Cet ouvrage reprend les actes du colloque international de Rome, tenu du 27 au 29 octobre 2005, en en présentant les différentes communications, réunies là par Philip Benedict, Silvana Seidel Menchi et Alain Tallon. Philip Benedict est professeur ordinaire et directeur depuis 2006 de l'Institut d'histoire de la Réformation à l'Université de Genève, Silvana Seidel Menchi est professeur d'histoire moderne à l'Université de Pise et Alain Tallon est professeur à l'université de Paris IV. Réunissant ainsi des spécialistes des deux côtés des Alpes, ce colloque fut la première rencontre consacrée à l'histoire comparée de la Réforme dans le royaume de France et la péninsule italienne, deux zones traditionnellement retenues comme étant caractérisées par un échec au moins partiel du processus de Réforme.
En passant sur les possibilités méthodologiques induites par une telle rencontre, ainsi que sur les limites et les difficultés qui lui sont intrinsèques (au-delà de la simple barrière des langues, les communications étant soit en français, soit en anglais, soit en italien), nous avons ici sélectionné quelques articles parmi les 32 reproduits pour en tirer des axes de réflexion et des exemples directement liés au thème des affrontements religieux, de leurs formes diverses (l'écrit, l'oral, le symbolique, le physique, etc.). Signalons l'absence de cartes, de chronologies ou de tout autre outil pédagogique dans cet ouvrage (à part quelques planches illustratives sur les images de l'au-delà), ce qui en fait avant tout pour l'étudiant un recueil d'articles récents, précis et originaux sur les thèmes développés et sur les zones étudiées.
[...] Un consensus historiographique veut que le nombre de ces dissidents fût toujours extrêmement bas dans la péninsule. Ainsi dans deux des villes parmi lesquels la Réforme a pourtant rencontré le plus de succès, Lucques et Venise, seuls de la population fut conquise. Pourtant, il convient de relativiser cette considération appuyée sur la seule observation de pratiques religieuses ouvertement déviantes. En Italie la dissidence religieuse fut avant tout urbaine, centrée sur les grands réseaux commerciaux, comme à Crémone, Bergame, Modène, Ferrare, ou encore à Sienne, Lucques et Florence en Toscane. [...]
[...] Il est intéressant de noter que dans plusieurs villes différentes coteries se sont constituées en parallèle, marquant des différences sociales. À Bologne, en 1565-66, un premier groupe hétérodoxe composé d'artisans se forme en même temps qu'un autre composé de nobles et de professions libérales, même si des liens entre ces cénacles sont attestés. Pour ce qui est des femmes, elles y sont représentées par des religieuses et plus fréquemment par des laïques. À Mantoue on connaît une coterie exclusivement féminine, en contact avec d'autres groupes constitués de dames nobles à Padoue et Venise, dans les années 1540-1560. [...]
[...] Session II : les réseaux et leur organisation. Session III : les innovations au sein de l'Église établie et leurs limites. Session IV : élites et Réforme. Session V : la symbolique de la contestation et de la rupture, entre 1500 et 1572. Session VI : l'organisation de la répression de l'hérésie et son efficacité. Session VII : les églises du refuge et les lieux d'exil. Session VIII : une église ? [...]
[...] Arrêté par plusieurs témoins, le jeune homme, Jacques Rondeau, ne peut expliquer son geste, se contentant de répéter qu'il voulait «payer austre» image. Aucun des témoins interrogés lors de l'enquête ne parle d'iconoclasme ou n'accuse Rondeau de luthéranisme, la plupart se contentant de souligner son agitation extrême ; avril 1525, un bourgeois de Braunschweig, Hans Müller, est banni de la ville pour avoir mangé de la viande le vendredi 24 février. Dès 1528 pourtant, Hans Müller semble être de retour en ville et le triomphe des idées réformatrices facilite son ascension politique : il devient membre du Conseil et occupe même la charge de Bürgermeister de 1542 à 1545. [...]
[...] La monarchie, confrontée à la violence symbolique des gestes de rupture, cherchait à encourager les tendances irénistes du protestantisme français. Elle ouvrait par là un espace de négociation juridico-politique, celui de la pacification poursuivie par Michel de l'Hospital et Catherine de Médicis. De manière significative, les termes d'hérésie et d'hérétiques disparaissent d'ailleurs de la législation royale dès 1562. Tout se passe comme si le sort opposé du protestantisme français et du protestantisme italien, dont les destins se croisent au début des années 1550, l'attente de l'avènement du règne de l'Évangile prenant une ampleur subite dans le royaume alors qu'en Italie il paraît de plus en plus clair que l'Antéchrist romain ne sera pas vaincu de si tôt déterminait la légitimité des différentes formes de rupture qui s'offrent aux fidèles. [...]
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