Membre de l'Académie Britannique et professeur émérite de l'Université d'Oxford, R. J. W. Evans est un historien anglais de renommée dont le champ d'étude privilégie l'Europe moderne centrale et de l'est. Son œuvre s'attache plus particulièrement à l'histoire de la monarchie Habsbourg de 1526 à 1918 à travers un ouvrage fondamental: The making of the Habsbourg Monarchie, 1550-1700. An interpretation (Oxford, 1991).
Dans ce recueil d'articles dirigé par H. Scott et traitant des voies réformatrices qui ont soutenu le développement de l'absolutisme éclairé en Europe centrale au dix-huitième siècle, Evans focalise son étude sur la Monarchie des Habsbourg. Plus précisément, il se penche sur l'élan réformateur moderne lancé par Marie-Thérèse durant son règne (1740-1780) et sa portée autant que son efficacité sur le pays hongrois. L'enjeu de cet article, pour Evans, est de corriger une tradition historiographique qui tend à minimiser les effets des mesures réformatrices des Habsbourg sur le royaume de Hongrie. Cette propension à considérer la Hongrie comme un royaume de la Monarchie hermétique au réformisme éclairé dérive de la permanence, en Hongrie, durant la période, de la société féodale et des privilèges de l'aristocratie locale. Or, le propos d'Evans consiste ici à se demander si la Hongrie, et spécialement sa noblesse, ont réellement pu se maintenir à l'écart de l'élan réformateur autrichien.
[...] Cependant, ces bons gestionnaires sont en majorité issus des grandes familles aristocratiques hongroises et sont de grands propriétaires terriens. Leur accession au pouvoir est d'abord due au respect de la constitution hongroise. Dès lors, ces nobles éclairés vont constituer à la fois des promoteurs de la réforme et des ennemis de Marie-Thérèse dans une dynamique de compétition avec le pouvoir viennois. Le premier conflit entre Vienne et l'aristocratie hongroise est déclenché en 1767 avec une des plus importantes réformes décidées par Marie-Thérèse portant sur la réglementation paysanne : l'Urbarium. [...]
[...] Ainsi, l'auteur distingue alors 3 piliers fondamentaux des réformes lancées par l'Impératrice dans les années 1740. D'abord, la volonté d'une réorientation de l'oligarchie aristocratique et provinciale vers un service d'Etat centralisé répondant à des normes bureaucratiques. Puis, un glissement progressif des préceptes catholiques traditionnels vers un patriotisme et une identité nationale basés sur l'idée du bien commun général. Enfin, la transformation des entités militaires des Pays en une armée nationale de défense jouant un rôle unificateur. Ces 3 piliers constituent la structure choisie par Evans dans son article pour étudier la réception et l'application des thèses réformistes portées par Marie-Thérèse et ses commissaires en Hongrie. [...]
[...] Le troisième pilier du réformisme de Marie-Thérèse réside dans la constitution d'une force armée cohérente dirigée par l'Etat et incluant la Hongrie. Les combats de la guerre de succession avaient, par ailleurs, initié la coopération entre les hussards hongrois et les troupes autrichiennes. Le cadre et la discipline militaires furent par la suite un bon moyen d'inculquer au Hongrois la loyauté à l'Autriche. Pour autant, le sentiment hongrois persistait dans l ‘armée avec la constitution d'un corps d'élite réservé aux nobles hongrois en 1760. [...]
[...] Néanmoins, elle reste persuadée que son autorité découle du droit divin et l'intolérance catholique vis à vis des autres religions ne tarît pas au dix-huitième siècle. Mais progressivement l'Etat va de plus en plus contrôler les revenus de l'Eglise, restreindre les libertés des monastères et réduire les pouvoirs du Pape. En Hongrie, la politique de Marie-Thérèse passe par une remise en cause du statut apostolique du roi hongrois qui crée une véritable fureur de la part des nobles du Pays. De la même manière que l'Urbarium, l'absolutisme éclairé de Vienne se heurte une fois de plus aux habitudes culturelles hongroises. [...]
[...] Robert John Weston Evans: “Maria Theresa and Hungary” Dans : Reform and Reformers in later eighteenth-century Europe, -H.M. SCOTT dir., Enlightened Absolutism : Basingstoke Membre de l'Académie Britannique et professeur émérite de l'Université d'Oxford, R . J.W. Evans est un historien anglais de renommée dont le champ d'étude privilégie l'Europe moderne centrale et de l'est. Son œuvre s'attache plus particulièrement à l'histoire de la monarchie Habsbourg de 1526 à 1918 à travers un ouvrage fondamental : The making of the Habsbourg Monarchie, 1550-1700. [...]
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