Quels éléments ont-ils permis de faire évoluer l'historiographie du protestantisme français et quels ont été les nouveaux apports de cette historiographie entre les XVIe et XVIIIe siècles ?

Thèmes abordés

Religion, protestantisme, Église catholique, concordat du 15 juillet 1801, Bonaparte, Pie VII, SHPF Société de l'Histoire du Protestantisme Français, Martin Luther, arrêt du 13 juin 1521, massacre de la Saint-Barthélemy, Jean Calvin, Édit de Nantes, Henri IV, laïcité, guerre des Camisards, édit de Fontainebleau, théologie

Résumé du document

Le XIXe siècle marquera un tournant dans l'historiographie protestante en raison des évolutions historiques. En 1802, le Concordat de 1801 entre Napoléon Bonaparte et le pape Pie VII reconnaît le protestantisme comme l'une des religions autorisées en France. Il met ainsi fin à une période de persécutions religieuses qui avait suivi la révocation de l'édit de Nantes en 1685. [...]
Dès lors, dans le cadre de l'écriture de ce mémoire, nous tenterons de retracer l'évolution de l'historiographie du protestantisme en France (et par extension en Europe) à partir du XIXe siècle, en nous intéressant à la manière dont cette histoire s'est construite au fil du temps.

Extraits

[...] Pour ce qui est du vocable huguenot qui désigne « les calvinistes français, il est apparu dans cette ville dans les années 1520-1525 par une double dérivation-altération du mot allemand Eidgenossen (les compagnons du serment, désignant les confédérés suisses) et du prénom personnel Hugues synthétisés en « eignots ». À Genève, en effet, le parti de l'indépendance hostile au duc de Savoie est dirigé, en attendant Calvin, par Hugues Besançon. Vers 1530-1535, le mot huguenot est déjà entré en France dans le langage courant ». La définition du dictionnaire Universalis établit que ce terme huguenot est bien un sobriquet au sens de nom péjoratif. Ainsi, l'historiographie avait construit le protestantisme comme une religion minoritaire, à part et faisant l'objet de stigmatisations même dans la construction de son récit. [...]

[...] Des historiens contemporains se sont intéressés au début de l'historiographie protestante tels que Guy Boudelle. En 1986, il publie dans « La Revue de théologie et de philosophie » un article s'intéressant aux contemporains de Luther et aux personnes qui ont contribué à faire l'histoire du protestantisme mais du point de vue catholique. Il distingue deux types d'observateurs de cette époque : les analystes théologiens tels que Cajetan et ceux de certains controversistes catholiques qui vont contribuer à façonner une image négative de Luther tels que Cochlaeus. [...]

[...] Nous avons exploré dans ce mémoire 3 types de sources : les réinterprétations des archives politiques telles que l'Edit de Nantes d'un point de vue protestant, les analyses des archives de la Répression à travers notamment de l'historien Zysberg et les sources produites par les protestants eux-mêmes à travers les témoignages et récits produits par les protestants eux-mêmes. De cette analyse, nous avons pu voir comment les historiens ont utilisé ces différentes sources pour construire une nouvelle forme d'historiographie du protestantisme français. Il s'agit in fine d'une historiographie qui permet d'aborder les faits historiques de manière plus globale, sous différents angles, différentes coutures. [...]

[...] https://doi.org/10.4000/ifha.6652 Gilson, M. (2011). Une minorité en action : la charité protestante en France, XIXe- XXe siècles. Le Mouvement Social 63-82. https://doi.org/10.3917/lms.234.0063 Kaufmann, T. (2015). Comment écrit-on une histoire de la Réforme ? Réflexions historiographiques et théologiques. Études théologiques et religieuses 31-50. [...]

[...] Avant la Révolution française, l'historiographie était majoritairement dominée par les gouvernements en place et par l'Eglise catholique. Cette historiographie n'a eu de cesse de souligner les affrontements entre l'Eglise catholique et les protestants réformés. Et cette historiographie présentait ces derniers comme des personnes marginales et « hérétiques », ne respectant pas la seule et unique religion d'Etat. Cette vision partiale de l'histoire a cependant été remise en question à partir de la Révolution française et notamment à partir du Concordat de 1801. [...]