La violence aux temps des troubles de religion, Chapitres I, VII, XI, XII, Denis Crouzet, violences de Dieu, violence huguenote
En partant du constat de l'« inadéquation des approches historiographiques du second XVIe siècle français » (expression de L.Febvre), l'auteur induit dans ce chapitre, à partir d'une étude micro-évènementielle (la violence enfantine catholique), une approche du facteur religieux comme cœur du conflit.
On retrace ici le cheminement des approches précédentes des origines des guerres de religion.
Un point de départ : le modèle Hauser :
En 1899, l'historien H.Hauser fonde l'historiographie des années 1960-80, par une approche de la Réforme comme « révolution universaliste », ayant pour fondements « la misère et l'iniquité » conséquentes d'un grand mouvement inflationniste plutôt que la rupture avec la foi catholique, vue plutôt comme une étape vers la modernité sociale que comme un réveil de la foi. Cette approche néglige toutefois le pouvoir de la religion comme facteur de causalité à part entière, et, surtout, se base sur le prédicat, contestable selon D.Crouzet, d'une religion catholique sclérosée et aux dogmes archaïques ; on peut alors se demander pourquoi une telle Église n'a paradoxalement pas été balayée par la modernité protestante ?
[...] On va jusqu'à lui faire tenir des discours imaginaires sur ses ambitions royales, on le présente homme sans scrupules, seule personne diabolique dont la visée finale serait son objectif personnel. Coligny se servirait ainsi de la religion comme prétexte pour des ambitions politiques. Voila pourquoi l'ordre voulu par Dieu devait se défendre contre se désordre subversif qui ne pouvait être inspiré que par un athéisme satanique, dans la mesure où la révolte du sujet contre le Prince était dite une révolte contre Dieu, une négation de la puissance divine. [...]
[...] -Une crise dans la crise : l'éradication de l'interdit, insurrection sociale ? L'auteur aborde ici le rêve socio-politique sous-jacent à l'iconoclasme, moment fugitif d'une prise du pouvoir par les fidèles, d'un éclatement nihiliste des contraintes de la société temporelle, outrepassant les prérogatives de l'Eglise calviniste officielle, en un excez de violence .On arrive à l'idée que la finalité de ces actes, loin de se limiter à la liberté de culte revendiquée par les principaulx de la religion est l'instauration immédiate ,sur les ruines de l'ancien monde, d'une société nouvelle purifiée par la Parole retrouvée. [...]
[...] Le rôle du Prince est donc devoir et office comme réciproquement le peuple a des devoirs envers son souverain. S'il y a corruption de ce rapport roi/peuple (ce qui semble être le cas dans les années qui précèdent la Saint Barthélemy), alors la violence protestante est justifiée, agissant pour le bien de tous. Résister à l'Injustice n'est pas résister à Dieu, comme l'affirment les polémistes catholiques, mais au contraire s'abandonner à Lui, c'est affirmer Sa toute- puissance et Sa primauté absolue Violence et pouvoir : la royauté sacrale sur la défensive -Les indices d'une appréhension monarchique A la suite de l'attentat contre Coligny (22 août), la royauté est dans une impasse. [...]
[...] Ce T royal, en fondant symboliquement la barbarie collective dans la violence divine incarnée par le roi, va à l'encontre d'une aspiration à poursuivre plus loin une violence prophétique qui s'est senti et se sent alors toujours spoliée. Dès lors apparaît un nouveau rapport de force qui déterminera la suite des guerres de religion. [...]
[...] En public ilsz mettoient en avant le pretexte de religion, en secret ilsz ne bastissoient rien que guerres et dissensions. -Un chaînon manquant ? Ces deux textes apologétiques qui offrent une reconstruction historique schématique visant à devancer les accusations protestantes. Ce qu'ils occultent, c'est le pourquoi de cette volonté de renversement huguenote. L'idée catholique est que les protestants réfutent l'idée de Dieu (d'où justification d'une violence de Dieu) alors qu'en réalité ils contestent l'idée de roi élu de Dieu. [...]
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