Lothar Gall, Bismarck, Allemagne, nationalisme, Reich, realpolitik, 1870
A partir de 1870, la vie politique européenne se cristallise autour de la personne de Bismarck, effaçant progressivement le souvenir de Napoléon. Reconnu comme l'unificateur de l'Allemagne, Bismarck inscrit son action dans la continuité du mouvement des nationalités qui agita le continent en 1848 et qui donna naissance à l'idée du patriotisme allemand. La défaite allemande de 1918 marque le renouveau de l'intérêt porté au « Chancelier de fer ». On regrette en lui le « guide de la nation » qui avait su donner au Reich une position hégémonique en Europe. Les vingt-sept années de règne du Chancelier donneront naissance à une multitude de biographies, dont celle de Lothar Gall, spécialiste de l'histoire sociale allemande, parue en 1984 « Bismarck, le révolutionnaire blanc ». Le titre de l'ouvrage illustre parfaitement le caractère contradictoire du personnage, à la fois conservateur et révolutionnaire tant dans sa manière de gouverner que dans les réformes qu'il entreprendra.
[...] Les Etats du Sud tiennent à leur autonomie : afin d'unifier l'Allemagne, Bismarck veut engager un conflit avec la France. L'occasion lui en est donnée par la succession au trône d'Espagne, à laquelle un membre de la famille Hohenzollern se porte candidat. Napoléon III, contesté en France, veut redorer son blason par une victoire militaire : la situation s'envenime, l'Empire déclare la guerre et est défait à Sedan. Le 18 janvier 1871, Guillaume Ier est proclamé Empereur du Deutsches Reich dans la Galerie des Glaces à Versailles. [...]
[...] Bismarck va se distinguer notamment par des réformes modernes et révolutionnaires en apparente opposition avec son apparentement conservateur. Il va se doter de moyens de propagande modernes avec des associations telles que l' Association pour la préservation des intérêts des propriétaires terriens et surtout un journal : le Kreuzzeitung. L'utilisation de la presse est fondamentale chez Bismarck puisqu'elle va lui permettre de développer des attaques directes contre ses ennemis politiques. La mise en place du Reich allemand fondé en 1871 est accompagnée d'une administration forte et homogène, symbole d'une modernité révolutionnaire à l'époque. [...]
[...] En effet, le blanc du conservatisme ne semble a priori pas s'associer avec des penchants révolutionnaires. Pourtant, cette expression correspond parfaitement au personnage qui nous intéresse. Bismarck est en effet un conservateur revendiqué, attaché à la monarchie : selon lui, c'est Dieu qui fonde l'ordre politique, il rejette l'idée d'une possible construction rationnelle de l'organisation politique et souhaite un Etat patrimonial avec une association de la couronne, des Etats et de l'Eglise. Mais il souhaite élargir cette association à la bourgeoisie industrielle, ce qui le distingue des autres Conservateurs, qui y voient des individus mus par l'argent : ce n'est pas au nom de valeurs que Bismarck souhaite ce rapprochement mais par intérêt. [...]
[...] Aujourd'hui enfin, Bismarck est entré dans l'histoire et n'est plus un argument politique : le bicentenaire de sa naissance, en 2015, sera sans doute l'occasion de marquer une mémoire apaisée. Références bibliographiques : Lothar Gall, Bismarck : le révolutionnaire blanc, Paris, Fayard Jacques Bainville, L'Allemagne romantique et réaliste, Paris, A. Fayard et Cie Otto von Bismarck, Pensées et souvenirs, Paris, Calmann-Lévy Moritz Busch, Les mémoires de Bismarck, Paris, E. Fasquelle, 1898-1899. Sandrine Kott, Bismarck, Paris, Presses de Sciences Po Henri Vallotton, Bismarck et Hitler, Paris, la Table ronde, 1954. [...]
[...] Lothar Gall Bismarck, Le révolutionnaire blanc A partir de 1870, la vie politique européenne se cristallise autour de la personne de Bismarck, effaçant progressivement le souvenir de Napoléon. Reconnu comme l'unificateur de l'Allemagne, Bismarck inscrit son action dans la continuité du mouvement des nationalités qui agita le continent en 1848 et qui donna naissance à l'idée du patriotisme allemand. La défaite allemande de 1918 marque le renouveau de l'intérêt porté au Chancelier de fer On regrette en lui le guide de la nation qui avait su donner au Reich une position hégémonique en Europe. [...]
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