I. Les idées de Vergennes.
Le 6 juin 1774, Louis XVI choisit Vergennes pour diriger les Affaires étrangères, sans doute sur le conseil de Maurepas, qui devenait le principal ministre.
Charles Gravier, chevalier, puis compte de Vergennes (1717-1787) avait été le neveu et l'élève du diplomate Chavigny et avait fait toute sa carrière à l'étranger – Trèves, Hanovre, Constantinople, Stockholm. Il avait été initié en 1755 au « Secret du roi » : il en fut l'un des maillons essentiels en Turquie et en Suède. Dans ce dernier, il aida le roi Gustave III à réaliser un coup de majesté qui rétablissait la monarchie absolue. Il connaissait bien la situation internationale et avait montré ses talents de négociateur. Il n'était pas connu en France et sa nomination étonna. Travailleur, sérieux, prudent, Vergennes resta en poste jusqu'à sa mort en 1787. Il avait la réputation d'être avare et avide, pour lui et pour sa famille. Ce n'était pas un courtisan et il préférait la compagnie de ses amis dans sa « petite maison » de l'avenue de Paris à Versailles, mais il sut jouer des intrigues de cour, en sachant se concilier l'entourage de la reine Marie-Antoinette, fille de Marie-Thérèse et sœur de l'empereur Joseph II.
[...] La revanche fut la ligne directrice de la politique étrangère de la France, au temps de Vergennes. Le ministre était en cela soutenu par l'opinion publique. Il méprisait le système politique de l'Angleterre. Il n'hésita pas à saisir l'occasion de la révolte des Américains. Il apaisa les scrupules de Louis XVI qui répugnait à soutenir des sujets révoltés, même si Vergennes lui-même n'avait pas de sympathie pour de tels rebelles, d'autant plus que c'étaient des républicains. Ce choix le rassurait car, selon lui, les Américains ne pourraient devenir une grande puissance internationale, mais affaibliraient pour longtemps l'ennemi héréditaire. [...]
[...] La politique de Vergennes et ses conséquences 1. La révolte des treize colonies. Les treize colonies anglaises d'Amérique du Nord supportaient de plus en plus mal la tutelle de la métropole. Les colons critiquaient les impôts fixés à Londres, contestaient les tarifs douaniers qui étaient imposés aux colonies et qui entravaient leur commerce, et ils voulaient participer à la décision politique. Peu à peu ils s'organisèrent et, en décembre 1773, la Boston Tea Party marqua la rupture : de faux Indiens jetèrent à la mer du thé venu d'Angleterre, dont on voulait imposer la vente en Amérique. [...]
[...] Vergennes fut un partisan farouche de l'alliance avec l'Espagne, alors que Maurepas voulait se dégager de toute alliance, qui eût pu être embarrassante. En fait, Vergennes estimait que, seule, l'union des deux flottes permettrait d'égaler la puissance de la Royal Navy. Vergennes voulait entretenir l'alliance autrichienne, mais il se méfiait des initiatives de Joseph II, qui avait pris la couronne impériale à la mort de son père. En revanche, il avait confiance en Marie-Thérèse qui gouvernait l'Autriche avec son fils. [...]
[...] Gilbert de La Fayette était né d'une vielle famille auvergnate et était héritier d'une grande fortune. Lieutenant en 1773, il se maria en 1774 avec Adrienne, fille du duc d'Ayen, et il entrait ainsi dans la grande famille des Noailles. En 1775, il fut initié à la franc-maçonnerie. Sans doute convaincu par le compte de Broglie, compagnon d'armes de son père et ancien chef du Secret de Louis XV, La Fayette annonça, en mars 1777, qu'il voulait partir pour les Etats-Unis. [...]
[...] La guerre d'indépendance américaine avait été un succès pour la France et pour l'Espagne, alliées par le pacte de famille, mais les finances de ces deux puissances étaient désorganisées par la guerre. Vergennes qui, dans ces circonstances, voulait assurer la paix, prépara un rapprochement avec l'Angleterre, qui parachevait ainsi sa politique et qui aboutit en 1786 à un traité de commerce. L'Angleterre avait vu son prestige atteint par la défaite mais en réalité la perte des colonies américaines n'entama pas les relations commerciales entre l'ancienne métropole et les Etats-Unis Turgot avait prévu la force de ces liens économiques, sociaux et culturels et ainsi eu a posteriori raison contre Vergennes. [...]
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