La naissance de la discipline historique en France au XIXème siècle

Thèmes abordés

Mouvement romantique, classicisme des Lumières, histoire moderne, institutionnalisation de la discipline historique, transmission de la culture historique

Résumé du document

La révolution française et le début du XIXème siècle marquent un véritable tournant dans la manière dont les hommes appréhendent l'Histoire. En effet, auparavant, l'Histoire ne peut être considérée comme une discipline à part entière, avec ses règles propres, appliquant une méthode scientifique.
Au Moyen âge et même encore à l'époque moderne, le métier d'historien au sens où on l'entend aujourd'hui n'existe pas encore. Cela ne signifie pas pour autant qu'on ne s'intéresse pas au passé, loin de là.
Mais des pratiques diverses, qui ont en commun l'évocation du passé, s'individualisent et visent le plus souvent à tirer des leçons du passé. L'Histoire restait donc uniquement utilitariste. D'autre part, au Moyen âge d'abord, l'Histoire est indissociable de l'Église. Et elle doit la servir. Ainsi, l'Histoire était conçue dans une vision finaliste, en mettant en relief les desseins du Dieu des chrétiens. D'ailleurs, les « historiens » sont presque tous des clercs et leurs récits sont soit des hagiographies, soit des récits de la vie des rois, des grands du royaume, toujours dans une perspective chrétienne de propagande religieuse.

Extraits

[...] Enfin, dans une troisième partie, nous analyserons le développement de la méthode scientifique qui s'attache progressivement à l'Histoire, son institutionnalisation au cours du début du XIXème siècle. La naissance du mouvement romantique Le romantisme, une réaction au classicisme des Lumières Le début du XIXème siècle est marqué principalement par l'émergence d'un mouvement artistique : le romantisme. Ce mouvement naît en grande partie par réaction au classicisme en vigueur en France depuis le XVIème siècle, jugé trop rigide par les romantiques. [...]

[...] L'institution est républicaine, mais sa portée est universelle. Le musée devient donc un vecteur d'Histoire au sens où il est le lieu d'une haute concentration d'objets reconnus comme appartenant à une histoire révolue. Dans les années 1830, la monarchie de Juillet met en place un Projet patrimonial. Elle s'évertue ainsi à façonner sa légitimité sociale et intellectuelle par sa préoccupation ostensible de fonder une histoire-mémoire de la France. Ce mouvement est structuré autour de l'énonciation d'une généalogie et d'une civilisation nationales. [...]

[...] Ils sont le jouet de forces qui les dépassent, que ce soir le destin, ou la providence, leur vie a un terrible arrière- goût de fatalité. Les humains sont ici des êtres de chair et de désir, soumis à l'exacerbation de leurs passions, à l'exaltation de leur Moi. Comme dans l'Histoire, le déroulement du récit apparait comme une succession de temps forts. À cela s'ajoute l'attrait pour l'exotisme, le pittoresque, les périodes troublées. À ce titre, le roman historique participe à cette naissance de l'Histoire en tant que discipline nouvelle. [...]

[...] L'Histoire doit intégrer tous les savoirs, elle constitue en quelque sorte la forme ultime de la philosophie de la connaissance de l'homme social. Il se place dans la lignée encyclopédiste si révélatrice du XVIIIème siècle. Ainsi, il est vrai que l'Histoire romantique conserve malgré tout de nombreux aspects philosophiques. En fait, face à l'opposition chronique de deux courants historiques -celui de l'histoire descriptive et celui de l'histoire philosophique, l'histoire romantique tente une unification en un seul mouvement, qui se traduit toutefois différemment selon les auteurs. [...]

[...] Mais la principale caractéristique de cette période tient au fait que les historiens romantiques s'intéressent peut être davantage à la forme des œuvres qu'aux idées elles-mêmes. On observe ainsi une réorientation des curiosités historiques, on redécouvre le Moyen âge comme des antiquités nationales celtes, l'égyptomanie initiée par Napoléon connaît un fort développement. Ce qui caractérise l'écriture romantique de l'Histoire est aussi le goût exacerbé pour l'exotisme, le pittoresque, la recherche de la couleur locale et des grands contrastes de mœurs et de croyances. [...]