Charles IX, Saint-Empire, biconfessionnalité, relations inter-confessionnelles, paix d'Augsbourg, sécularisation
Ce livre décrit l'échec de la coexistence pacifique entre confessions en France et dans le Saint-Empire dans la seconde moitié du XVIè s. La 1ère partie se penche sur la singularité des paix de religion à la lumière de l'évolution générale des conceptions de la guerre juste et injuste. La 2è s'oriente vers une histoire des pratiques de la paix dans les gouvernements urbains et les communautés villageoises, dans les relations entre confessions, dans les formes concrètes d'accord et de compromis. La 3è aborde la question de l'attitude des Etats centraux dans les paix de religion, dont ils furent à la fois les promoteurs, les bénéficiaires et les fossoyeurs.
De nombreux faits sont rapportés avec quantité de détails mais il est souvent difficile de les résumer pour en tirer des exemples.
[...] Dans les provinces notamment, l'éloignement de la cour et des souverains facilite les menées dilatoires et partisanes de ceux qui trahissent ouvertement les dispositions de l'édit ou qui s'évertuent à les vider de substance. C'est en vue de son application dans les provinces les plus agitées que Charles IX entreprend son vaste tour de France royal. Dans leur combat contre la paix, les controversistes développent une théorie et une pratique originales et efficaces de la paix. La loi permet de fonder en droit ses revendications, d'aller en justice avec de sérieuses chances de l'emporter, d'en appeler à l'arbitrage du monarque. [...]
[...] La paix et l'ordre public justifient ainsi le statu quo entre adversaires. Les paix de religion présentent des similitudes. Elles prennent acte du partage confessionnel, qu'elles ne prétendent pas abolir sur le champ mais neutraliser par le retour de la paix, l'échange de garanties réciproques entre confessions au sujet de la sécurité des personnes et des biens et de l'intégrité du culte, la sanction sévère des contrevenants. Bien que l'équilibre des différents éléments change en fonction des contextes locaux, on retrouve les mêmes composantes : le caractère laïcisé de ces accords qui ne touchent pas à l'organisation interne des Eglises ni aux problèmes de dogme ; leur dimension contractuelle qui les fait reposer sur la réciprocité des engagements ; l'intervention du pouvoir central pour donner force de loi aux dispositions adoptées et veiller à leur application stricte. [...]
[...] Certains auteurs remarquent que les guerres de religion ont pour résultat paradoxal de faire reculer la religion. C'est le cas de l'évêque de Valence qui prononce en 1563 une harangue dans l'intention de consolider la toute récente pacification d'Amboise. -Le préambule de l'édit d'Amboise constate l'urgente nécessité de la paix puisque tout le mal et inconvénient qui soit de cette guerre tourne à la diminution et dommage de notre Royaume -Une étude du vocabulaire des 16 principaux textes législatifs organisant la coexistence confessionnelle dans le royaume entre 1536 et 1567 fait ressortir avec netteté l'ordre des priorité de la politique royale : les termes de conscience tolérer/tolérance liberté reviennent avec une fréquence très inférieure à celle que l'on observe pour les expressions qui renvoient aux problèmes de la collectivité, comme si la paix devait davantage reposer sur un ordre politique et juridique collectif et sur des dispositifs institutionnels concrets que sur un principe abstrait de liberté religieuse concédée aux individus. [...]
[...] C'est un des lieux communs de la pensée politique du XVIè des miroirs du prince et des arts de gouverner que de faire de la préservation de la paix la fin véritable du pouvoir politique et le fondement de sa légitimité. Le roi et ses conseillers sont contraints de combattre sur deux fronts opposés. D'un côté ils doivent répondre aux désillusions et aux revendications qui nourrissent les aspirations constitutionnalistes et qui menacent de déboucher sur l'affirmation du droit, voire du devoir, de résistance. [...]
[...] Cette autonomisation de la raison politique bénéficie à l'Etat central et à ses agents, comme aux Etats territoriaux, mais aussi plus largement aux détenteurs de compétences juridiques, y compris au niveau local. Les conflits théoriques sur l'Etat, la religion et la religion de l'Etat dans l'Europe des guerres confessionnelles ne sont pas par conséquent de purs débats d'idées. Ils renvoient à des pratiques, à des enjeux et à des groupes politiques concrets. Post-Scriptum : L'Edit de Nantes et la paix de Westphalie. Ils constituent l'aboutissement des paix de religion du XVIè s. De tolérance complète, de liberté de culte générale, d'acceptation de toutes les dissidences, il n'est pas question. [...]
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