Nathan Watchel, "La vision des vaincus"

Résumé du document

Né en 1935 Nathan Wachtel est historien et anthropologue, spécialiste de l'Amérique latine. Agrégé d'histoire en 1962, il intègre l'École pratique des hautes études l'année suivante. Il y mène ses premières recherches sur l'histoire et la sociologie des sociétés andines et publie plusieurs articles dans les Annales (revue fondée par Marc Bloch et Lucien Febvre. En 1971, son premier livre, La Vision des vaincus, s'impose comme un modèle d'historiographie structurale et décentrée. En 1976, Nathan Wachtel est nommé directeur d'étude à l'Ecole des hautes études en sciences sociales et enseigne dans de nombreuses universités étrangères (Princeton, San Marcos de Lima, Prague). Il est depuis 1992, titulaire de la chaire d'Histoire et anthropologie des sociétés méso et sudaméricaines, au Collège de France.

Après plus de quinze années de travaux sur le Pérou et la Bolivie, où il a effectué de nombreux séjours, il a engagé depuis 1999 des études de terrain sur les descendants des « nouveaux chrétiens » dans la région du Nord-Est brésilien (...)

Extraits

[...] La situation coloniale se prolonge bien après la Conquête. Les révoltes indiennes, soit sous la forme simple de contre-violence, soit sous la forme complexe d'espérance millénariste, échouent sauf aux Frontières. Apparaissent des mouvements millénaristes, tel que Taqui Ongo ou la guerre de Mixton au Mexique. Manco Inca organise la résistance aux Espagnols. Puis, l'un de ses successeurs, Titu Cusi, se fait baptiser pour préserver l'Etat néo-inca et le faire coexister avec les Blancs. 2/3 Fiche de lecture : Histoire européenne A.C Ensuite l'auteur montre que la guerre et l'acculturation sont liés. [...]

[...] Nous savons que s'il n'y a pas de traces, il n'y a pas d'histoire. Les sources permettent de garder des traces du passé, mais elles impliquent généralement une certaine spontanéité et subjectivité. Il existe plusieurs types de sources, les documents écrits sont certes les plus connues, mais Nathan Watchel utilise toute une variété de sources pour rédiger son œuvre. On retrouve notamment trois types : des chroniques rédigées par des indiens, des traditions orales (chants, contes . et le folklore indigène contemporain. (fêtes, danses, théâtre . [...]

[...] C'est cette organisation que bouleverse la domination espagnole. L'auteur utilise le terme de déstructuration nous entendons par là, la survivance de structures anciennes ou d'éléments partiels de celles-ci, mais hors du contexte relativement cohérent ou elles se situaient : après la conquête, des débris de l'État inca restent en place, mais le ciment quo les unissait se trouve désintégré. La déstructuration se manifeste à tous les niveaux : démographique, économique, social, religieux. On assiste à une réelle catastrophe démographique. La chute est particulièrement rapide pendant les 20 années qui suivent la conquête, puis cela s'atténue mais la tendance restant à la baisse. [...]

[...] En 1971, son premier livre, La Vision des vaincus, s'impose comme un modèle d'historiographie structurale et décentrée. En 1976, Nathan Wachtel est nommé directeur d'étude à l'Ecole des hautes études en sciences sociales et enseigne dans de nombreuses universités étrangères (Princeton, San Marcos de Lima, Prague). Il est depuis 1992, titulaire de la chaire d'Histoire et anthropologie des sociétés méso et sudaméricaines, au Collège de France. Après plus de quinze années de travaux sur le Pérou et la Bolivie, où il a effectué de nombreux séjours, il a engagé depuis 1999 des études de terrain sur les descendants des nouveaux chrétiens dans la région du Nord-Est brésilien. [...]

[...] Ce livre inverse l'ordre des choses puisqu'on se retrouve confronter au point de vue des vaincus. Mais ce dernier serait tout aussi partiel que le seul point de vue des vainqueurs : il importe de restituer une vision globale de l'histoire Par cette oeuvre, nous ne nous retrouvons plus face à une vision européo-centrée mais à une vision toute nouvelle, celle des Indiens, qui fut passée sous silence. Nous perdons cette habitude de percevoir la conquête espagnole en tant que triomphe, période de richesse et de gloire. [...]