La loi salique, extrait de Grégoire de Tour, Dix livres d’histoire, B. Krusch, Hanovre, 1937, trad. R. Latouche

Résumé du document

Dans l'Empire romain tous les citoyens étaient soumis au même droit, que les gouvernants interprétaient sous forme de jurisprudence dans le cadre des provinces. Les Barbares relevaient en revanche de leurs propres coutumes qui furent longtemps orales et qui exprimaient une identité ethnique. Au VIème siècle, les élites romaines avaient réussi à imposer l'idée que la fonction royale était de légiférer pour maintenir l'ordre et la justicia, et les aristocrates barbares avaient accepté cette conception romaine. La loi salique est donc le résultat d'une intégration des Francs dans la sphère culturelle romanisée. Cependant il est nécessaire d'insister sur le fait, que la loi salique s'inspira peu du droit romain, mais sa mise par écrit résulte de l'intégration des peuples dans l'air culturelle romano-chrétienne.

Extraits

[...] Les revers de la loi salique Discrimination ethnique et promotion par le service La qualité de la victime apparaît clairement comme un facteur de discrimination. L'article 9 du titre 41 suggère une différence de wergeld fondée sur l'appartenance ethnique. Alors que l'amende pour le meurtre d'un franc libre ou d'un barbare soumis à la loi salique est de 200 sous soit 8000 deniers, elle n'est que de 100 sous soit 4000 deniers pour un Romain propriétaire Une telle variation contredit sans aucun doute l'égalité juridique entre Romains et Francs. [...]

[...] b)La transmission familiale du délit Tout le titre 58 nous dresse un tableau de ce que l'on pourrait appeler la transmission familiale du délit. Nous avons eu l'occasion précédemment d'en dire quelques mots, mais il s'agit ici plus précisément de la nature ritualisée du phénomène. En effet des lignes 53 à 64 nous est exposé le rituel de la transmission de la dette qu'il paraît opportun d'analyser. Comme on l'a vu, l'homme qui n'a pas de fortune doit demander à sa famille de l'aide et il y a bien évidemment une logique à tous les gestes énumérés par la suite. [...]

[...] En définitif la loi salique est ce qu'on pourrait considérer comme le symbole de la rencontre de la fusion entre Romains et Barbares, même si nous le répétons elle ne fut que très peu inspirée par les conceptions romaines, et marque l'évolution du pouvoir royal au lendemain de la conquête franque. Bibliographie Ouvrages généraux EDWARD, James, Les origines de la France. De Clovis à Hugues Capet (486 à l'an mil), Paris, ed. Errance M. KAPLAN, Le Moyen Age du IVème au Xème siècle, Paris, Bréal M. ZINK, A. DE LIBERA, C. GAUVARD, B. [...]

[...] Le premier coûte 8000 deniers, le second 24000. Car en effet dissimuler un corps c'est la privation d'un enterrement digne barbare. La privation de sépulture était un préjudice très grave, elle tend au VIe siècle à devenir un châtiment imposé à certaines catégories de défunts comme par exemple les suicidés. C'est la raison pour laquelle la violation de sépulture est si durement punie, la loi salique dit que le coupable sera retranché de la société D'autre part, en cachant la corps on cherche à dissimuler sa faute d'où le triplement du wergeld. [...]

[...] Ainsi le premier objectif de la loi salique fût non de rompre avec cette tradition de violence et de brutalité mais comme on l'a vu de la réglementer. Et c'est en tout état de cause que cette réglementation eût un prix. Le prix du sang et la hiérarchie des peines La loi salique met parfaitement en évidence l'idée que désormais le sens de la vie a un prix. Et ce prix est ce que l'on appelle le wergeld. Il s'agissait du nom donné à l'amende que devait verser le coupable du délit. [...]