Iconoclasme huguenot, reconstruction catholique, Olivier Christin, scolastique protestante, littérature de colportage, Libri Carolini, Jean du Tillet, massacre de Vassy
A partir des années 1530, et pendant près d'un demi-siècle, catholiques et protestants français s'affrontent à propos d'un enjeu en apparence minime : les images saintes. En quelques années, la question de savoir si l'on peut représenter les sujets sacrés, problème théologique complexe mais limité, s'enfle aux dimensions de la guerre civile qui ravage le royaume. Comment une telle mobilisation des théologiens, juristes, artistes mais aussi et surtout des simples fidèles a-t-elle pu être possible ?
O. Christin précise qu'il prendra la démarche iconoclaste au sérieux sans se préoccuper de l'éventuelle valeur esthétique des objets et édifices religieux qui ont été la cible de déprédations au XVIe siècle. Ainsi, se place-t-il dans la lignée de plusieurs auteurs qui ont été conduits à réévaluer les pratiques iconoclastes, dont ils ont mis en lumière les déterminations et les significations politiques (C. Christensen), sociales (M.Warnke) ou économiques (P. Jezler).
[...] Le canon des apparitions bibliques (1560) permet de justifier et donc de maintenir presque toutes les formes de représentation de la divinité. La reconstruction : une épreuve O. Christin s'appuie, du fait de l'importance de leurs archives, sur l'exemple des églises rouennaises qui engagent les premières dépenses dès la reprise de la ville, fin 1562, et les enregistrent dans les comptes de fabriques fermés en avril 1563. Les travaux initiaux parent au plus pressé. Cet empressement à faire disparaître le souvenir des ravages étonne, car il paraît contradictoire avec le souci de stigmatiser les sacrilèges. [...]
[...] Les formes élémentaires de solidarité Au cours des premières apparitions de l'iconoclasme réformé, la violence est un moyen de s'adresser à la fois aux adversaires et aux partisans en ridiculisant les dévotions des uns et stimulant l'ardeur des autres, et témoigne de l'isolement des iconoclastes dans les années 1530-1540. Elle ne remplit pas la fonction de mobilisation qu'elle se propose. Dans les pays allemands, ou en Suisse, l'iconoclasme s'était répandu en une vaste traînée de Wittenberg (1521-1522) à Ulm. Avec des manifestations d'iconoclasme qui s'étendent de 1528 aux guerres de Rohan, la France fait figure d'exception. [...]
[...] D'autres vagues de destructions ont suivi, notamment au cours des années 1567-1569. Ainsi, été 1569, à la tête de l'armée des vicomtes, Montgomery dévaste la Gascogne. Des bandes locales profitent de la confusion, comme celle de Vindrac, un ancien moine, et s'emparent du produit des dîmes et mettent à sac les églises. Peu de régions échappent à ces flambées, leur rythme chronologique ne suit pas la complexe alternance d'édits de pacification et de reprise des hostilités : un iconoclasme chronique plus ou moins virulent sévit jusque dans les années 1580. [...]
[...] Dans cette étape initiale, l'iconoclasme représente une forme spectaculaire et rapide d'appropriation et de réaménagements des lieux de culte. L'évident parallèle avec Jésus chassant les marchands du Temple confère davantage de vertu à cette obligation d'épuration de l'idolâtrie papiste. Puis les protestants portent alentour la bonne nouvelle : l'iconoclasme urbain s'exporte vers les villages avoisinants, au cours d'équipées militaires et religieuses surprenantes. Les nouvelles autorités urbaines témoignent de leur volonté d'imposer la révolution religieuse dans une aire géographique précise. 1561-1562, l'iconoclasme prend la dimension d'une révolution symbolique parce qu'il représente une forme de contrôle de l'espace, mais surtout en raison de son rituel et de sa mise en scène spécifiques. [...]
[...] -Le second regroupait les versets 3 à 6 dans un même commandement, subordonnant du coup cette interdiction à la principale injonction : Tu n'auras pas d'autres dieux devant moi Pour Jacques le Hongre, les hérétiques ne comprennent pas le sens du Décalogue, car ils détachent les versets 4-6 du premier commandement, alors qu'elles sont déclaratives : elles ne sont pas un commandement à part mais une explication du troisième verset. Dieu ne défend pas toutes les images, mais seulement celles qui viendraient obscurcir sa gloire. Tant qu'ils ne font pas des dieux de leurs images, les catholiques ne transgressent donc pas le commandement divin. Les pièges de la vénération En fondant la distinction entre image et idole sur l'opposition entre les intentions qui définissent leur usage, les théologiens catholiques s'obligeaient eux-mêmes à expliciter en détail la nature du culte rendu aux images. [...]
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