Le livre que nous allons étudier s'intitule Gens de lettres Gens du livre et a été écrit par Robert Darnton, professeur à l'université de Princeton. Darnton s'intéresse à l'histoire de la culture et est reconnu comme un expert en ce qui concerne la France du dix-huitième siècle. La traduction en français est publiée par les éditions Odile Jacob en mars 1992.
Ce livre, comme son titre l´indique, s´intéresse à deux groupes d´acteurs qui ont marqué l´histoire du XVIIIe siècle en France; les gens de lettres et les gens du livre. "Gens de lettres" veut dire, ici, tous ceux qui produisent, consomment, diffusent, travaillent et vivent de la littérature. Ces gens sont les écrivains, les libraires, les lecteurs, les philosophes, mais également les censeurs, la police, les gens d´affaires qui spéculent avec les livres. On pourrait oser affirmer que les gens de lettres, au sens où l´entend Darnton, s´intéressent au livre en tant que porteur d´idées. Cette définition prend tout son sens si on ajoute à l´équation les "gens du livre". Les "gens du livre" sont tous ceux qui s´intéressent au livre en tant que marchandise ou en tant que source de profit. Dans cette catégorie on rangera les éditeurs, imprimeurs, libraires, transporteurs, contrebandiers ("assureurs"), bref tous ces gens qui se trouvent, dans la chaîne du livre, entre l´auteur et le lecteur.
[...] Cela nous aide à saisir les différences qui existent entre les éditeurs du XVIIIème siècle et ceux d´aujourd´hui; ils pensaient avant tout en termes de papier car celui-ci était cher, ils étaient incapables de fournir un chiffre précis pour le nombre de livres qu´ils comptaient mettre sur le marché parce qu´ils ignoraient la quantité de gaspillage qui interviendrait pendant l´impression, etc. Ce livre est un tableau très précis de la France littéraire sous l´Ancien Régime. Il dépeint d´une manière très claire les différents agents de la "République des lettres". [...]
[...] Il y a une foule d´auteurs que les gens connaissaient bien à l´époque et qui ne sont pas parvenus jusqu´à nous et vice-versa. Comprendre cela peut éviter des interprétations incorrectes. Le deuxième chapitre "Une carrière littéraire exemplaire" retrace l´histoire de l´abbé André Morellet et son ascension sociale. On comprend ainsi la place que tenaient les salons littéraires à l´époque mais aussi le système de classes sociales et la mobilité sociale sous l´Ancien Régime. L´idée que "les écrivains ne doivent pas espérer vivre du marché littéraire" (p.60) était, par exemple, une notion fondamentale de la République des lettres sous l´Ancien Régime. [...]
[...] On comprend mieux l´esprit de l´époque et on conçoit l´importance de ces "gens de lettres" et "gens du livre" dans la diffusion des idées de ce siècle. Il est important dans la mesure où il met en lumière la façon de travailler des différents acteurs du livre de l´époque et nous aide à comprendre ses motivations, ses attentes, ses espoirs. Il propose également des axes à suivre pour ceux qui s´intéressent à l´histoire du livre. En outre sa rigueur vise à nous faire comprendre que la chaîne du livre est un circuit complexe où chaque maillon a son importance. [...]
[...] La première partie du livre s´intéresse, donc, aux "gens de lettres" tandis que la seconde étudie les "gens du livre". Il faut remarquer, cependant, que cette division n´est pas draconienne. La complexité du circuit du livre et les nécessaires relations qui se créent entre tous les acteurs de la chaîne interdisent une division stricte. Ainsi on parlera de la façon de faire commerce des éditeurs afin de bien comprendre la situation et les raisons d´agir des "pauvres diables" ou encore on évoquera le climat intellectuel qui règne afin de mieux pénétrer les arcanes de la production éditoriale, etc. [...]
[...] "Littérature et révolution", cinquième chapitre, commence par faire l´état des lieux de la République des Lettres en utilisant surtout un guide officieux d´écrivains et des oeuvres, La France littéraire. Il essaie de montrer l´importance des écrivains dans la France prérévolutionnaire. . )La Révolution française est aussi une révolution littéraire( . ) elle tend à détruire tout un mode de vie et à en créer un nouveau" (p.130). Donner sens à ce nouveau mode de vie est la tâche qui revient aux écrivains. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture