Paix universelle, Europe, les Lumières, philosophie politique, Bayle, Condorcet, d'Holbach, Fontenelle
Paul Hazard, utilise l'expression de "crise de la conscience européenne" pour décrire les débuts de la période des Lumières, période complexe qui voit l'émergence de nouvelles valeurs. Dans cette période, 1680-1720, il y a eu selon lui, une redéfinition de l'identité au sein de l'ensemble européen, qui a mené aux bouleversements conceptuels du XVIIIe siècle que l'on connaît.
Au XVIIIe siècle, l'Europe devient un enjeu philosophique, historique et politique majeur. Le contexte historique et politique en France est particulier : l'histoire politique du XVIIIe siècle, en France, est dominée par une longue et profonde crise de l'absolutisme. Cette crise fut également une tentative d'adaptation et de compromis pour répondre aux mutations et aux métamorphoses du siècle. L'essor d'une nouvelle force politique, d'une opinion publique, modifie le poids de l'acteur étatique. Les mécontentements, souvent jansénistes, se font progressivement populaires, et on note l'émergence d'intellectuels qui remettent en cause l'absolutisme et ses dérives guerrières. Certains redéfinissent le périmètre d'action de l'État, la notion même de souveraineté est repensée. Une réelle offensive philosophique se développe donc au XVIIIe siècle, dans toute l'Europe, où la censure se contourne notamment par l'exportation à l'étranger des œuvres.
[...] Au cours des réceptions, des articles de l'Encyclopédie sont corrigés et rédigés. Ses ouvrages ont parfois été corrigés par de grands philosophes, comme Diderot. Franc-maçon, il est également membre des académies de Berlin (1752), de Mannheim (1766), de Saint-Pétersbourg (1780). C'est l'un des penseurs les plus radicaux des Lumières. En effet, D'Holbach, dans Le Christianisme dévoilé, en 1756, réalise des articles critiques dans l'Encyclopédie sur la religion et son dogmatisme. Il fait partie de la tradition du contrat social, sa pensée politique est radicalement nouvelle. [...]
[...] Les physiocrates délaissent la nation, au profit d'une gouvernance du droit naturel, afin de maximiser les profits économiques et sociaux. Ils privilégient donc une politique basée sur un droit attaché aux choses naturelles, économique, ce à quoi D'Holbach oppose une théorie plus politique, plus universelle. Pour les physiocrates, « la terre est l'unique source des richesses, et que c'est l'agriculture qui les multiplie ». La nature seule peut générer des surplus et, par conséquent, assurer le revenu des populations productives. Quesnay écrit : « Quand on ne laisse pas même aux cultivateurs leurs reprises indispensables, quand les propriétaires négligent le soin de leurs domaines, pour se livrer entièrement ou principalement à des dépenses de luxe, quand ils fixent leur séjour dans les grandes villes, quand la consommation s'éloigne partout du lieu de la production, quand on imagine de gêner le commerce, sous prétexte d'en rendre la balance plus avantageuse, comme cela est arrivé à plusieurs nations de l'Europe, les avances, les richesses, les entreprises utiles, les travaux nécessaires, les productions, les revenus, la population, diminuent par une force irrésistible ». [...]
[...] Ces conceptions sont la traduction d'un destin politico- social de la classe propriétaire. Elles sont donc à l'opposé de l'ouverture de penseurs des Lumières comme d'Holbach, Fontenelle ou encore Pierre Bayle. Transition : L'essor scientifique, technique et culturel caractéristique des Lumières et s'accompagnent donc aussi d'importantes évolutions politiques. Les valeurs philosophiques des Lumières ont abouti à une profonde transformation politique de la France et de l'Europe. Celle-ci, fille du christianisme autant que des Lumières, l'Europe est alors conçue dans une unité, une cohérence culturelle. [...]
[...] On se tournait vers l'Angleterre alors comme vers un idéal philosophique. Sa constitution était admirée pour l'établissement de la séparation des pouvoirs, exécutif, législatif, judiciaire. C'est un État modèle, qui assure l'indépendance de ses citoyens. Les milieux mondains et cultivés sont répandus, dans un réseau à l'échelle de l'Europe, et permettent l'existence d'amitiés littéraires entre la France et la Grande-Bretagne. La langue française s'enrichit de termes britanniques, la culture française s'anglicise. Un fort changement a pris place chez les physiocrates qui ont eu tendance à abandonner la cause de l'Angleterre après la guerre de Sept Ans. [...]
[...] Ce savoir, ce sera lui qui bâtira une unité des peuples en Europe, en rapprochant intellectuellement tous les peuples qui la composent. D'où l'importance des traductions, de l'idiome français comme outil de propagation linguistique des mêmes œuvres dans des pays divers, formant une culture commune européenne. B. La constitution de l'unité de l'Europe Étudier la mise en œuvre des idéaux des philosophes, c'est étudier l'histoire d'une Europe qui cherche des liens, s'unit, se désunit, entre idéaux d'égalité et de paix, et une réalité de fragmentation politique. [...]
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