Au cours du XVIe siècle, une abondante littérature anti-absolutiste voit le jour en Europe occidentale. Les différents auteurs concernés sont rétrospectivement nommés monarchomaques : c'est au XVIIe siècle que William Barclay, auteur absolutiste et juriste écossais installé en France, utilise ce terme pour la première fois. À travers ce nouveau concept, il cherche à stigmatiser un ensemble d'auteurs qui auraient théorisé la fin de la monarchie.
En effet, étymologiquement le terme monarchomaques signifie « ceux qui sont en guerre contre le monarque ». Cependant, les auteurs monarchomaques ne remettent pas en cause le principe monarchique, mais une certaine pratique du pouvoir royal : ils ne sont pas des combattants de la monarchie en tant que telle, mais uniquement de celle dégénérée en tyrannie.
[...] Perrin, M. Soulié, A. Tournon et H. [...]
[...] La pensée monarchomaque au temps des guerres de religion La pensée et l'œuvre des monarchomaques se diffusent dans le contexte des Réformes religieuses et des guerres de religion (1562-1598). Parmi les dérives tyranniques en Europe, celle qui a marqué le plus les esprits des monarchomaques est le massacre de la Saint Barthélemy en 1572. Cet événement aboutit à une remise en cause de la nature du pouvoir monarchique : selon les monarchomaques, le pouvoir du roi n'est légitime que s'il est limité. [...]
[...] C'est de cette façon que les monarchomaques catholiques de la Ligue motivent en 1589 l'assassinat du roi Henri III, poignardé par le moine Jacques Clément. Le droit de résistance à l'oppression des monarchomaques est conséquemment à la fois un droit naturel, un droit civil et un droit religieux. Nombre de mots : 1129 Nombre de caractères : 6100 Bibliographie Karen Fiorentino, Les monarchomaques britanniques, Aix-en-Provence, Presses Universitaires d'Aix-Marseille (168 pages) Grigore Geamanu, La résistance à l'oppression et le droit à l'insurrection, Paris, Loviton (312 pages) Arlette Jouanna, Histoire et dictionnaire des guerres de religion, Paris, R. [...]
[...] Confusion des temps, résistance armée et monarchie parfaite (1560-1600), Genève, Droz (568 pages) Mario Turchetti, Tyrannie et tyrannicide de l'antiquité à nos jours, Paris, PUF (1044 pages) Vindiciae contra tyrannos. Traduction française en 1581 : De la puissance légitime du prince sur le peuple, et du peuple sur le prince. Traité très utile et digne de lecture en ce temps, écrit en Latin par Estienne Junius Brutus et nouvellement traduit en François. Introduction, notes et index par A. Jouanna, J. [...]
[...] Ainsi les monarchomaques mettent à jour un paradoxe révolutionnaire : ce que le politique doit avant tout défendre est simultanément ce qui vient encadrer son action. La résistance légitimée et le tyrannicide Le plus grand apport de la pensée des monarchomaques est la théorisation du droit de résistance à l'oppression. Ce droit consiste à affirmer la possibilité de renverser l'ordre social établi par la monarchie quand la loi se fait arbitraire à son encontre. En d'autres termes, les monarchomaques invoquent ce droit collectif pour contester un pouvoir oppresseur, face auquel le droit ne s'exprimerait plus à travers la loi. [...]
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