Se dressant contre la domination de l'école positiviste, une nouvelle tendance dans l'historiographie (c'est-à-dire l'histoire de l'histoire) française s'exprime assez franchement dans la revue Les Annales au cours des années 1930. Le courant novateur néglige l'événement et insiste sur la longue durée. Il déplace son attention de la vie politique vers l'activité économique, l'organisation sociale et la psychologie collective, s'efforçant de rapprocher l'histoire des autres sciences humaines. Ces orientations sont exposées dans l'article de Lucien Febvre « Combat pour l'histoire » et dans celui de Marc Bloch, resté inachevé « Métier d'historien ». Après la Seconde Guerre mondiale, la nouvelle histoire s'impose en s'appuyant sur la 6e section de l'Ecole pratique des Hautes Etudes. Dans les années 50 et 60, les collaborateurs des Annales défrichent les terrains de la géographie historique, de l'histoire économique, de la démographie historique ; dans les années 1970, ils ouvrent le domaine de l'histoire des mentalités. Au terme d'un demi-siècle d'expériences, l'esprit des Annales imprègne la plupart des historiens en France – sans avoir vaincu toutes les résistances universitaires – et l'influence de certains historiens à l'étranger.
[...] C'est après la Guerre que les Annales vont prendre leur envol. La disparition de Marc Bloch ne va pas passer inaperçue. Fernand Braudel sera le successeur de Lucien Febvre dès 1947. D'autres historiens renforceront la revue, tel Pierre Chaunu. Dans les années 50-60, les Annales sont parmi d'autres revues, mais bénéficient d'un soutien institutionnel par le biais de la sixième section de l'Ecole Pratique des Hautes Etudes fondée par Lucien Febvre en 1947, puis dirigée par Braudel de 1956 à 1972, avant de devenir en 1975 l'EHESS. [...]
[...] Au cours des années 1920, l'Université de Strasbourg réunit des historiens dont font partie Lucien Febvre et Marc Bloch qui vont décider de se regrouper pour former un projet unique. Ils vont se mettre à dialoguer avec un géographe, un psychologue Parvenus à l'âge de la maturité, Lucien Febvre et Marc Bloch fondent la revue des Annales d'histoire économique et sociale en 1929. Le premier numéro affiche les deux objectifs de la revue. Le premier est de briser l'esprit des spécialités ; le second est de passer des débats théoriques aux réalisations concrètes. [...]
[...] Cette pluralité ne suffit pas à définir les Annales. La spécificité des Annales se trouve dans le titre qui laisse entendre les différentes disciplines. Lucien Febvre est nommé professeur au Collège de France en 1933 et Marc Bloch professeur à la Sorbonne en 1936. Obligés de quitter Strasbourg, ils emmènent leur revue avec eux à Paris, ce qui a pour conséquence l'augmentation notable des lecteurs. Pendant la guerre, Marc Bloch est fusillé en juin 1944 pour Résistance. A partir de 1946, Lucien Febvre, devenu le seul directeur de la revue, va s'entourer d'une nouvelle équipe, dont fait partie Fernand Braudel. [...]
[...] C'est à ce moment-là que l'école des Annales est à son apogée. C'est l'époque où ces historiens répondent à un grand défi : faire face à l'histoire structurelle (fondée par Lévi-Strauss). Les historiens se mettent à penser qu'à l'histoire de la longue durée (idée de Braudel). A côté de l'histoire immobile développée par Emmanuel Le Roy-Ladurie qui lance cette façon de faire de l'histoire dans sa leçon d'ouverture. Les années 1970 marquent une nouvelle étape dans l'histoire des Annales ; nouvelle génération incarnée par André Bruguière, Marc Ferro et Jacques Le Goff qui arrivent avec l'idée d'une histoire sociale des mentalités. [...]
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