Colonisation, parti communiste, discrimination, marginalisation, immigration coloniale, entre-deux-guerres, anticolonialisme
Dans la période d'entre-deux-guerres, on estime à 3 000 000 le nombre de migrants parmi lesquels seulement 150 000 sont des migrants venant des colonies. La majorité d'entre eux vient du Maghreb, et notamment d'Algérie.
Parallèlement, le 6 Mai 1931, l'Exposition coloniale de Paris ouvrait ses portes et, avec elle, la France atteignait l'apogée du prestige de son Empire : 8 000 000 de visiteurs en six mois et même l'idée de transformer les pavillons en exposition permanente. Toutefois, cette exposition masque la réalité de ce qu'est réellement la colonisation. Ainsi, est passée sous silence la révolte de Yen Bay (1930) en Indochine, et ne sont vantés que les aspects les plus élogieux de l'occupation française.
Ce décalage entre une exposition impérialiste triomphante et l'afflux croissant de migrants coloniaux en France soulèvent de multiples questions : Que signifie être un « migrant colonial » en France métropolitaine au temps de cette exposition ? Quelle était la place de ces personnes, à majorité masculines (99.8%), dans la société française ? Comment les conditions de vie qui leur ont été imposées ont conditionné leurs actions politiques ?
Cet essai répond à ces questions en montrant que la marginalisation multiforme des migrants coloniaux (I) a contribué à conditionner la multiplication de leurs actions politiques (II).
[...] Cette marginalisation multiple a contribué à conditionner la multiplication de leurs actions politiques L'Exposition coloniale de 1931 est le moment pour les détracteurs de l'Empire de rappeler la répression des mutineries de Yen Bay en Indochine (1930) et l'expulsion de l'étudiant indochinois Nguyen Van Tao pour son activisme anticolonialiste. Si la politisation des immigrants a fortement coïncidé avec les mouvements ouvriers, c'est que, comme nous l'avons vu, ceux-ci représentent une grande part des emplois agricoles et industriels. Mais au-delà, c'est aussi l'URSS et le monde intellectuel qui soutient ces migrants coloniaux contre les discriminations dont ils sont victimes. Une action au sein des mouvements ouvriers et du Parti Communiste français. [...]
[...] Une des actions remarquables des mouvements étudiants est, à travers le Comité de lutte indochinois contre l'Exposition coloniale de Vincennes et le régime de terreur en Indochine, la rédaction de tracts en quôc-ngu et leur distribution clandestine la nuit par-dessus les murs de l'exposition coloniale à proximité du village indochinois. Mais leur volonté de manifestation devant la réplique d'Angkor Vat a été déjouée par les services de surveillance. C'est ainsi une action coloniale multiforme qui s'institue, en impliquant des partis politiques, des syndicats, des étudiants, des groupes intellectuels et même un Etat (l'URSS). Toutefois, ces mouvements ne trouveront pas l'écho escompté auprès de la population et ne demeureront que d'une influence limitée. [...]
[...] Enfin, preuve de suspicion particulière, l'administration métropolitaine crée des institutions de contrôle spécifiques pour les immigrés coloniaux comme le « service des affaires nord-africaines » sous l'autorité de la Préfecture de police à Paris et Marseille. Cette faiblesse juridique et l'occupation de professions dégradantes va contribuer à leur marginalisation économique. Cette marginalisation juridique se double d'une marginalisation économique En étudiant les indicateurs d'intégration quantitatifs issus du recensement de 1931 en France métropolitaine, on constate que les immigrés en provenance de l'Empire colonial sont plus touchés que les immigrés étrangers traditionnels tels que les Belges, Italiens ou Espagnols. [...]
[...] Cette dimension coloniale du PCF est en grande partie justifiée par la présence d'Ho Chi Minh comme membre fondateur. En 1922, déjà collaborateur de plusieurs journaux d'extrême gauche, il fonde et dirige Le Paria, organe de l'« union inter coloniale », auquel collaborent notamment Algériens, Malgaches et Antillais. Dans l'idéologie communiste, l'indigène est ainsi un prolétaire exotique victime du même impérialisme que l'ouvrier métropolitain. C'est pourquoi Jacques Doriot, quand il était encore un communiste convaincu, n'hésitait pas à déclarer au Parlement que le PCF « condamne de manière absolue la colonisation sous toutes ses formes » (1928). [...]
[...] Comment les conditions de vie qui leur ont été imposées ont conditionné leurs actions politiques ? Cet essai répond à ces questions en montrant que la marginalisation multiforme des migrants coloniaux a contribué à conditionner la multiplication de leurs actions politiques (II). La marginalisation multiforme des migrants coloniaux Les migrants venant des colonies : avant tout une marginalisation juridique Le statut administratif particulier des migrants coloniaux conduit à leur marginalisation juridique. En effet, depuis la mise en place du droit à la nationalité au 19ème siècle, on distingue les étrangers et les Français. [...]
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