En 1661, le jeune Louis XIV ordonne l'arrestation de son surintendant des Finances, Nicolas Fouquet, accusé de malversations. D'Artagnan participe à la mission et se voit confier par le roi la surveillance du détenu à la forteresse de Pignerol. Le mousquetaire refuse et propose le nom de Bénigne de Saint-Mars pour le remplacer. Maréchal des logis de confiance, Saint-Mars devient donc en 1665 gouverneur de la prison de Pignerol, située à une soixantaine de kilomètres au sud-ouest de Turin. Quatre ans plus tard, il y reçoit un nouveau détenu.
[...] De ces six détenus, aucun ne peut être le Masque de fer. Selon de nombreux historiens, l'inconnu serait donc le septième de la liste, Eustache Dauger (ou Danger). Peu de choses nous sont parvenues sur ce personnage, il aurait été valet et se serait fait arrêter à Calais en juillet 1669. Conduit par le major de Dunkerque, Alexandre de Vauroy, jusqu'à Pignerol pour être emprisonné, il y touche une pension identique à celle des gens ordinaires. Il faut croire que l'importance du secret qu'il porte décroît avec le temps, car il est autorisé à entrer au service de Fouquet au sein même de la forteresse de Pignerol dès 1675. [...]
[...] En 1681, le gouverneur est nommé au château d'Exilles, une autre prison du royaume, proche de celle de Pignerol. Il emmène avec lui l'inconnu et y demeure jusqu'en 1687, date à laquelle il obtient un nouveau poste, celui de gouverneur de la forteresse de Sainte-Marguerite, dans l'archipel des Lérins. Pour ce nouveau transfert, Saint-Mars fait preuve d'un tel zèle qu'on le soupçonnerait presque de forger lui-même le mythe du Masque de fer en suscitant la curiosité du peuple. Respectant les consignes qui lui avaient été transmises lors de l'entrée de l'inconnu à Pignerol, le gardien impose une chaise à porteurs intégralement couverte de moleskine et un masque de velours noir que le prisonnier ne quittera plus et que la Légende, lancée par Voltaire, transformera en masque de fer équipé de ressorts d'acier. [...]
[...] Devenu due de Lauzun, il meurt en 1723. Un moine, condamné à l'emprisonnement pour escroquerie autour d'une pierre philosophale imaginaire, entre à Pignerol en 1674 et devient fou. Il meurt en prison en 1694. La Rivière, fidèle valet de Fouquet, reste en prison après la mort de son maître et meurt pendu à Exilles en 1687. L'officier Dubreuil, accusé d'espionnage au service de l'Espagne, est libéré en 1684. Le comte Matthioli, condamné pour avoir dévoilé un traité secret entre Louis XIV et le duc Charles IV de Mantoue, entre dans la forteresse de Pignerol en 1679 avant de rejoindre directement Sainte-Marguerite où il meurt probablement en 1694, année à partir de laquelle son nom disparaît des registres. [...]
[...] Après sa mort, les geôliers s'appliquent à ne laisser aucune trace matérielle de son passage. Ses objets personnels sont détruits et les murs de sa cellule sont poncés. Son identité aurait été révélée par le Roi- Soleil lui-même au futur régent, Philippe d'Orléans, qui n'évoquera jamais le sujet. Le mystère est donc resté entier, pour le plus grand plaisir des écrivains et des cinéastes qui ont vu en ce prisonnier, le plus connu de France, tantôt une victime de l'arbitraire royal, tantôt une figure typiquement romantique. [...]
[...] Malgré le sérieux de ses investigations, ce sont toutes les hypothèses, des plus sérieuses aux plus incongrues, qui vont se succéder au fil des années. Parmi elles se distingue celle qui désigne Molière comme étant le Masque de fer. Pour découvrir la vérité, il faut examiner de près les registres tenus par Saint-Mars ainsi que la correspondance qu'il entretenait avec le marquis de Louvois, puis avec son fils Barbezieux. Au total, ce sont sept détenus qui sont enregistrés à Pignerol. Parmi eux doit forcément se trouver le Masque de fer. [...]
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