les débuts d'Abélard marqué par son enfance, son conflit avec son maitre et la théologie, et nous verrons aussi la querelle des universaux qui marque ce siècle.
[...] Rapidement, Abélard devient l'égal de son maitre, ce qui suscite le mécontentement de ce dernier, je lui devins très importun parce que j'entrepris de réfuter quelques unes de ses idées (ligne 19). Dans cet extrait, on voit cette rupture à la ligne 22 lorsqu'il dit Ainsi commencèrent mes malheurs Devant le mécontentement de son maitre, Abélard préfère partir et ouvrir sa propre école. Par prudence, il ne l'ouvrit pas à Paris mais dans des bourgs un peu éloignés, tels que Melun (ligne 26) et Corbeil (ligne 36). [...]
[...] La question des universaux pose un réel problème. Porphyre, cité par Abélard à la ligne 53, philosophe néoplatonicien, soulève la question des genres et des espèces dans son Isagoge, il veut savoir si ce sont des réalités subsistantes ou des produits de l'intellect. L'Isagoge rédigé vers 268 et traduit par Boèce au VIe siècle, est le manuel de référence pour l'étude de la logique. Ainsi Abélard tenait sa philosophie nouvelle en attirant vers lui les étudiants les plus fidèles de Guillaume, traduit par mon enseignement connut une vigueur et une autorité telles que ceux qui avaient été les plus fermes partisans de mon maitre [ ] accoururent à mes cours aux lignes 68 et 69. [...]
[...] Il ne mentionne aucune date dans cet extrait. Cependant, ce qui nous intéresse ici du point de vue de l'Histoire, c'est que la vie d'Abélard, marquée par sa passion pour l'enseignement et le savoir, est à la charnière de deux siècles, charnière d'autant plus importante qu'elle constitue le point de départ de ce que des historiens comme Jacques Le Goff vont qualifier de Renaissance du XIIème siècle Une renaissance que l'on attribue en outre à la croissance urbaine, qui, régénérant les façons de dispenser le savoir, contribue à développer un important essor culturel en Occident. [...]
[...] Conclusion : Cet extrait de l'Historia Calamitatum d'Abélard nous renseigne d'abord sur l'évolution de l'enseignement dans l'essor culturel et urbain de la première moitié du XIIe siècle. Il est courant d'appeler cette période renaissance intellectuelle du XIIe siècle A travers les voyages d'Abélard, nous pouvons saisir une description de ce que sont les écoles qui cèderont, bientôt, leur place aux premières universités et des différentes querelles qui agitent le monde intellectuel. On peut tout de même constater que malgré le renouvellement des disciplines et de la méthode, l'Eglise garde un œil attentif sur la propagation des idées. [...]
[...] Il ne se prive pas d'utiliser un vocabulaire qui le met à son avantage, par exemple lorsqu'il mentionne à plusieurs reprises sa renommée. La querelle des universaux Quand Abélard entra dans les écoles de philosophie, une seule question divisait et agitait les esprits, la question des universaux. Cette théorie des universaux consiste en une doctrine des rapports entre le langage, la pensée et le réel. Autrement dit, une vieille querelle qui tourne autour du problème visant à savoir si les universaux sont des choses concrètes ou justes de mots : c'est l'opposition entre réalistes et nominalistes. [...]
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