Pour comprendre ce que représente, pour l'omme de l'époque moderne, la marginalité, il faut entièrement changer d'angle de vue. En effet, nous évoluons à présent dans des sociétés qui ont pris conscience de la nécessité politique et sociale de protéger ceux que nous pouvons appeler « les faibles ». De façon générale, l'enfant handicapé ne nait plus aujourd'hui dans la honte, et les personnes souffrant de troubles mentaux sont soignées. La pauvreté n'a plus une tonalité mystique (comme au Moyen-âge) et elle a eu tendance à perdre son aspect critiquable, honteux, qu'elle a pu acquérir à l'époque moderne. Elle est soulagée et prévenue par différents acquis sociaux et un rôle déterminant de certaines ONG. Aujourd'hui, et ce grâce aux travaux de différents penseurs, nous sommes sortis de l'idéalisation de l'Homme propre à la Renaissance et qui s'est ensuite développée lors de l'âge classique.
En effet, le XVIe n'a pas encore rationalisé la médecine, ni encore moins inventé ne serait-ce que les prémisses d'une psychiatrie. L'homme hérité de la Renaissance italienne (pensons par exemple à l'Homme de Vitruve de Vinci) est un homme « parfait », aux proportions harmonieuses, dans la force de l'âge.
[...] En l'An III, la Commission des Onze (créée pour réviser la Constitution montagnarde) écarte cette constitution qui n'était autre chose que l'organisation de l'anarchie abolissant par là même la Déclaration des Droits qui la précède. Une nouvelle Déclaration des Droits, en vingt-trois points, est établie. Elle ne mentionne à aucun endroit un droit aux secours publics, ni un droit à l'instruction. Cependant, il semble nécessaire de la mentionner pour plusieurs raisons. La première est qu'il parait utile de souligner l'aspect novateur et radical de ce nouveau droit constitutionnel, qui n'est repris dans aucun autre texte d'une telle portée. [...]
[...] Il se libère ainsi des conceptions économiques de l'Eglise, héritées du Moyen- âge mais également de l'Antiquité, qui condamnaient l'accumulation des richesses, ainsi que le prêt. La conception classique et de la scolastique présentait en effet l'économie comme un jeu à somme nulle, l'idée étant que ce qui était gagné par l'un était perdu par l'autre. Ces nouvelles théories recherchent au contraire le gain, nées à une époque où les rois souhaitaient un maximum d'or. Dans ce contexte, le pauvre perd d'autant plus sa place initiale de figure du Christ. Les pauvres sont rendus responsables de la pauvreté, par leur vice et leur paresse. [...]
[...] De toutes les manières, dans sa conception du christianisme basée sur la prédestination, la charité chrétienne ne saurait être une condition d'accéder au Paradis : Dieu décide seul. Concernant l'image du pauvre, il se sépare tout à fait de l'idée d'un indigent figure du Christ Dans son Commentaire biblique[7], il se plait à citer des passages de la Bible assez évocateurs : Si quelqu'un ne veut pas travailler, qu'il ne mange pas non plus Thessaloniciens 10). Il rapproche ce passage d'un psaume (128, : Tu te nourris du labeur de tes mains. [...]
[...] Le mouvement étant européen, il nous parait nécessaire d'élargir ici notre champ de vision et de prendre en compte les théories les plus diverses de l'Europe moderne. Certes, ces théories prônent une redécouverte de l'homme, du corps, de l'intelligence humaine. Mais cela reste dans l'optique d'un homme au corps sain, intelligent et cultivé. Il y a un dédain face aux masses, et par là même un dédain face aux plus indigents. Les auteurs sont alors nombreux à décrire la pauvreté comme un handicap à l'épanouissement humain. [...]
[...] Section 3 L'apologie du travail A Un nouveau contexte économique : l'essor du mercantilisme (rejet du pauvre oisif L'essor du mercantilisme en Europe est pour beaucoup dans ce changement d'image du pauvre, et les premières applications des thèses mercantilistes se trouvent, conséquemment, dans les Pays-Bas espagnols, en Espagne ou en Angleterre. Elles naissent en corrélation avec l'afflux d'or et de métaux précieux en Europe via les Amériques. Pour les mercantilistes, l'Etat a un rôle primordial dans le développement de la richesse nationale. Il est pertinent de constater que la laïcisation croissante des politiques sociales que nous avons évoquées coïncide avec une théorie économique qui fait nettement prévaloir la place de l'Etat. [...]
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