Les mérites concernant la qualité de la diplomatie française incombent à Richelieu. Les ambassadeurs français n'avaient jamais joui, jusque-là, d'une très grande réputation. La noblesse française dédaignait la fonction, sauf à mener de temps à autre de tapageuses missions extraordinaires. Dans une lettre du 21 novembre 1635 adressée à son frère le Premier ministre, Alphonse analyse lucidement les raisons de l'attitude du Pape : "La maxime de Rome est qu'avec les Français il faut seulement avoir patience, et qu'en six mois de temps on vient à bout de leur constance et de leur opiniâtreté".
Comment renverser le cours des choses ?
[...] Faire ainsi la guerre par procuration a été une des plus grandes habiletés de Richelieu. Le jour est venu, pourtant, où le royaume a dû entrer en lice directement, et opposer ses forces à celles des Impériaux et des Espagnols. Comme l'écrit Richelieu à l'intention de Louis XIII dans son Testament politique : "Si c'est un effet d'une prudence singulière d'avoir occupé dix ans durant toutes les forces des ennemis de votre État par celle de vos alliés, en mettant la main à la bourse et non aux armes, être entré en guerre ouverte, lorsque vos alliés ne pouvaient plus subsister seuls, en est une autre de courage et de sagesse tout ensemble". [...]
[...] La distribution de subsides est l'un d'entre eux. Poursuivant la tradition initiée avec succès par Henri IV, Richelieu s'attache à lier aux intérêts français les princes dont le concours lui est nécessaire. On paie la Hollande, la Suède, Bernard de Saxe-Weimar, et combien d'autres de moindre envergure mais tout aussi utiles. C'est pour ne pas l'avoir compris à temps que Richelieu a laissé perdre les Grisons au début de la guerre avec l'Espagne, malgré tout le talent du duc de Rohan. [...]
[...] Le baron de Feuquières, beau-frère du Père Joseph, connaît admirablement Allemands, Polonais, Suédois et Tchèques, et règne littéralement sur le théâtre de la diplomatie compliquée de l'Allemagne de la Guerre de Trente Ans. Bautru, enfin, est un remarquable praticien et de ses détours, humoriste narquois, il lui arrive de provoquer la colère du premier ministre espagnol Olivares par ses reparties sarcastiques ; il se range parmi les proches du Cardinal. Mais Richelieu excelle plus volontiers dans l'art de la diplomatie parallèle. [...]
[...] Source : "La France de Richelieu", de Michel Carmona (Éditions Fayard ; 1984). [...]
[...] Faut-il s'étonner si l'ambassade d'Alphonse de Richelieu n'aboutit qu'à des résultats incertains ? Déclinant toute responsabilité dans l'affaire de la nullité du mariage de Gaston qu'il déclare impossible à obtenir compte tenu des stipulations impératives du droit canon (l'avenir devait lui donner raison), Alphonse parvient du moins à arracher au Pape l'autorisation pour les cardinaux-soldats Sourdis et La Valette de mener au combat les armées et les flottes du Roi à l'instar du Cardinal-Infant chez les Espagnols. La diplomatie parallèle ne réussit pas toujours, mais, dans l'ensemble, la persévérance et l'astuce du Cardinal viennent à bout de tous les obstacles. [...]
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