La trahison des Rosenberg

Thèmes abordés

Rosenberg, trahison, espionnage, guerre froide, antisémitisme

Résumé du document

L'histoire montre inlassablement qu'elle est plus facile à comprendre, à cerner avec le recul. Vécus à chaud, certains évènements peuvent être mal interprétés. C'est ce qui est arrivé dans l'affaire Rosenberg. Rassemblés pour défendre ce couple condamné pour espionnage, un mouvement de gauche se met en place (ralliant à leur cause tous les intellectuels). Il soutient l'innocence des Rosenberg avant de reconnaître des années plus tard s'être trompé. Une série d'évènements a définitivement étayé la thèse de la culpabilité des époux. Il y eut d'abord l'ouverture au public des archives du FBI en 1975, puis l'ouverture des archives sur l'espionnage soviétique de la période stalinienne dans les années 1990, avec notamment les Mémoires de plusieurs agents du KGB en lien direct avec Julius Rosenberg le principal protagoniste de l'affaire.

Extraits

[...] Une vision très manichéenne et simple à assimiler s'extirpe de l'idéologie communiste. Ce mouvement de masse s'explique aussi par l'influence des intellectuels de l'époque, la crise des années 30 ou la vague d'antisémitisme qui inonde le monde. En réalité, les fantasmes nourris par la propagande forment des idiots utiles c'est-à-dire des hommes vivant dans des démocraties 8 qui aident moralement voire matériellement l'idéologie totalitaire. Ils tressent la corde qui servira à les pendre Face au fantasme soviétique, et dans les années 30-40, les Juifs des Etats-Unis sont confrontés aux quartiers les plus malfamés, sont parfois interdit d'accès aux grandes écoles et travaillent sous-payés dans des boutiques misérables. [...]

[...] Julius et Ethel Rosenberg sont exécutés le 19 juin 1953. Ils sont devenus des martyrs et sont certainement plus utiles à leur cause morts que vivants Les fichiers du FBI En 1975, Michael et Robert, fils de Julius et Ethel Rosenberg invoquent la nouvelle loi dite de Freedom of Information pour demander à la justice le dossier de leurs parents. Par cet acte, ils espèrent trouver l'innocence de leurs parents. Ils sont aidés dans cette quête par Ronald Radosh un historien juif et communiste persuadé de pouvoir démontrer que le procès était truqué. [...]

[...] S'en suit alors des trahisons en série. Tout commence par la découverte, de deux savants allemands immigrés en Grande-Bretagne, sur la mise au point de la bombe atomique en estimant la masse critique nécessaire à la fission de l'uranium 235 Ces savants ont alors l'autorisation du gouvernement Churchill de mettre en place la construction d'une bombe nucléaire. Parmi les hommes assimilés au projet, un certain Klaus Fuchs est engagé. Communiste de la première heure, il s'empresse de prendre contact avec les services secrets soviétiques et vend des informations sur ce fameux projet Manhattan. [...]

[...] Le problème vient de la présentation du cas par le procureur. Il évoque lors du procès le vol du secret de la bombe atomique alors que le sujet d'espionnage se limite à quelques éléments utiles à la fabrication de l'arme nucléaire. Il apparaît nettement que la portée des informations obtenues ait été surestimée. Morts de n'avoir pas coopérer, les époux Rosenberg auraient pu être graciés s'ils avaient consenti à parler, comme le veux le système juridique américain. Ils ont décidé jusqu'au bout de nier les accusations à leur égard. [...]

[...] De plus, l'ouverture des fichiers du FBI en 1975 confirme que les témoins n'ont pas menti et que le procès n'est pas truqué. Les accusations portées par Max Elichter, Harry Gold, Elizabeth Bentley ne souffrent pas de corruption. Le cas d'Ethel Rosenberg demeure plus flou. Les archives soviétiques montrent qu'elle a participé activement aux rencontres entre son mari et des agents soviétiques. Elle a donc bien conspiré comme soutenait son accusation, mais son degré d'implication reste difficile à déterminer. La preuve de leur culpabilité faite, se pose la question de la peine en elle-même. [...]