Les entrées royales aux XVIe et XVIIe siècles étaient de véritables fêtes populaires, mais elles jouaient également un rôle important dans l'affirmation du pouvoir royal. L'entrée royale de 1550, offerte à Henri II et à Catherine de Médicis par les citoyens de la ville de Rouen, fut l'occasion d'une fête où d'authentiques Brésiliens et des Normands déguisés en « sauvages » donnèrent un spectacle. Plus tard, la Seine fut le théâtre d'un triomphe de Neptune, accompagné de tritons, de sirènes et d'animaux marins, puis d'une naumachie (ou bataille navale fictive), causant « un grand ébahissement à des gens non accoutumés à telles furies de guerre, mais néanmoins, un joyeux contentement, voyant qu'en un tel et si violent assaut d'armes tranchantes, et âpreté de feu, n'y eut aucun endommagé en sa personne ».
[...] L'entrée à Paris, d'abord différée pour des motifs politiques, eut enfin lieu le 16 juin 1549, à la suite du couronnement de la reine à Saint-Denis. À en croire les témoignages contemporains, elle fut d'une richesse et d'une originalité inégalées. L'organisation en fut confiée à Jean Martin, un traducteur d'œuvres latines et italiennes qui fréquentait le milieu des jeunes humanistes. Il fit appel au poète Thomas Sébillet et aux artistes Jean Cousin, Charles Dorigny et Jean Goujon pour concevoir et réaliser un programme complexe, que dominaient les éléments architecturaux. [...]
[...] À la cour, c'est le tournoi qui permettait au roi d'évoluer parmi la noblesse. Le topos du preux chevalier est le moyen pour le roi de singulariser la noblesse à l'occasion de joutes dans lesquelles le résultat compte de moins en moins. Le tournoi se transforme également de façon profonde. Au Moyen Âge, il illustrait le rôle de suzerain du roi, mais constituait d'abord un enseignement du combat et l'apprentissage des idéaux chevaleresque de courage et de vaillance. Au XVIe siècle, il est de plus en plus souvent arrangé pour permettre la victoire du monarque ou de son héritier. [...]
[...] Ainsi fait François Ier en recevant pendant 43 jours son rival Charles Quint en 1539- 1540, entre Loches et Saint-Quentin. À Amboise, Blois, Chambord, Fontainebleau, Charles Quint découvre la cour la plus fastueuse du monde et les restaurations ou constructions manifestent la Renaissance à la Française dans sa splendeur juvénile : il inaugure Fontainebleau et sa fameuse galerie. II à son tour y fera construire la galerie (détruite) d'Ulysse (1541-1570) par Primatice. Ces lieux où passaient et repassaient les courtisans étaient destinés à leur éducation. [...]
[...] La mise en scène du pouvoir royal : les entrées monumentales I Les entrées solennelles entrées royales aux XVIe et XVIIe étaient de véritables fêtes populaires, mais elles jouaient également un rôle important dans l'affirmation du pouvoir royal. L'entrée royale de 1550, offerte à Henri II et à Catherine de Médicis par les citoyens de la ville de Rouen, fut l'occasion d'une fête où d'authentiques Brésiliens et des Normands déguisés en sauvages donnèrent un spectacle. Plus tard, la Seine fut le théâtre d'un triomphe de Neptune, accompagné de tritons, de sirènes et d'animaux marins, puis d'une naumachie (ou bataille navale fictive), causant un grand ébahissement à des gens non accoutumés à telles furies de guerre, néanmoins, un joyeux contentement, voyant qu'en un tel et si violent assaut d'armes tranchantes, et âpreté de feu, n'y eut aucun endommagé en sa personne L'entrée royale avait lieu dans certaines circonstances exceptionnelles après une crise ou une guerre ayant mis l'État royal en difficulté. [...]
[...] Le meilleur instrument de communication entre le souverain et les villes est les entrées. Beaucoup de thèmes architecturaux passent dans les décors, on l'a vu et les plus grands artistes participent à ces décors. Mais du point de vue de la construction de l'État, le décor des fêtes manifeste la transformation du message idéologique transmis aux spectateurs : le passage de l'entrée triomphale de la fin du Moyen Âge au triomphe à l'antique. Entre temps, l'État s'empare de l'art de la fête pour en faire un instrument de pouvoir. [...]
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