Le récit répond au modèle de la bonne mort : celle-ci ne prend pas en traître, on sent venir sa mort et on fait les préparatifs en conséquence. La mort au combat n'a longtemps pas été un idéal, même pour le chevalier, au XIV encore, c'est plutôt une mauvaise mort, même si, au début XV, il devient glorieux de mourir pour la patrie (par transfert du modèle des croisades). Ici, le duc combine les deux aspects, il est à la fois mort pour son roi dans la mesure où il tombe malade au cours d'une campagne militaire, et mort dans son lit, avec l'âme en paix.
[...] - Ce cortège se fait aux armes du duc (cf. miniature) : en 1381, le duc crée l'Ordre de l'Hermine, symbole devenu évident pour tous. Le cortège est l'occasion de faire des aumônes (le christ mort est lui aussi devenu nourriture), ce qui permet d'attirer beaucoup de monde et manifeste le lien du prince avec le peuple. Le cortège est précédé de porte-croix (cf. miniature) et de pleurants portant des cierges. - Cette importance de la visibilité est bien sûr rappelée par le duc dans les conseils à son successeur : ne vous cutez pas (17). [...]
[...] La mort et les funérailles des ducs de Bretagne (XIV, XVe siècle) - La tradition historiographique bretonne est ancienne, cela fait longtemps que l'on fait des histoires de la Bretagne. Avec le nouvel Etat princier, elle prend un nouvel essor, elle est mise au service du pouvoir (on exalte, sur le modèle français, les origines troyennes, et la fondation mythique par Brutus, les ducs sont présentés comme les héritiers des anciens rois de Bretagne). Ainsi, celui qui écrit cette chronique est un chambellan, c'est-à-dire un membre de l'hôtel qui est au fait des cérémonies de mise en scène du pouvoir ducal, l'écriture de l'histoire s'est considérablement rapprochée des détenteurs du pouvoir. [...]
[...] C'est le travail qu'a mené pour l'ensemble des princes Claude Gaude- Ferragu dans son ouvrage D'or et de cendres. La mort et les funérailles des princes dans le royaume de France au Bas Moyen Âge, Lille Ce n'est pas pour rien qu'elle est prisée par les ducs de Bourgogne, cf. les tableaux de Van der Weyden si vous voulez vous faire une idée. En Bretagne, à partir de Jean IV (1365-1399), son développement est continu. Sous François Ier (1442-50), même le frère du duc a un hôtel important. [...]
[...] - La richesse des draps : poêle de drap d'or au dessus du cercueil. - L'importance de l'hôtel[3], qui forme la procession, ses membres sont situés entre les clercs et le cercueil (cf. miniature, les clercs sont devant), ils sont en noir, avec en général le capuchon baissé, la hiérarchie se marque par la qualité du tissu, les gens de la famille ont les vêtements les plus somptueux. La mort d'un prince La succession - La mort d'un prince est toujours un épisode de fragilité, en particulier en Bretagne. [...]
[...] Ici, le duc combine les deux aspects, il est à la fois mort pour son roi dans la mesure où il tombe malade au cours d'une campagne militaire, et meurt dans son lit, avec l'âme en paix. - C'est ce que P. Ariès nomme la mort apprivoisée on se met en position : le lit annonce le linceul (on dépouille le corps auparavant l. 37)). La mort n'est pas à craindre puisque l'on va rejoindre Dieu, donc on n'a pas de regret, cf. [...]
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