Exposé de'Histoire Moderne: L'affaire Chastel et les Jésuites (6 pages)
L'assassinat d'Henri III par Jacques Clément, le 2 août 1589, marque le début d'une longue série d'attentats contre la personne du Roi de France qui ne s'achèvera qu'en mai 1610, avec la mort d'Henri IV et l'exécution de Ravaillac. Cette période, dite de « tyrannicide permanent »1, compte vingt-six attentats et tentatives d'attentats, dont vingt-cinq contre le seul Henri de Navarre2. Elle naît d'une fragilisation du pouvoir monarchique confronté à un pays divisé entre la Ligue, papiste et pro-espagnole, le parti protestant et les soutiens de la royauté. Elle se poursuit avec l'accession au pouvoir d'Henri IV, parjure pour les uns, soupçonné d'hérésie par les autres. L'attentat perpétré par l'étudiant en droit Jean Chastel le 27 décembre 1594 est la première tentative sérieuse d'assassinat du nouveau roi. Elle est intéressante à deux titres : d'une part, elle est suffisamment connue pour aider à comprendre les conditions de possibilité du tyrannicide ; d'autre part, elle est fortement instrumentalisée par le Parlement et l'Université de Paris contre la Compagnie de Jésus, afin de régler un contentieux plus ancien.
I) Les ingrédients du tyrannicide : un mélancolique sous influences
II) L'instrumentalisation de l'affaire Chastel contre les Jésuites
[...] Les origines de cette charge contre les Jésuites sont bien antérieures à l'affaire Chastel8. Elles se repèrent dans le conflit qui, dès l'installation de la Compagnie à l'hôtel de Clermont entre 1550 et 1553 sur l'invitation de l'évêque Guillaume Duprat, l'a violemment opposée à l'Université et au Parlement. Ce dernier en effet, refusé d'enregistrer les lettres patentes d'Henri II autorisant les Jésuites à s'installer à Paris. De son côté, l'Université se prévaut du monopole que lui a accordé le Saint-Siège en matière d'enseignement supérieur. [...]
[...] Il est indéniable que l'affaire Chastel constitue, pour les ennemis des Jésuites, une opportunité à saisir. Elle advient dans la foulée d'un regain d'hostilité à leur égard : alors que l'Université a reconnu le roi Henri IV peu après son entrée dans Paris le 22 mars 1594, les Jésuites, liés par leur voeu de fidélité au pape, ne peuvent préjuger de l'absolution romaine. Ce refus de reconnaître le monarque les fragilise, entraînant un déchaînement de violence verbale à leur endroit. [...]
[...] Education jésuite et personnalité du meurtrier : si tous les auteurs s'accordent pour souligner que la personnalité tourmentée de Jean Chastel est la cause directe de l'attentat, ils n'attribuent pas tous le même rôle à l'éducation ignatienne dans la formation de cette personnalité. Jean Chastel a été élève du Collège jésuite de Janine GARRISSON, Henri IV, Paris, Seuil pp. 288-301 Monique COTTRET, Tuer le tyran, Paris, Fayard p.134 Clermont aujourd'hui lycée Louis le Grand pendant trois ans. Il y a notamment suivi les enseignements du Père Jean Guéret. Puis il a rejoint l'Université pour y étudier le droit. [...]
[...] II L'instrumentalisation de l'affaire Chastel contre les Jésuites Dès le soir de l'attentat, les ennemis de la Compagnie désignent les Jésuites comme instigateurs du régicide. Pour cela, ils mettent dans la bouche du roi des paroles qu'il n'a probablement pas prononcées : fallait-il donc que les Jésuites fussent convaincus par ma bouche ? Apprenant que l'assassin a étudié au collège de Clermont, ils accusent les Jésuites d'avoir armé son bras par des propos séditieux, voire de l'avoir aidé à planifier l'attentat. [...]
[...] Un procès à charge contre les Jésuites est instruit par le Parlement à la faveur de l'affaire Chastel. Bien qu'aucune preuve de leur implication dans l'attentat ne puisse être formellement établie les réponses de Chastel les dédouanent de toute responsabilité deux faits vont conduire à leur mise en accusation. Le premier est la relation privilégiée entretenue par Chastel avec le Père Guéret, son professeur de philosophie, qui permet de désigner en lui un corrupteur de la jeunesse Il lui est notamment reproché de n'avoir pas retenu Chastel au collège quand il l'a vu si tourmenté, quelques jours avant l'attentat. [...]
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