"Le peuple de la forêt, nomadisme ouvrier et identités dans la France du Centre-Ouest aux Temps modernes", est un travail en commun, poursuivi depuis 1994 et qui a été nourri de débats contradictoires et de recherches en archives, et qui fut rédigé en 2003 par deux historiens : Sébastien Jahan (maître de conférences en histoire moderne à l'université de Poitiers, spécialisé dans l'histoire de la parenté et l'étude des phénomènes migratoires) et Emmanuel Dion (qui à travers ses recherches sur les officiers de justice d'Ancien Régime et la notabilité du Premier Empire, étudie les évolutions de la société traditionnelle en Poitou).
Ils se sont donné pour tâche, d'établir l'existence d'un « monde forestier » voir d'une « micro-société forestière », avec un mot qui s'impose après la lecture de l'ouvrage qui est identités, et qui questionne aussi sur les échanges et les relations que cette population a eus dans son propre environnement.
Ils sont partis principalement de registres paroissiaux de plus de 500 communes et de sources notariales, qu'ils ont dépouillées méthodiquement, mais qui ne permettent pas de suivre les hommes toute leur vie, mais de fixer néanmoins des points importants : ils définissent leur ouvrage comme une enquête prosopographique : c'est-à-dire en partant « d'informations sur un individu travaillant et vivant dans un milieu forestier pour reconstituer les étapes de son itinéraire et les mailles de son réseau de relation ».
[...] La grande famille des forêts Comme dans la société d'Ancien Régime traditionnelle, il faut 2 enfants pour un adulte dans les familles forestières. Et suite aussi à une mortalité de femmes assez forte, il est fréquent que les hommes se remarient : ça concerne à peu près les 2/3. Et généralement, ils s'engagent même parfois à reconstituer une famille même s'ils sont très éloignés de leur paroisse d'origine : ainsi, le forestier mobilise des branches de sa famille, mais qui sont des branches lointaines, de ces collègues aussi, jusqu'à les considérer comme de sa famille alors qu'aucun lien ne les unit. [...]
[...] L'extinction du peuple de la forêt s'est faite un peu avant la fermeture des derniers soufflets de la fonte du charbon de bois, autour de 1880. En 1846-1857, les recensements n'identifient plus de charbonniers autour de Verrières. Il y a quelques voituriers qui subsistent. Mais les fendeurs n'existent plus, probablement remplacés par des scieurs de long. Il y a eu 3 à 5 générations de forestiers qui auront passé toutes leurs existences sur les routes et dans les huttes. Conclusion Pendant près d'un siècle, les forestiers étaient attachés au nomadisme. [...]
[...] Des conditions de vie difficiles : vivre et mourir dans la forêt Habitat et dureté du milieu forestier Le peuple de la forêt regroupe donc des individus qui vivent dans les marges du terroir, dans les milieux boisés, qui sont aussi bien leurs lieux de résidence que de travail. Il existait des villages aux abords de la forêt, mais c'était exceptionnel que les ouvriers s'en mêlent. Par ex. : le charbonnier en était dispensé, car il devait impérativement suivre de près l'édification et la cuisson du fourneau. Et les autres c'est plus par commodités. Alors sur les habitats : Les registres n'en parlent pas beaucoup. Ce que les auteurs ont pu découvrir néanmoins c'est la spontanéité de ces constructions. [...]
[...] Il supervise la coupe, assure la police de la forêt, effectue des tournées pour prévenir en cas d'incendies, les vols de bois et les conflits entre populations. Donc cette exploitation massive d'une forêt va de pair avec le fait qu'il y a une forge à proximité. Celle-ci exerce une force d'attraction sur les itinéraires. La forêt alimente la forge, dont le forestier est le premier maillon d'une chaîne de production conduisant à la chaufferie. Cela permet de classer les ouvriers en deux catégories : Les ouvriers de l'intérieur : sont ceux qui s'activent autour du fourneau. [...]
[...] Les auteurs ont constaté qu'il y avait pas beaucoup d'accident de travail : d'après les registres paroissiaux il en a fait très peu mention. Donc, on peut supposer que les accidents ou les interruptions étaient rares. Les ouvriers connaissaient bien leurs métiers. Le mal le plus sournois notamment concerne le charbonnier qui respirait les fumées de la fournaise, ce qui lui éventrait les poumons. La forêt c'est aussi un milieu érosif et violent : il y a des coups de feu qui retentissent. [...]
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