Dans son ouvrage, Daniel Roche s'attache à montrer le rôle que tiennent les nombreuses petites académies de province dans la diffusion des lumières au XVIIIe siècle. Il analyse ainsi la naissance,
les activités et le développement de ces académies. Les grandes institutions parisiennes, telles
que l' Académie Française, sont ainsi laissées pour compte, ou simplement évoquées à titre de
comparaison. De même, les grands auteurs des Lumières, leurs théories et leurs travaux majeurs
n'apparaissent pas dans l' ouvrage de Daniel Roche, qui préfère aborder les lumières sous un
angle tout à fait nouveau et singulier. Il commence son étude en 1680, époque qui voit naître une
première vague de créations académiques provinciales, pour l'achever à la Révolution Française,
qui marque la fin officielle des académies. Dans une première partie, Daniel Roche s' attache à
retrouver ce qui constitue l' essence même du mouvement académique provincial, et dans une
seconde partie, il analyse les éléments sociaux et culturels propres aux académies de province.
[...] Chapitre La culture acadéÈmique Dans ce chapitre, Daniel Roche tend montrer de quelle manièËre s'organisent les activitéÈs de la sociéÈtéÈ acadéÈmique; elles se déÈroulent en trois lieux: le concours, les séÈances publiques, et les assembléÈes privéÈes. Concours. Les concours sont d'une grande importance dans la vie intellectuelle du XVIIIèËme sièËcle. Les acadéÈmies, en déÈcernant un prix, affirment leur prestige et leur autoritéÈ. Les modalitéÈs d'organisation des concours sont semblables Paris et en province. Le choix des sujets se fait d'aprèËs discussion ou scrutin, ils sont préÈsentéÈs au public lors de la séÈance solennelle, et la presse européÈenne, nationale et provinciale, se chargent de les diffuser. [...]
[...] -les professions méÈdicales:le méÈdecin provincial est inséÈréÈ dans la vie savante via le réÈseau acadéÈmique. Le corps de santéÈ est un éÈléÈment constitutif de l'encadrement savant. La place des méÈdecins au sein de l'acadéÈmie correspond leur notoriéÈtéÈ intellectuelle et sociale. Ainsi, on constate que la bourgeoisie acadéÈmicienne s'inscrit dans le monde des talents, il s'agit avant tout d'une bourgeoisie de services. Les ressources de ces acadéÈmiciens varient selon leurs professions. Les 2/3 des acadéÈmiciens béÈnéÈficient de ressources minimales (appointements, salaires, honoraires). [...]
[...] On peut réÈpartir la noblesse en cinq grandes catéÈgories: - le clergéÈ noble - les officiers - les militaires -la noblesse provinciale inactive -la noblesse active Le clergéÈ noble repréÈsente 15% de la noblesse acadéÈmique. Il s'agit d'un groupe actif où˘ l'on compte de nombreuses personnalitéÈs. Le clergéÈ se distingue dans l'acadéÈmie par son rôÙle protecteur et la qualitéÈ de ses repréÈsentants provinciaux. Les officiers, eux, repréÈsentent 35% des nobles. Il constitue le groupe le plus important de la noblesse acadéÈmique. Ce milieu est socialement unifiéÈ par ses éÈtudes, ses pratiques professionnelles, et sa grande solidaritéÈ. Les repréÈsentants de l'arméÈe constituent un groupe inéÈgalement réÈparti selon les villes. [...]
[...] En déÈfinissant un cadre institutionnel préÈcis, les acadéÈmies aspirent fonder une sociéÈtéÈ unie, grâ‚ce notamment une conception éÈgalitaire qui permet de souder le groupe. III/ Le rôÙle des acadéÈmies Bien que les déÈpenses des acadéÈmies soient considéÈrables (concours, enseignement, charges de logement . leur budget, lui, est relativement réÈduit. Plus l'acadéÈmie se déÈveloppe et devient importante, plus les besoins s'accroissent. C'est l'appui des protecteurs qui permet l'acadéÈmie de survivre. Les secours officiels sont éÈgalement importants, venant des villes ou des Etats Provinciaux. [...]
[...] Les contemporains perçÁoivent éÈgalement les acadéÈmies comme des espaces sacréÈs; dèËs 1730, on note en effet dans les textes la multiplication de termes sacréÈs pour déÈsigner acadéÈmie et ses membres:" autels", "sanctuaires"," temples"," prêÍtres", "oracles"," gardiens", "culte." . Ces termes expriment tout le respect et l'admiration que ces auteurs portent aux sociéÈtéÈs savantes. Mais ces sociéÈtéÈs subissent éÈgalement bon nombre de critiques qui s'incarnent dans des projets de réÈforme, projets par ailleurs souvent emprunts d'imaginaire utopique; c'est le cas par exemple dans La Nouvelle Atlantide, de Francis Bacon. [...]
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