S'il est un caractère commun aux villages français, durant les trois siècles de l'époque moderne, c'est bien la solidité. Cette robustesse des villages français se marque aussi par leur pérennité. Le caractère limité des mutations le montre.
Le village proprement dit est rarement délaissé, quelques foyers s'y accrochant pour tirer parti de ses terres fertiles. Les cas d'abandon total sont d'ailleurs surtout groupés en deux périodes : pendant la guerre de Cent Ans et entre 1560-1720 à cause des guerres. Le village des céréaliers français subit moins de dégâts que celui des pays lainiers. Et à partir du XVIIIe siècle, le village français ne sera plus menacé jusqu'à l'exode rural de notre siècle.
Au-delà de ces traits d'ensemble, la diversité des villages est grande. Le mieux est sans doute de partir de la classique opposition entre l'habitat dispersé du bocage de l'Ouest et l'habitat groupé de Lorraine, Bourgogne, etc., en laissant provisoirement de côté le village méditerranéen. La langue même rend compte de ses différences. En pays d'habitat groupé, le chef-lieu de la communauté est le village, mais en pays d'habitat dispersé ce chef-lieu devient le bourg alors que l'appellation du village est précisément réservée aux écarts, aux hameaux. Les villages groupés correspondent en général des terroirs plus restreints, les rapports avec le monde extérieur sont différents. Le village groupé est lié à un mode de vie communautaire et à de fortes contraintes collectives. Dans ce type d'organisation rurale la rotation des cultures sur les soles était triennale. Le lieu le plus commode pour établir bâtiments d'habitation et d'exploitation était un noyau central, le village. Plus généralement, la discipline collective exigeait une surveillance de l'individu par le groupe, et le village aggloméré favorise effectivement cette surveillance.
Le village est synonyme de vie collective et sociale plus grande. Aussi importe-t-il de savoir si openfield et villages agglomérés se sont multipliés sous l'Ancien Régime ou bien si leur nombre a diminué. Du XVIe au XVIIIe siècle le royaume de France ne connait pas en ce domaine de mutations importantes. Cette stabilité ne va pas cependant sans des modifications dans telle ou telle région. Il y a d'abord résistance et même expansion de l'openfield. Les créations de villages à la fin du XVIe siècle et au début du XVIIe siècle sont faites selon le système de l'openfield. On ne conclura pas cependant de ces lignes que le village groupé, favorable à la sociabilité, ne connait que des succès sous l'Ancien Régime. Les conversions de l'openfield en bocage, entrainant la mise en place d'un habitat de type dispersé, ne sont pas rares.
[...] Tous sont liés à la seigneurie à titre de receveurs, de fermiers. Ce type notable rural ne se trouve pas seulement parmi les gros fermiers cultivateurs du Bassin parisien. Dans d'autres régions, on rencontre des personnages comparables par l'influence qu'ils exercent sur la communauté d'habitants. Mais, plus fréquemment, ils sont issus du milieu des hommes de loi. L'existence de cette bourgeoisie rurale est fondamentale pour comprendre la sociabilité villageoise. Elle se distingue par son patrimoine et par les contacts qu'elle peut entretenir avec le monde extérieur à la communauté, mais aussi par son accès à une culture écrite, à des soins médicaux parfois. [...]
[...] Au rang des môles de résistance à l'influence du curé, il y a lieu de placer certaines confréries. Ce sont des confréries antérieures à la réforme tridentine, de fondation souvent médiévale, et que le clergé ne parvient pas à contrôler. Il s'agit par exemple de confréries de charité. De semblables malentendus se retrouvent à propos de confréries paroissiales très anciennes. Ces confréries sont dédiés au saint patron de la paroisse et elles sont souvent liées à un reinage qui, lui aussi, échappe au contrôle ecclésiastique. [...]
[...] Voilà qui accentue les divisions sociales du village, accélère parfois l'évolution oligarchique, introduit dans la communauté des propriétaires forains. L'aliénation des biens communaux a constitué trop souvent l'une des ressources des communautés. Les communaux sont utilisés pour couvrir certaines dépenses communautaires, que l'on nommait la massarderie. Les biens communaux ont été enfin et surtout un des signes même de l'existence d'une vie collective: les droits de jouissance qu'ils procuraient étaient gages d'appartenance à la communauté. De fait, les communaux sont bien au centre de la vie économique et collective du village. [...]
[...] Organiser des royaumes ou reinages constitue un moyen efficace pour les curés de bien contrôler les dévotions des villageois. Clergé rural et culture villageoise Dans sa lutte contre la culture populaire, la réforme tridentine n'a pu faire disparaître en effet un certain nombre de môles de résistance. Les anciens reinages en font partie. Il y a de plus tout un mouvement hostile aux reinages au cours des trois siècles de l'Ancien Régime. Toutes ces protestations visent les manifestations bruyantes des royaumes et plus précisément celles des royaumes qui accompagnent l'organisation de la fête villageoise. [...]
[...] La famille conjugale progresse certes dans la France de l'époque moderne. Mais les liens de parenté restent de force et d'obligation. Les groupes sociaux au village La société villageoise est fortement hiérarchisée. Il arrive souvent que les rôles de taille distinguent les propriétaires des fermiers et les fermiers de personnages notables, du seigneur. Au XVIe siècle l'éventail des titres est beaucoup plus complexe qu'aux siècles suivants. Au bas de l'échelle paysanne se trouve la masse des manouvriers. Ils forment presque toujours le plus grand nombre des villageois. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture