La royauté restait revêtue d'un immense prestige. La cérémonie du sacre faisait du souverain un être à part, marqué par Dieu pour gouverner. La 'prérogative royale', ou pouvoir personnel du souverain, reste très étendu, surtout sous Henri VIII, au tempérament autoritaire : il s'exerce par la voie des 'proclamations royales'. Elisabeth connaissait l'ampleur du pouvoir dont elle allait jouir comme reine, et elle était décidée à en user pleinement.
Le royaume, au sommet, est administré sous l'égide du Conseil privé du souverain, qui est fait d'environ quarante personnes sous Marie Tudor et qui, réorganisé dès son accession au trône par Elisabeth, devient un instrument commode de gouvernement. Henri VIII l'avait maîtrisé avec une poigne de fer, Marie Tudor avait été incapable d'y imposer son autorité : tout dépendait de la personnalité du souverain. Il nomme au Conseil qui il veut, et confie à tel ou tel membre les responsabilités qu'il veut ; ainsi, par la composition du Conseil, on pouvait déjà avoir une idée de l'orientation de la politique royale.
[...] Le système était commode pour le gouvernement : le Trésor avait peu d'argent dispo pour payer les hauts fonctionnaires et les courtisans, dont la fidélité ne pouvait être obtenue qu'à condition de leur donner des avantages matériels correspondants à leur niveau social ; E. n'aimait pas accorder titres de noblesse et terres : patentes ne lui coûtaient rien. On finit par comparer les courtisans à des sangsues suçant le sang du peuple Ce problème provoque en 1597 et surtout en 1601 un conflit aigu entre le Parlement et la Couronne. [...]
[...] Il n'est pas un pouvoir indépendant de celui de la couronne. Le souverain dispose du droit de convoquer le Parlement à son gré, de l'ajourner ou de le dissoudre, et dispose des moyens pour en contrôler les élections et les débats. Il n'y a aucune séparation des pouvoirs : il n'y a en fait qu'un seul pouvoir, celui du souverain qui daigne associer, consulter, écouter, parfois suivre, mais toujours par sa libre détermination. Ainsi, si les parlementaires ont gagné la liberté de s'exprimer (1523), c'est uniquement sur les matières qui leur sont proposées. [...]
[...] Un renforcement de l'institution . mais toujours au profit de la souveraine III. Le gouvernement local Le contrôle du pays Les sheriffs Les juges de paix Les disparités régionales Bibliographie Élisabeth 1re, le pouvoir et la séduction, Michel Duchein Histoire de la Grand-Bretagne, Le triomphe d'une monarchie modérée Roland Marx, coll. Tempus Histoire de l'Angleterre, L'ère élisabéthaine Roland Marx, Fayard L'Angleterre du XVIe siècle à l'ère victorienne, François-Charles Mougel, Que sais-je ? [...]
[...] Mais remise en perspective historique : les ambassadeurs avaient tendance à considérer le royaume insulaire comme mieux tenu en main que la plupart des pays du continent. Le pouvoir central ne s'exerçait que de façon très légère (sauf à Londres et dans quelques comtés où la cour résidait habituellement (home counties), dans un rayon de 50km autour de la capitale). Les sheriffs, officiers royaux remontant au Moyen-Âge n'avaient plus, au 16e siècle, qu'un pouvoir de police. Les juges de paix (justices of the peace) étaient les premiers garants de l'ordre, avec attributions administratives et judiciaires, mais c'étaient des gentilshommes locaux exerçant leurs fonctions gratuitement, donc pas de simples et dociles agents du gouvernement. [...]
[...] Ils surveillent tout, aussi bien leurs supérieurs (les sheriffs) que les agents subalternes (constables, fonctionnaires paroissiaux). Le juge de paix incarne la Loi et le pouvoir. Limite du pouvoir royal local : le juge de paix est à la fois le représentant d'une classe (la gentry) que celui de la Couronne, et tous étaient solidaires sur certaines questions. Le gouvernement pouvait les punir ou les révoquer, mais leurs remplaçants avaient leur mentalité, et devant une résistance collective le souverain même était désarmé. [...]
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