Au cœur du paradigme historiographique des Annales tel qu'il a été développé par Marc Bloch, Lucien Febvre, puis Fernand Braudel, se trouve l'ambition de réaliser une histoire globale. En délaissant largement les rivages de la seule histoire politique, il s'agissait d'attirer les regards historiens vers les sphères de l'activité économique, de la vie sociale et des mécanismes de la psychologie collective. Un horizon de synthèse présidait alors à l'intentionnalité historienne qui visait à mettre en relation le tout et ses parties, à détecter les cohérences entre l'économique, le social et le culturel, de manière à saisir les relations complexes que nouent les différents facteurs d'un problème ou d'une situation historique. La volonté d'ouvrir l'histoire au dialogue avec les autres sciences sociales procède alors également de ce désir de totalisation. Mais, dans L'histoire en miettes (1987), François Dosse a bien montré combien l'entreprise annaliste participait aussi d'une tentative impérialiste de marché commun des sciences de l'homme fédérées autour de l'histoire, lieu-carrefour de la synthèse et d'une écriture globalisante susceptible de faire émerger une interscience , comme le souhaitait Fernand Braudel.
[...] L'ambition d'une histoire totale n'est alors plus de mise et on commence à privilégier l'étude intensive d'objets limités. Le succès de Montaillou, village occitan de 1924 à 1324 (1975) d'Emmanuel Le Roy Ladurie symbolise à lui seul ce déplacement des attentions et des regards. Alors même que la discipline rencontre un fort succès public, s'ouvre néanmoins avec la nouvelle histoire une période de fragmentation des études historiques en d'innombrables histoires possibles. Qu'on le regrette ou qu'on s'en félicite, on s'accorde à constater que l'historiographie française n'est plus soumise à un paradigme scientifique unificateur, en tout cas dominant. [...]
[...] La réhabilitation et le renouveau de l'histoire politique, longtemps discréditée par les Annales, ont porté un temps cette ambition. Ainsi, pour René Rémond, le politique est le lieu de gestion de la société globale et le point où confluent la plupart des activités Selon lui, cette histoire doit alors s'inscrire dans une perspective globale où le politique est un point de condensation Elle peine cependant à émerger comme nouveau paradigme d'histoire globale, sans doute en raison de sa faible ouverture aux sciences sociales et d'une réflexivité limitée. [...]
[...] La volonté d'ouvrir l'histoire au dialogue avec les autres sciences sociales procède alors également de ce désir de totalisation. Mais, dans L'histoire en miettes (1987), François Dosse a bien montré combien l'entreprise annaliste participait aussi d'une tentative impérialiste de marché commun des sciences de l'homme fédérées autour de l'histoire, lieu carrefour de la synthèse et d'une écriture globalisante susceptible de faire émerger une interscience , comme le souhaitait Fernand Braudel. Durant les années 1960, un certain nombre de travaux marquants vont être fidèles au dessein initial de compréhension globale des premières Annales, tels ceux de Jacques Le Goff. [...]
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