La colonisation de l'Amérique a-t-elle été rentable ?

Résumé du document

La colonisation de l'Amérique est entamée rapidement par l'Espagne après la découverte du continent en 1492 par Christophe Colomb, navigateur génois. Ainsi est-il nommé « vice-roi des Indes » par les rois catholiques espagnols ce qui marque leur volonté colonisatrice.
On peut parler de rentabilité de cette colonisation du point de vue des objectifs affichés par l'Espagne vis-à-vis de cette colonisation, à savoir conquête, puissance, enrichissement et conversion au catholicisme des autochtones.
Cette découverte, dont Christophe Colomb, en 1492, ignore encore l'importance que ce soit territorialement ou économiquement parlant, va bénéficier au royaume et, notamment, à la couronne d'Espagne qui a permis ce voyage à Christophe Colomb qui devait, initialement, trouver une route vers les Indes par l'ouest.
Le XVIème siècle va être marqué par la conquête du continent américain par les Espagnols dont ils ont la presque entière disposition de droit après le traité de Tordessillas, signé en juin 1494 et qui partage le « Nouveau Monde » entres les deux puissances émergentes, l'Espagne et le Portugal.

Extraits

[...] Le continent nord-américain échappe ainsi à l'Espagne dès le milieu du XVIIe siècle au profit des Anglais et des Français. La partie occidentale d'Hispaniola échappe aux Espagnols au profit de la France. Nous avons beaucoup parlé de la rentabilité de la colonisation américaine pour l'Espagne et l'Europe, mais très peu pour le continent américain lui-même. La colonisation du continent a permis de nombreux échanges entre l'Europe et l'Amérique. Le continent américain va ainsi bénéficier d'animaux domestiques, de plantes utiles, de nouvelles techniques et d'hommes avec les colons européens, mais aussi les noirs de la traite négrière. [...]

[...] Le commerce transatlantique faisait également vivre différentes catégories de la population. Le circuit financier qui s'était développé parallèlement au commerce faisait ainsi travailler assureurs et banquiers. Le transport de marchandises qui s'est énormément développé au cours de ces deux siècles faisait vivre armateurs et marins. Les agriculteurs espagnols, mais aussi portugais ont pu profiter du débouché américain avec notamment l'exportation de vin pour les colons. Les Espagnols ont du faire face, notamment au XVIIe siècle à la concurrence grandissante des autres pays européens. [...]

[...] On compte également un troisième grand bénéficiaire de la colonisation de l'Amérique, l'Église catholique. Il faut en effet rappeler que cette conquête de l'Amérique se fait, initialement, au nom de l'Église. Christophe Colomb dit d'ailleurs espérer que cette entreprise [ ] deviendra [ ] une grande gloire pour la chrétienté en parlant de son expédition. Le pouvoir ecclésiastique garde une importance primordiale dans la colonisation. L'évangélisation des autochtones est un des grands objectifs de la couronne espagnole, mais aussi de l'Église. [...]

[...] La rentabilité de la colonisation n'est, toutefois pas réservé à la seule Espagne. En effet, les pays européens vont vendre massivement leurs marchandises à leur voisin espagnol qui, étant très riche, peut se payer ce que le pays ne produit pas ou plus. Les pays européens exportent également de manière massive vers les colonies américaines espagnoles. Des produits agricoles comme le vin, des raisins secs, des armes, des esclaves ou même des clous sont ainsi exportés sur le continent américain, mais surtout le textile qui représente près de des exportations vers l'Amérique. [...]

[...] Toutefois cette rentabilité est à nuancer. En effet, le XVIIe va avoir un rôle majeur dans la colonisation et marquer la fin de l'apogée espagnol et de son invulnérabilité comme nous allons le voir dans la deuxième partie. L'Espagne va connaître d'importantes difficultés financières au XVIIe siècle. Elle est amorcée par une importante chute de la production de métaux précieux. Le XVIIe (et le XVIIIe) est une période d'inexorable déclin progressif pour l'Espagne. Un exemple résume parfaitement cette situation, c'est celui de la mine d'argent de Potosi qui va être surexploité dès 1545, mais aussi pendant tout le XVIIe siècle jusqu'à l'épuisement presque total de ses ressources et ayant également entrainé la mort de millions d'esclaves amérindiens. [...]