L'ouvrage se base sur l'étude des œuvres de 13 utopistes français, qui écrivent dans la période du règne de Louis XIV. C'est réellement dans cette période que s'élabore une Utopie d'un nouveau genre : l'Utopie de révolte. Elle s'oppose à une France marquée par l'absolutisme politique, l'agressivité diplomatique se soldant par la guerre et l'aboutissement du phénomène de Cour et de privilèges. Tous les aspects de la France de Louis XIV y sont critiqués, et ce jusqu'aux canons esthétiques. Cette nouvelle Utopie semble donc s'accorder à la définition de Karl Manheim, qui voit en elle le « refus de toute idéologie dominante dans une société ou un Etat ».
Il va notamment s'agir pour l'auteur d'étudier dans quelle mesure cette définition se vérifie, et l'on verra que ce n'est le cas que partiellement. Plus encore, il s'agit de trouver une unité parmi les différentes alternatives à la France louis-quatorziennes proposées par les utopistes, et de les rattacher à un courant plus global : ce sera l'Humanisme, et plus particulièrement cet Humanisme qui devient au 19e siècle le « socialisme », entendu comme cette caractéristique propre au monde occidental de l'aspiration au bonheur, à l'égalité et à la justice pour tous.
[...] De plus, quand bien même quelques auteurs envisagent les révoltes sous Louis XIV, par exemple Yves-Marie Bercé, il s'agit uniquement de révoltes populaires et concrètes, physiques. La spécificité de cet ouvrage réside dans son attachement à l'étude d'un genre littéraire, et donc d'une révolte plus insidieuse, plus difficile à appréhender. D'autre part, il s'agit d'une révolte entreprise par des personnages parfois importants dans l'Etat ( le Baron de Lahontan est officier du Roi ; Duquesne est légat dans la Marine Royale, et Fontenelle sera secrétaire perpétuel à l'Académie française.) Cela montre à la fois la teneur de la révolte et son ambiguïté : elle n'est pas une déclaration ouverte à l'encontre du Roi, sans quoi elle serait incompatible avec des fonctions dans l'administration royale. [...]
[...] Plus encore, il s'agit de trouver une unité parmi les différentes alternatives à la France louis-quatorziennes proposées par les utopistes, et de les rattacher à un courant plus global : ce sera l'Humanisme, et plus particulièrement cet Humanisme qui devient au 19e siècle le socialisme entendu comme cette caractéristique propre au monde occidental de l'aspiration au bonheur, à l'égalité et à la justice pour tous. En cela, l'Utopie est à la fois un formidable précurseur et un précieux témoignage pour l'historien. Introduction I. Les Utopistes et leurs utopies II. Origines, mythes et histoire en Utopie III. Religion, morale et système de valeurs en Utopie IV. Etat et société V. Les groupes marginaux VI. Guerre et colonialisme en Utopie VII. [...]
[...] Utopie et révolte sous Louis XIV, Myriam Yardeni Biographie Myriam Yardénifut professeur d'Histoire moderne à l'Université de Haïfa (Israël). Elle a publié de nombreux travaux sur la France et le protestantisme des XVIe et XVIIe siècles, dont Idéologie et propagande en France (Picard, 1987), Repenser l'histoire: aspects de l'historiographie huguenote des Guerres de religion à la Révolution française (Champion, 2000), ainsi que notre ouvrage, paru chez Nizet en 1980. Elle fait ses études à l'Université hébraïque de Jérusalem, où elle obtient son Master en 1961, et poursuit par un Doctorat à La Sorbonne sous la supervision de Roland Mousnier en 1963. [...]
[...] Elle est pleinement justifiée car l'Utopie est supérieure aux autres formes politiques et sociales. Ainsi, il y a parfois place dans les Utopies pour une armée et une préparation à la guerre. La guerre doit être évitée dans la mesure du possible, mais une guerre de conquête sera toujours juste, au nom de la supériorité de l'Utopie. On retrouve cette ambiguïté dans le positionnement par rapport aux cultures extérieures. Le contact avec l'extérieur est toujours vu comme un danger majeur, car il risque de compromettre la vertu et les moeurs chères aux membres de l'Utopie. [...]
[...] C'est ainsi que despotisme et totalitarisme ne sont pas incompatibles avec l'utopie, bien au contraire. La grande nouveauté, et par là le divorce avec la France de Louis XIV, c'est que les buts de l'Etat sont tournés vers ses habitants, et qu'il est tout entier au service de leur bonheur-dans son acception évoquée précédemment. De là découle un nouveau système de valeurs, qui s'instaure sous la tutelle de l'Etat. Les honneurs et blâmes sont repensés et se fondent tout entier sur le critère de l'utilité sociale : ainsi du système de noblesse de mérite envisagée par Lesconvel, dans lequel la noblesse s'acquiert à l'issue d'un examen particulièrement difficile.Le nivellement social est reconnu comme nécessaire, mais la notion de mérite est au centre de celui- ci. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture