Depuis une dizaine d'années, l'histoire rurale, délaissée pendant un temps au profit de l'histoire culturelle, a retrouvé toute sa popularité. En effet, de jeunes historiens ont relancé la recherche et l'AHSR a été crée en association avec la revue Etudes Rurales. De nouvelles thématiques ont été abordées et d'autres revisitées à l'instar du sujet que j'ai choisi de présenter : la propriété et l'exploitation de la terre. Il s'agit alors de déterminer pour un espace donné qui possède les terres, qui les travaille et comment sont-elles exploitées ?
[...] Point historiographique C'est au XIXe siècle que la propriété de la terre commence à intéresser les historiens et notamment Callone qui réfléchit beaucoup sur cette question. Au XXe siècle, suite à l'expansion marxiste en URSS, de nombreux chercheurs en histoire rurale étudient à leur tour la propriété terrienne. Certains, comme Lefebvre, traitent relativement objectivement de la question mais d'autres sont plus idéologistes à l'instar de quelques historiens russes qui cherchent le moment où les paysans propriétaires ont été privés de leur terre. [...]
[...] En effet, les notaires, royaux ou provinciaux, qui ont géré la vie de la terre dans un espace donné, permettent grâce à leurs rapports disponibles dans la série E aux archives, de retracer l'histoire d'un terrain. Les inventaires après décès des différents habitants de l'espace fournissent également une présentation juridique des terres. Les Terriers sont aussi très utiles puisque le registre seigneurial fait état de tous les tenanciers et assujettissements seigneuriaux. Cependant, si la terre étudiée comprend plusieurs seigneuries, la recherche est plus lourde car il faut consulter toutes les sources. [...]
[...] Lorsqu'un seigneur exploite lui-même sa terre, on dit qu'il travaille par sa main. On peut ainsi identifier des propriétaires, des propriétaires exploitants, des exploitants qui travaillent sans rien posséder et des journaliers. Les documents les mieux tenus sont ceux des seigneurs ecclésiastiques, disponibles en série G et séculiers et réguliers, recueil de baux. Ensuite, pour déterminer la mise en valeur du sol, un premier tableau peut être dressé à partir des sources impériales du début du XIXe siècle et de la série M des archives qui donnent des statistiques agricoles. [...]
[...] La propriété ecclésiastique était très forte, notamment en Cambraisie et la noblesse possédait quant à elle entre 20% et 40% du sol. Les paysans possédaient donc une part importante des terres mais au fil du temps leur position s'est effritée. Le mode de succession, qui dépend des coutumes locales, varie selon les régions. Le modèle le plus répandu en France est celui du partage inégalitaire, qui favorise l'aîné en lui remettant l'intégralité des terres. Cependant, dans le nord de la France, le droit germain qui propose le partage égalitaire entre les enfants conduit à l'émiettement des terres et constitue un élément d'appauvrissement de la paysannerie septentrionale. [...]
[...] Les ressources fiscales donnent aussi de précieuses indications. L'historien peut consulter les rôles de taille, les rôles de capitation et les rôles du dixième qui permettent de connaître la base de la taxation par tête et d'obtenir des informations sur les terres. Pour l'Artois par exemple, on dispose des rôles fiscaux de 1569 (centième deniers), de 1759- 1762 (vingtième d'Artois), puis de 1779 (centième d'Artois). Ces registres ont l'avantage d'être parcellaires, ils englobent le territoire selon un système détaillé, parcelle par parcelle, et les seigneuries n'entrent pas en compte. [...]
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